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Gouvernance administrative : Des résultats palpables, selon Youssouf Ouattara

Publié le mercredi 18 juillet 2007 à 07h13min

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Youssouf Ouattara

Le Burkina Faso dispose d’une politique nationale de bonne gouvernance. L’une des composantes de cette politique est la gouvernance administrative. Pour la mettre en œuvre, le ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, avec l’appui de ces partenaires a lancé le Projet de renforcement de la gouvernance administrative.

Un comité de pilotage veille à sa réalisation effective. Dans l’entretien qui suit, Youssouf Ouattara, président de ce comité, apprécie la première année d’exécution du projet.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce que le Comité de pilotage du Programme de renforcement de la gouvernance administrative ?

Youssouf Ouattara, secrétaire général du ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat (Y.O) : C’est un comité qui a été créé et placé sous la responsabilité du secrétaire général du ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat. Il comprend aussi bien des représentants de l’Administration -Fonction publique, Finances que des organisations de la société civile et des partenaires techniques et financiers comme le PNUD. Cette structure a pour mission, de veiller à ce que le projet de renforcement de la gouvernance administrative et de coordination de la politique nationale de bonne gouvernance se réalise effectivement par un suivi et une supervision effectifs. Il a le pouvoir d’apprécier les activités qui sont réalisées, de dégager éventuellement des orientations pour que le projet puisse se réaliser .

S. : Le Comité s’est réuni le 11 juillet et a apprécié la mise en œuvre des activités au cours de l’année 2006 ? Quels sont les résultats ?

Y. O. : Le Comité a au cours de sa session, examiné le rapport d’activités 2006 et le plan de travail 2007. L’année 2006 est la première année d’exécution du projet et il a fallu mettre en place les instances, le secrétariat permanent qui a été rendu fonctionnel, recruter le personnel du projet et les mettre en activité. Les activités en direction de l’administration comme l’acquisition de matériels informatiques au profit des directions régionales de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat (DRFPRE), des activités de formation au nouveau système d’évaluation des performances dans l’Administration, le financement d’un atelier de validation du plan d’action de la politique nationale de lutte contre la corruption au profit de la aaute Autorité de coordination de lutte contre la corruption et un séminaire de formation de journalistes du Réseau africain des journalistes pour l’intégrité et la transparence (RAJIT).

S. : Quelles ont été les principales difficultés au cours de l’année 2006 ?

Y. O. : Les choses n’ont pas marché comme sur des roulettes. C’est un projet neuf et il y a eu des flottements au démarrage, au niveau des ressources notamment. Les procédures pour mobiliser les ressources n’ont pas pu être menées à temps, ou les personnes impliquées à différents niveaux n’ont pas su jouer leur rôle. Les ressources dont on disposait n’ont pas répondu aux ambitions du projet. En dépit de cela, l’équipe de coordination s’est investie pour obtenir des résultats palpables.

S. : Le problème de ressources s’apprécie-t-il en termes de personnel, de finances ou de matériel ?

Y.O. : Il y a de tout cela. Les ressources financières pour le fonctionnement adéquat du secrétariat permanent et aussi les ressources humaines liées au fait que le projet est en phase de démarrage et pendant une bonne partie de l’année 2006, elles n’ ont pas été disponibles.
Tout cela est consécutif au démarrage laborieux du projet. Mais les choses s’arrangent au fur et à mesure.

S. : Quelles sont les grandes orientations pour 2007 ?

Y.O. : Pour l’ année 2007, les actions qui ont déjà été entreprises pour rendre opérationnel le secrétariat permanent seront renforcées. Les activités qui devraient être menées avec le Projet de renforcement des capacités de l’administration (PRCA) seront clarifiées pour être complémentaires à celles du PRGA- PNBG. Il s’agit notamment de l’évaluation des performances et de la déconcentration dans l’ administration.
La déconcentration vise à ce que les administrations centrales puissent avoir des représentations au niveau local, c’est-à-dire régional, provincial ou départemental. Tout ne devrait plus être réglé à partir de la capitale, Ouagadougou. Le ministère de la Fonction publique envisage de déconcentrer au niveau régional. Six directions régionales existent déjà et sont fonctionnelles. L’ objectif dans le cadre de ce projet est de soutenir ces directions régionales afin qu’elles deviennent opérationnelles. Un certain nombre de décisions qui, auparavant, étaient prises à Ouagadougou seront prises au niveau régional. Cela concernerait les avancements, les titularisations et autres.

