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Déguerpissement à Nongr-Massom : "Monsieur le maire, essuyez nos larmes"

Publié le mercredi 18 juillet 2007 à 06h26min

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A la suite de la déclaration du maire de Nongr-masson, Zakaria Sawadogo, sur le déguerpissement de Tudb-Wéogo, parue dans notre édition n°3909 du mercredi 11 juillet dernier, des habitants se prononcent dans l’écrit ci-dessous.

"Après la destruction des maisons dans la zone non lotie à Tudb-Wéogo, les victimes ont rencontré les responsables terriens pour plus d’éclaircissement sur le bien-fondé de leurs investissements sur les lieux, et, ensuite, se sont prononcées sur la réaction du maire dans le journal quotidien "Le Pays" n°3909 du mercredi 11 juillet 2007.

D’abord, pour plus de compréhension du sort qui s’est abattu sur eux, les sans-abris se sont retrouvés le jeudi 12 juillet 2007 aux environs de 7h00 en présence des responsables terriens, en l’occurrence M. Benoît et le vieux Arouna, tous résidents au secteur 25 à Somgandé.

Pour le vieux Arouna, il n’y avait pas d’empêchement pour la vente dudit terrain, selon eux.

Allant dans le sens toujours des éclaircissements, une série de questions a été posée à M. Benoît :

- les victimes : "Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous livrer à la vente d’une terre qui, apparemment, n’était pas de votre propriété ?"

- M. Benoît : "La terre appartient à mes grands-pères, et tout comme les autres qui ont vendu les leurs, moi aussi, j’en ai fait autant."

- Les victimes : "D’après que vous avez eu une correspondance de la mairie vous interdisant la vente dudit terrain ?"

- Benoît : "Cela n’est pas juste dans la mesure où je n’ai reçu ni une convocation, ni une interdiction, ni même une plainte de la part de la mairie m’interdisant de vendre le terrain. Aussi, j’ai vendu une portion de terre bornée à un Américain, sans aucune réaction d’opposition de la mairie. C’est pourquoi j’ai poursuivi la vente."

"Sucés et oubliés"

Ensuite, le maire soutient que les gens veulent des parcelles et non des maisons à usage d’habitation. Nous précisons à ce titre que le maire reste peu convaincant dans la mesure où l’affirmation semble n’avoir ni queue ni tête, et nous laisse présager que le maire ignore les préoccupations réelles de ses concitoyens. On peut ajouter que la manière utilisée par le maire était plus que ce qu’on pouvait imaginer de sa part. On pourrait se demander si c’était la bonne manière parmi tant d’autres plus souples. Ce qui nous paraît paradoxal, c’est que nous sommes sûrs et certains que si nous étions victimes de phénomènes naturels (inondation et autres...) M. le maire, en tant première autorité de l’arrondissement, allait se préoccuper de ces milliers de personnes devenues des cas sociaux, des laissés-pour compte, des sans-abris, en un mot, des citoyens déçus et sans espoir qui, auparavant, étaient poursuivis pour un scrutin éclatant, et qui se trouvent à cet instant sucés et oubliés purement et simplement. De ce fait, on se demande sur qui compter. On peut rappeler, sans être des spécialistes dans le domaine, que les personnes qui possèdent où se loger sont moins nombreuses que celles qui y postulent.

Dans le même écrit, le maire soutient que pour désengorger la zone non lotie de Somgandé, cette zone était destinée à être une trame d’accueil pour les habitants qui y résident. Nous serons fiers de savoir où se trouve notre trame d’accueil. Autrement dit, où le maire nous réserve-t-il, du moment où nos maisons ont été démolies sans une mesure conséquente et convaincante. Ne sommes-nous pas aussi des citoyens à part entière qui ont participé aux activités politiques, notamment des braves électeurs des temps modernes ?

Pour finir, le maire a évoqué la question de la ceinture verte, une mesure prise depuis 1983 pour permettre l’aération de la ville, soutenue par le ministère de l’Environnement. Précisons que dans la même zone dite ceinture verte, une portion de terre bornée appartient à un Américain. Ainsi, une partie de la zone dite ceinture verte a été parcellée et habitée actuellement. Comment justifiez-vous cela ?

Monsieur le maire, les victimes sollicitent, au nom du fait que vous êtes autorité, garant de la sécurité du peuple, que vous jetiez un regard fraternel, de responsable sur ces milliers de personnes qui, par le biais de la destruction de leur investissement, malgré la pauvreté croissante, ont vu leurs réalisations s’envoler sans un seul espoir de récupération. Essuyez nos larmes, monsieur le maire. Nous ne sommes pas des spécialistes de la langue française. Nous vous demandons de bien vouloir nous excuser si nous avons employé des propos vexants. Il reste que la seule certitude qui nous anime est que vous êtes la seule personne et la seule autorité qui puisse essuyer nos larmes, et cela à bref délai. Monsieur le maire, le manque de dialogue, le recours au refoulement des pauvres victimes ne nous donne pas l’espoir d’avoir un jour un "chez soi".

Les victimes de Tudb-Wéogo

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 24 juillet 2007 à 10:45, par Yel Kayé En réponse à : > Déguerpissement à Nongr-Massom : "Monsieur le maire, essuyez nos larmes"

    Victimes de Tudb-Wéogo, personne n’essuyera vos larmes ! Pleurez jusqu’au sang si vous voulez !

    Des gens comme vous sont ainsi : même si le maire Simon vous fait donner à chacun 5 parcelles, je suis sûr que vous allez encore continuer devant pour faire des non-lotis pour en gagner encore. Et puis vous n’êtes pas obligés de rester à Ouaga, vous pouvez retourner dans vos villages ?!

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