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Société : Mois de Ramadan, mois des affaires

Publié le vendredi 14 septembre 2007 à 07h49min

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Le jeûne, pendant le mois du Ramadan, pour les fidèles musulmans, constitue un des cinq piliers de l’islam. La population du Burkina Faso comporte une importante proportion de musulmans.

Ici, le premier jour du jeûne du Ramadan pour l’année 2007 a débuté le 13 septembre. Ce que les populations ont vu de par le passé, les incline à croire que le mois de Ramadan est un mois de piété pour les uns ou un mois d’affaires pour les autres. Confrontées à la vie chère, elles risquent d’assister impuissantes à des pénuries organisées suivies de la hausse des prix des denrées de consommation courante comme le sucre dont la demande va considérablement grimper au cours de cette période.

L’huile et la farine de froment n’y échappent pas. On craint même que les hydrocarbures ne suivent le même ascenseur. Par expérience, le gouvernement est resté chaque fois indifférent et les populations ont vécu ces hausses du mois du Ramadan comme une fatalité. Chez de nombreuses personnes, Ramadan rime avec période bénite pour faire de juteuses affaires. Il faut en profiter au maximum.

A chacun son mois de ramadan. Si les hausses sont décriées par la majorité de la population parce que son pouvoir d’achat déjà squelettique va l’être davantage au cours de ce mois, les hausses sont sans incidence pour les nantis qui, tout au long de ce mois, ne se demanderont pas quoi manger à l’heure de rompre le jeûne. Les tables sont chargées de victuailles de toutes sortes, les terrasses sont encombrées de plats variés et divers. Même les mets que des familles n’avaient pas l’habitude d’avoir couramment sont cuisinés chaque soir en cette circonstance. Comme Dieu lui-même a fait les hommes inégaux, on ne peut donc s’en plaindre.

A chacun donc son mois de Ramadan. Dans les campagnes, durement éprouvées par les inondations, ce mois de Ramadan signifie tout d’abord lutter pour survivre jusqu’aux prochaines récoltes. Septembre est la période de soudure pour le monde rural. Beaucoup d’entre eux sont venus en ville, chez des parents pour qu’ils les aident à passer cette mauvaise période de l’année. C’est dans cette réalité que certains musulmans vont entrer dans le carême. Certes, la clémence des températures en cette période hivernale est le seul avantage dont ils vont profiter. Pour tout le reste : "vîîm a ya kanga." Pour rompre le jeûne, pour ceux qui vont l’observer malgré leur état de sinistrés, l’essentiel du plat le soir venu sera constitué de quelques céréales jetées dans une sauce de feuilles bouillies.

A chacun son mois de Ramadan. Mais pour l’ensemble des musulmans du monde et même pour les non-musulmans, le mois de ramadan est une période de grande spiritualité par excellence ; donc un temps de pardon. L’observation du jeûne a pour but de demander au Créateur la rémission des fautes. Le Ramadan est un temps de pardon. Ce devrait être un temps de paix. Malheureusement, cela n’a pas été toujours le cas dans des pays comme l’Algérie où les mois de Ramadan ont été par le passé ensanglantés par des attentats. A l’heure actuelle, ce pays fait face à une recrudescence des attentats terroristes. Peut-on espérer voir une accalmie au cours de ce mois ? Il en est de même pour l’Irak où la résistance chiite ou sunnite fait quotidiennement face à l’occupant américain. En Palestine, en plus des braconnages quotidiens de l’armée israélienne parmi les populations civiles, les affrontements fratricides entre le Hamas et le Fatha se soldent par des dizaines de morts. Les uns et les autres pourront-ils observer une trêve pendant ce mois de Ramadan ?

Au Burkina Faso de manière particulière et généralement en Afrique, les populations sont quotidiennement assaillies par les problèmes que pose la vie chère avec l’augmentation des prix des produits de première nécessité dont celui des hydrocarbures. Les trombes d’eau qui sont tombées sur plusieurs pays du Sahel font redouter les famines. Ici au Burkina, les inondations ont fait des milliers de sinistrés. Ce mois de Ramadan doit être saisi par les uns et les autres pour partager. Le mois de Ramadan ne doit pas constituer une période pour faire de super profits en orchestrant des pénuries artificielles des produits comme le sucre dans le but d’en augmenter les prix. Ce ne serait pas catholique, que disons-nous, musulman !

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