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Lutte contre la pauvreté : L’éducation a du chemin à faire

Publié le mardi 4 septembre 2007 à 07h13min

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Pendant le lancement officiel de la distribution gratuite des manuels scolaires à Fada N’Gourma le 27 août dernier, le Premier ministre, Tertius Zongo a tenu ces propos : « Nous savons que l’éducation est le facteur le plus important pour sortir les gens de la pauvreté.

Si vous avez été cultivateur, c’est-à-dire, vous n’êtes pas aller à l’école, les enquêtes qui ont été faites au Burkina Faso montrent que vous avez 90% de chance de reproduire votre enfant comme vous-même. De ce fait, lorsqu’on réfléchit en réalité, le vrai instrument pour sortir de la pauvreté, c’est d’abord l’éducation ». Dans la situation actuelle du pays, il y a beaucoup à faire pour que l’éducation puisse être une arme contre la pauvreté.

Par éducation, il faut entendre selon la nouvelle loi d’orientation de l’éducation : « l’ensemble des activités visant à développer chez l’être humain l’ensemble de ses potentialités physiques, intellectuelles, morales, spirituelles, psychologiques et sociales, en vue d’assurer sa socialisation, son autonomie, son épanouissement et sa participation au développement économique, social et culturel ». De ce fait, en instruisant les Burkinabé, on leur permet d’accéder au marché de l’emploi et de contribuer au développement du pays. Car, l’enseignement supérieur, le point culminant de l’instruction : « fournit non seulement les compétences de haut niveau indispensable à tout marché de l’emploi, mais aussi dispense la formation nécessaire aux enseignants, aux médecins, au personnel soignant, aux fonctionnaires, aux ingénieurs, aux humanistes, aux entrepreneurs, aux scientifiques, aux spécialistes des sciences sociales et à beaucoup d’autres spécialistes.

Ce sont ces personnes formées qui développent les capacités et les compétences analytiques, qui gèrent les économies locales, appuient la société civile, enseignent les enfants, dirigent les gouvernements et prennent les décisions importantes qui touchent la société dans son ensemble ». (Rapport 2003 de la Banque mondial intitulé « Construire les sociétés du savoir : nouveau défis pour l’enseignement supérieur »).
Mais en Afrique et particulièrement au Burkina Faso l’éducation est confrontée à des problèmes. Si avec la gratuité progressive de l’école burkinabé beaucoup auront la chance d’aller à l’école, arriver au point où les éduqués sont utiles à leur pays est un autre combat. Il y a aussi la qualité de la formation.

A ce propos, le même rapport de la Banque mondiale constate : « La qualité et la pertinence de la recherche, de l’enseignement et de l’acquisition des connaissances ont tendance à décliner dans les établissements d’enseignement supérieur publics des pays en développement, à part quelques exceptions. Plusieurs universités fonctionnent avec des installations physiques bondées d’étudiants et en état de délabrement ; des ressources de bibliothèques limitées et obsolètes ; des équipements et matériels didactiques insuffisants ; des programmes désuets ; un personnel enseignant non qualifié ; des étudiants issus du secondaire mal préparés et un manque de rigueur académique et d’évaluation systématique des résultats ».

On aurait dit que la Banque mondiale a fait son étude au Burkina tant elle reflète la réalité. Dans ces conditions, l’éducation ne peut atteindre son but qui est de lutter contre la pauvreté.
Pire, ceux qui sont passés par cette éducation ne sont pas tous à envier. Des jeunes diplômés n’ont pas de postes pour exercer leur compétence. Les concours directs de la fonction publique deviennent leur salut. Quand ceux-ci sont lancés, il faut veiller pour déposer ses dossiers. Si cette étape est franchie, il faut arriver à être admis et là le combat est rude. Pour la session 2007 des concours directs, le ratio était de 40 candidats pour un poste.

La pauvreté peut être combattu sur un autre terrain

En attendant d’apporter une éducation productrice d’hommes de demain, le gouvernement pourrait faire en sorte que les cultivateurs aient la possibilité d’écouler leurs produits sur l’étendu du territoire national. Ils pourront ainsi améliorer leur condition de vie. Pendant que des Burkinabé cultivent le riz, le riz thaïlandais inonde les marchés nationaux à des bas prix. La tomate qui portait de l’espoir est en train de devenir un cauchemar pour les producteurs. Ceux-ci faute de débouchés voient leurs produits pourrir.

Et c’est devant cette situation que Daouda Kaboré, un producteur de tomate lâche amèrement : « Je suis convaincu d’une chose : personne n’osera l’année prochaine, produire de la tomate si le problème d’écoulement ne trouve pas une solution ».
Quand des sociétés d’Etat sont privatisées et qu’il n’y a pas de plan de réinsertion des licenciés, ce sont des familles qui se retrouvent dans la pauvreté. Quand des opérateurs économiques se donnent le droit de renvoyer leurs employés sans être inquiétés par la justice, ce sont des pauvres qu’on fabrique.

Quand un ministre organise des concerts à coup de millions, voire milliard pour la jeunesse au lieu de créer des emplois, c’est tout dire de l’avenir qu’on compte réserver aux populations.

J. P Bamogo

Bendré

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