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Regard sur l’actualité : L’éducation est-elle vraiment une priorité du Burkina ?

Publié le jeudi 14 juin 2007 à 07h03min

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C’est résolument la fin d’année scolaire au Burkina Faso. Si pour les élèves des classes intermédiaires les jeux sont déjà faits, chacun sachant s’il passe ou non en classe supérieure ou s’il est remis définitivement à ses parents pour un autre emploi, par contre, pour les élèves des classes du CM2, de 3e et de terminale, c’est encore l’expectative.

Est-ce que l’année se soldera par un succès éclatant ou un échec cuisant ? De toute façon, tous seront situés là-dessus d’ici peu, même si, à vrai dire, chacun, au fond de lui-même, sait plus ou moins à quelle sauce il sera mangé.

On ne récolte que ce qu’on a semé, et en la matière, il faut avouer que les miracles ne sont pas légion. C’est vrai, même si c’est rarissime, il arrive que des majors échouent lamentablement à l’examen et que des tocards, sur lesquels même pas leurs parents ne misaient, créent parfois la surprise en décrochant leur parchemin.

La série d’examens de fin d’année scolaire a débuté hier 13 juin 2007 avec les épreuves combinées du Certificat d’études primaires (CEP) et du concours d’entrée en classe de 6e des lycées et collèges. Les élèves de 3e, eux, entrent dans la danse dès aujourd’hui pour tenter de décrocher le Brevet d’études du premier cycle (BEPC) tandis que ceux des classes de terminale feront face aux épreuves du Baccalauréat, le premier diplôme universitaire, à partir du 3 juillet prochain.

Les examens sont d’ailleurs un bon prétexte pour parler de la baisse du niveau général des élèves. Ce triste constat a d’ailleurs l’air d’une querelle de générations, chaque promotion s’estimant plus apte que les suivantes.

Mais loin d’être un simple cliché, la baisse du niveau est un phénomène réel qui, hélas, a toutes les chances d’aller de mal en pis à cause, entre autres, d’un mauvais usage de la modernité : en regardant la télévision, les enfants lisent de moins en moins, et avec le téléphone portable ou Internet lors des chats, ils utilisent à l’écrit un français particulier qui ne peut que leur garantir à terme zéro sur vingt en dictée.

Il faut dire que les élèves, dans leur grande majorité, ne sont pas du tout aidés, car ils prennent leurs cours dans des salles surchargées, pouvant atteindre jusqu’à 120 élèves, et que les enseignants, quels que soient leurs talents, ne peuvent faire des miracles pour suivre chaque élève. Dans ces conditions, seuls ceux qui sont bien suivis à domicile ou qui sont vraiment motivés parviennent à tirer leur épingle du jeu.

Une autre raison de la baisse du niveau, c’est l’usage excessif de la courte échelle par de plus en plus d’élèves aidés, comble du scandale, par leurs parents ou même des enseignants. Les pétroles, en clair les deals des épreuves des examens et autres concours de la fonction publique, sont légion. Et les procès pour faudes ou tentatives de fraudes, quand il y en a, débouchent sur des peines tellement minimales qu’elles sont bien loin de décourager toute récidive.

Si le niveau des élèves a baissé, force est de reconnaître en toute honnêteté que celui des enseignants l’a fait aussi. Beaucoup d’entre eux, de véritables mercenaires de la craie, n’ont aucune vocation pour l’enseignement. Ils y sont juste pour échapper au chômage et, ainsi, assurer leur pitance quotidienne. De tels braconniers d’un nouveau genre n’ont souvent aucune conscience professionnelle, et nombre d’entre eux ploient sous le poids des heures de vacation, qu’ils accumulent de gauche à droite pour, disent-ils, arrondir leurs fins de mois.

Mais franchement, entre nous, comment peut-on demander à un enseignant qui mange de la vache enragée, qui est mal logé, qui n’est pas en sécurité dans une classe parce qu’elle peut s’écrouler sur lui (on en a vu, des cas cette année même), qui peine évidemment à nourrir sa famille avec son maigre salaire de se donner à fond dans son travail ? C’est utopique, car il ne saurait être exemplaire.

Ce sont autant de problèmes criards auxquels il convient de trouver des solutions appropriées. Pourtant c’est loin d’être le cas, le signe patent que malgré les discours officiels, l’enseignement n’est pas une grande préoccupation contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. Car l’importance de l’éducation, c’est dans les moyens y consacrés qu’on la voit.

