LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Arrondissement de Boulmiougou : Week-end chaud

Publié le mardi 4 mai 2004 à 06h38min

PARTAGER :                          

La Commission d’attribution des parcelles du secteur n°17 a procédé, vendredi 30 avril dernier à une opération de destruction des maisons construites irrégulièrement sur les parcelles nues.
Cette opération s’est quelquefois heurtée à une résistance des résidents malgré la présence des forces de sécurité. Ce fut un week-end chaud pour le maire de Boulmiougou et son équipe.

"Ne détruisez pas, c’est une ancienne construction. Ayez pitié de nous, car vous êtes aussi des humains..." Ces mots de détresse sont d’une femme en larmes dans la zone non lotie du secteur n°17 de Ouagadougou à côté de l’ancien poste de police de la route de Bobo-Dioulasso.

Le vendredi 30 avril dernier, un caterpillar procédait à la destruction des nouvelles maisons de la zone ne comportant pas de numéro de la commission d’attribution des parcelles.

Cette opération de destruction a commencé la veille et doit s’étendre sur le reste de la zone non lotie, notamment le quartier Sandogo. Elle provoquait des grincements de dents des résidants. L’opération était très suivie par les représentants de la commission d’attribution des parcelles et la police municipale. Pendant que le caterpillar démolissait, les résidents se présentaient en groupe pour montrer leur désapprobation. Certains n’hésitaient pas à proférer des menaces et des injures aux forces de sécurité et aux membres de la commission. Adama Sanou résidant dans la zone depuis huit (8) ans explique : "Lors du recensement, les maisons étaient petites. Pour bien loger, nous sommes obligés de reconstruire. C’est curieux qu’on vienne détruire des maisons agrandies". Plus l’engin allait en profondeur vers Sandogo, plus les esprits se surchauffaient. Toute la zone se vidait de son monde pour se ruer vers les membres de la commission qui suivaient à petit pas les travaux de destruction.

Joanny Ouédraogo, un des responsables de la commission présent explique que tous ceux qui construisent savent que c’est interdit, car la phase du recensement est passée. Pour lui, ce sont des mauvais déterminés à boycotter leur travail.

Entre temps le maire de Boulmiougou, Séraphine Solange Ouédraogo a rejoint l’équipe sur le terrain au moment où le climat était tendu.

D’une manière informelle, ceux qui se faisaient appeler des sinistrés ont soumis une doléance à la commission d’attribution. Ces doléances se résumaient essentiellement aux choix d’un guide dans la zone, l’autorisation d’enlever les tôles des maisons concernées, la non sélection des maisons incriminées. La brève concertation à l’école de Sandogo entre le maire et les résidents n’a pas porté fruit. Néanmoins la commission a accédé à une demande de la population qui souhaite que la destruction commence par une maison bien ciblée (c’est un grand domaine contruit pour l’élevage).

Des incidents à Sandogo... et le maire s’éclipsa

Malheureusement avant d’arriver sur le lieu indiqué, l’équipe du bourgmestre d’arrondissement se heurta à une résistance farouche de certains résidants. Ces derniers ont refusé catégoriquement la destruction de leurs bâtiments, construits irrégulièrement. Ils disent n’être pas informés à l’avance. Dans la foulée un élément de la sécurité a failli être poignardé par un jeune. Visiblement le Rubicon était franchi et les uns et autres se préparaient à la "résistance". Le maire de Boulmiougou sentant le danger venir, quitta le groupe assez rapidement. La guéguerre perdurait, la sécurité bien minoritaire tentait de calmer la situation. C’est dans cette ambiance électrique que les représentants de la commission se sont rendus sur le lieu indiqué par les "autochtones". Il s’agit des bâtiments en dur réalisés pour l’élevage de la volaille et des bovins.

Pourquoi, les gens veulent qu’on détruise ce bâtiment ? Certains résidants nous ont confié, que c’est une construction arbitraire d’un homme d’affaire faite avec la complicité des membres de la commission. Il n’est pas question que les autres maisons soient détruites excepté ce bâtiment, lança un homme dans la foule.

Très rapidement l’étau se resserait sur les membres de la commission qui furent obligés de donner un ultimatum au propriétaire pour qu’il enlève ses biens.

Les raisons d’un divorce...

Depuis le recensement de 1999 dans la zone, la commission avait réussi à dégager un espace pour les attributions. Malheureusement ce sont ces espaces qui continuent à être investis par de nouvelles constructions. "Nous sommes allés avec une équipe où nous avons inscrit des croix-rouges sur les maisons construites irrégulièrement. Nous avons fait des assemblées générales, des communiqués radiodiffusés invitant les gens à ne plus construire sur les parcelles nues. Malgré tout les gens continuaient...", a expliqué le maire Séraphine Solange Ouédraogo.

Toujours selon le maire, cette pratique a connu une ascension fulgurante malgré la contribution des propriétaires terriens, des responsables villageois pour la sensibilisation. Séraphine Solange Ouédraogo estime qu’environ 300 bâtiments sont construits anarchiquement. Au moment où nous quittons Sandogo, le débat était houleux entre la commission et les résidents.

Emmanuel BOUDA
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique