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Hivernage : La pluie a mouillé la terre, les hommes et le politique

Publié le vendredi 14 septembre 2007 à 08h01min

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Au pays des Hommes intègres, on a souvent demandé la pluie. On a toujours chanté pour qu’il pleuve. On a toujours prié pour que la pluie vienne. On a même fini par inventer une opération « saaga » pour faire tomber la pluie. Cette année, ils sont servis. Beaucoup trop servis, si l’on s’en tient à la quantité d’eau tombée dans certaines contrées et qui ont occasionné çà et là des inondations, fait tomber des habitations et causer des pertes en vies humaines.

En Europe, ce sont les gymnases qui sont pris d’assaut par les sinistrés ; ici au Faso, les sans-abri courent vers les écoles. Même les Ouagalais qui se plaignaient d’être souvent abandonnés par les dieux de la pluie ont été servis au point que l’on surprenne dans certaines bouches des expressions du genre : « La pluie se prépare encore ! » Eux qui ne veulent de la pluie que pour se protéger de la canicule vont bientôt grelotter. Y a qu’à voir comment ceux que les averses surprennent sur leurs deux-roues s’agglutinent dans les abribus de la SOTRACO ou devant les stations d’essence. Heureusement que pour l’instant les bâtisses en banco crépies au ciment du centre-ville résistent encore !

La terre est donc trempée, mais les hommes aussi. Contrairement aux gens de la côte de l’océan Atlantique pour qui la pluie n’est plus un événement au point de faire leur marché sous les ondées, les Hommes intègres, que même la menace de la pluie fait fuir vers leurs abris, n’arrivent pas à trouver leurs marques dans le public comme dans le privé. C’est simple : quand il pleut, ce n’est pas la peine d’aller au travail ; et sur le plan social, toutes les cérémonies sont organisées avec deux scénarios : s’il pleut le matin, ce sera le soir, et si c’est le soir, c’est remis au lendemain. La scène politique elle-même est bien trempée en cette période où l’explosion du pétard de la rentrée gouvernementale ne se fait pas encore entendre comme s’il était mouillé.

Et de fait, on ne pourrait l’entendre que si le premier des ministres exposait la politique générale de son équipe. Ce qui n’est pas encore fait. En effectuant une sortie médiatique, s’il n’a pas décidé de faire comme Sarko, qui n’entend pas rester dans l’ombre au point de faire ombrage à Fillon, Blaise en tout cas a fait une apparition dont les contours de l’opportunité restent flous pour répondre à des questions dont certaines auraient mérité d’être posées plutôt à l’exécutif. Il aurait sans doute été plus loquace pour faire le bilan de ses engagements électoraux, mais ce n’est pas lui qui posait les questions.

De toute façon, on peut se demander si les 90% de Burkinabè qui sont aux champs ou qui ont le pied dans l’eau ne regardaient pas plus le ciel qu’un petit écran. Bref, au Faso, l’hivernage n’est paradoxalement pas une bonne période ni pour des activités lucratives, ni pour des discours politiques, ni pour des campagnes électorales, ni pour des funérailles, ni pour des célébrations, ni même pour des voyages... parce que c’est l’hivernage. Tout simplement, comme on le dit au village.

Journal du jeudi

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