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L’homme est-il esclave du temps ?

Publié le jeudi 5 juillet 2007 à 06h56min

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Le mot "temps" provient du latin "tempus", lui-même dérivé du grec "temnein", qui veut dire "couper", qui fait référence à une division du flot du temps en éléments infinis. "Hier était le jour précédent et demain sera le jour suivant parce que je suis aujourd’hui".

Cette maxime bien à propos est symptomatique de la notion de mouvement, lequel se fait dans la durée. Le temps est alors le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur. Il suppose la variation. "Dans un même temps, dans un temps unique, dans un temps enfin, toutes choses deviennent", écrivait le philosophe Alain.

L’homme constate en effet trivialement que des objets de toutes sortes sont altérés par des événements et que ce processus prend place dans un temps partagé par tous ceux qui ont conscience de son cours. Le temps semble supposer à la fois changement et permanence parce que certains événements se répètent.

Le temps appelle également les notions de simultanéité (synchronie) qui permettent tant d’exprimer l’idée qu’à un même moment, des événements en nombre peut-être infini, se déroulent conjointement a priori sans aucun rapport les uns avec les autres. En corrélation se trouve la notion de succession ou diachronie (et par-là, l’antériorité et la postériorité) : si deux événements ne sont pas simultanés, c’est que l’un a lieu après l’autre.

De ces deux considérations, on apprend que le temps, si difficile à imaginer et à conceptualiser de prime abord (pour reprendre Saint Augustin : "Et bien ! Le temps, c’est quoi donc ? N’y a-t-il personne à me poser la question, je sais, que, sur une question, je veuille l’expliquer, je ne sais plus") ne peut être examiné que sous l’angle de notre propre expérience universelle.

Pour les hommes du XXIe siècle que nous sommes, le temps est essentiellement un support, et à ce titre il est orienté : il "coule" du passé au futur. Ecrire un récit, prédire le retour d’une comète, lister une série de dates... chacune de ces actions est directement liée au temps. Grâce au sentiment de durée, l’homme peut agir, se souvenir, imaginer, mettre en perspective... si bien que le temps lui est essentiel, et par-là, banal.

Le temps du quotidien subit les assauts de l’instantané. On distingue un temps de la réflexion et un temps de l’action qui entrent en concurrence et se distordent, jusqu’à parfois faire éclater les repères psychologiques. Ainsi des centres urbains comme Ouagadougou, où le temps est très souvent sacrifié sur l’autel des contraintes (aller plus vite, à un autre rythme, et tout ce que cela suppose et entraîne) sont les noyaux durs de la société de consommation : "time is money" (le temps, c’est de l’argent), disent les anglais.

Dans cette course effrénée contre la montre, notre humanité a altéré durablement son rapport au temps : "il perd notre temps" "on veut gagner du temps", "le temps passe", "accélère, on n’a pas le temps", "il n’est pas de son temps", entend-on à longueur de journée. Finalement que gagne l’homme ? Du gâchis ! Que récolte-t-il ? La mort, le retard même. Il a simplement oublié la notion de temps.

Ismaël BICABA

Sidwaya

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