Toutes les allocutions pompeuses portant sur un éventuel développement du Burkina resteront lettre morte si le pays a mal à son éducation. Plus que jamais, on doit tous garder à l’esprit donc que tant qu’on n’aura pas gagné la bataille de l’éducation, on ne gagnera pas celle du développement.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2007 à 19:17, par KINDA Yves, France En réponse à : > Regard sur l’actualité : L’éducation est-elle vraiment une priorité du Burkina ?

    d’accord avec vous que les moyens consacrés à l’éducation sont insuffisants ; mais reconnaissons quand même les tous derniers efforts consentis par le pouvoir en place en faveur du système educatif. J’en veux pour preuve le dernier projet de loi sur la gratuité de l’enseignement, les efforts de différents bailleurs de fonds et partenaire au développement (OSEO,PNUD...). Comme je disais tantôt, tout ceci reste insuffisant et on pourrait difficilement s’en satisfaire. Cependant, il semble qu’il y a bien une prise de conscience chez les autorités en charge de l’éducation. Faisons confiance au gouvernement qui vient d’être formé et qui, espérons-le, continuera dans la même logique d’améliorations que le gouvernement précédent.
    Bon vent au gouvernement Zongo ; et bon courage aux ministres BONKOUNGOU et PARE en charge de l’éducation.

    • Le 14 juin 2007 à 23:33, par Alain En réponse à : > Regard sur l’actualité : L’éducation est-elle vraiment une priorité du Burkina ?

      Et puis quoi encore !!! Le Burkina Faso est le seul pays au monde où l’inscription au 3ème cycle dans une université publique depasse 10 fois le SMIC. Quand Mr Kima Yves parle d’efforts consentis, j’ai l’impression qu’il est deconnecté des réalités de notre pays. Imposer 500000f cfa dans un pays comme le notre pour s’inscrire en 3ème cycle ne favorise en rien le système éducatif au Burkina. Réduire de moitié la subvention accordée à nos universités et pousser par exemple les enseignants à recopier à la craie les TD au tableau, c’est aussi peut-être ça les "efforts consentis". Il est clair qu’aujourd’hui dans notre pays, l’éducation est loin d’être une priorité pour les autorités en place.

    • Le 16 juin 2007 à 13:07, par gnamakou En réponse à : > Regard sur l’actualité : L’éducation est-elle vraiment une priorité du Burkina ?

      Bonjour mon frère ;
      Ils ont beau construit des salles en or,amené chaque lève à l’école en avion bref leur attribué toutes les meilleures commodités du monde ; tant que les enseignants seront mal payés, mal logés, mal traités et mal gérés les résultats seront les mêmes.
      Celui qui délivre le savoir doit être à l’aise pour bien faire passer le message.
      Des établissements gérés par des délinquants à la limite.
      Pour preuve dans un établissement de la place un des proviseurs a été hué par ses élèves parce qu’il a augmenté de son propre grés les faris d’inscription au BEP. Il est toujours en poste,

      Un autre qui a été chassé de son établissement pour avoir vendu jusqu’au marmites de la quantine scolaire est responsable d’un autre établissement plus grand aujourd’hui,

      un autre qui aurait ouvert et vider l’essentiel d’un containaire de matériel reçu dans le cadre du partenariat avec des établissements du nord a reçu une promotion,

      Un autre qui a vendu des attestations de BEP il y a trois ou quatre an a été nommé Haut commissaire entre temps. Des responsable sans initiative à la limité on croirait qu’il n’ont pas fait d’études supérieures. Des cahiers d’absence attribués aux élèves pour relever les absences des professeurs comme le cahier de texte ne suffisait pas etc. etc.
      Des non enseignants qui corrigent les examens à la place de ceux qui sont en classe qui sont laisses sur le carreau par la volonté de leurs directeurs ou au nom du deal (partage des frais de correction avec la commission de programmation). La liste est très longue.

      Oui c’est ça votre effort. L’éducation du Burkina Faso est plus que malade. Il faut un courageux pour y mettre de l’ordre.

      A bientôt

    • Le 18 juin 2007 à 15:07, par Diaz En réponse à : > Regard sur l’actualité : L’éducation est-elle vraiment une priorité du Burkina ?

      Merci à Mr kinda d’avoir poser la question de l’éducation en des termes élogieux.A le lire j’ai eu l’impression d’entendre nos gouvernants.Il faut que Mr kinda sache que l’éducation au B.F est décadente.Je prends seulement ce qui se passe au niveau du primaire ou la consigne est de faire passer des élèves avec 1 de moyenne(pour ne pas dire 0 comme moyenne).Est-ce cela l’éducation si la base est déjà faussée.Les chiffres qu’on nous avancent en terme de scolarisation cachent le taux d’echec une fois que les élèves vont au secondaire.Quand on comprendra que le secret du développement reside dans un système éductif performant,nous serons sauvé.

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