S. : La Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption a tiré la sonnette d’alarme sur la corruption. Qu’en est-il de la gouvernance administrative ?

Y.O. : La corruption est un phénomène complexe qui fait intervenir plusieurs aspects, non seulement de la vie administrative, mais aussi de la vie en société. Il est nécessaire d’avoir une approche globale et de disposer d’une diversité de moyens et des efforts conjugués pour la combattre. Au niveau de l’administration, nous mettons d’abord l’accent sur les mesures préventives. Ainsi, des cours de déontologie de la Fonction publique sont instituées dans la plupart des écoles de formation professionnelle. Elles disent aux agents quelles sont leurs obligations vis-à-vis de l’emploi qu’ils exercent, quelles sont leurs obligations vis-à-vis de la hiérarchie de l’ administration, leurs obligations vis-à-vis de leurs collègues et quelles sont les obligations à l’ égard des usagers. Cela permet de responsabiliser les agents, de leur faire prendre conscience de l’importance de la déontologie, du respect des droits des uns et des autres.
Il y a ensuite, les sanctions.

Dans le cadre de la réforme de l’Etat, une déconcentration du pouvoir de sanction a été décidée. Quand un agent commet une faute professionnelle, le dossier n’ a plus à remonter à l’administration centrale pour la prise de sanction comme de par le passé. La procédure disciplinaire et la sanction sont initiées et la décision de sanction est envoyée au ministère de la Fonction publique pour que l’acte soit entériné.

Ce sont des éléments très importants, mais pas suffisants, si la société dans laquelle nous évoluons, ne participe pas à la lutte contre la corruption, notamment les citoyens qui sont victimes des actes de corruption ou les organisations de la société civile qui constatent les cas de corruption et ne les signalent pas. Des citoyens, malheureusement, se gênent de dénoncer les cas de corruption de façon précise, irréfutable ou se contentent d’affirmations gratuites sans preuve qui n’aident pas l’autorité à la prise de sanction. La loi 13 qui a prévu des sanctions contre les agents indélicats, a assoupli la procédure disciplinaire, tout en garantissant à l’agent public des garanties pour éviter l’arbitraire.

S. : Est-ce à dire que la gouvernance administrative ne fonctionne pas bien ?

Y.O. : Oui, dans la mesure où nous avons initié un certain nombre d’actions pour promouvoir la bonne gouvernance. Nous avons initié la déconcentration parce que nous nous sommes rendus compte que la corruption se développe chaque fois que les procédures sont longues, chaque fois qu’il est difficile de bénéficier des prestations de l’Administration dans un délai raisonnable. Les usagers ont tendance à recourir à des intermédiaires qui « monnayent » leurs services.

Mais si la procédure est déconcentrée, simplifiée, allégée, cela contribue à la lutte contre la corruption. Avec la déconcentration, un agent public ne quittera plus un village du Burkina pour venir à Ouagadougou suivre son dossier d’avancement. Si la procédure est longue, on peut faire chanter l’agent, en lui proposant des « raccourcis » en contrepartie de paiements. Si l’avancement se fait dans la région où l’agent est affecté, où il travaille, cela limite les risques de corruption. La promotion de la gouvernance au Burkina doit faire l’objet d’une vision de complémentarité.

L’Administration, la société civile, le secteur privé, les citoyens, chaque segment a des droits et des devoirs. Les usagers par exemple, ont le droit de surveiller l’administration, mais aussi l’obligation de se comporter de façon correcte en respectant les principes de la gouvernance. Cela est aussi valable pour les organisations de la société civile. On pourra proclamer que la gouvernance se porte bien quand tous les acteurs de la société vont travailler à la mise en place d’un système de gouvernance.

Entretien réalisé par Tiergou P. DABIRE
Daouda OUIBGA

Sidwaya

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