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Prostates : Quinquagénaires, soyez vigilants !

Publié le mardi 20 février 2007 à 08h04min

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Le tiers des interventions chirurgicales au service d’urologie de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo de Ouagadougou est lié à des pathologies de la prostate. Leur ampleur est donc importante. Mais contrairement à ce que l’on pense souvent, aucun fondement scientifique n’explique la survenue de cette maladie par l’intensité de l’activité sexuelle. "Ce sont des bruits de la rue", indique le Docteur Sophar Hien.

La prostate est une glande située juste en dessous de la vessie et traversée par l’urètre, un conduit qui mène les urines vers l’extérieur. Organe génital masculin, elle a, entre autres, pour fonctions de participer aux sécrétions des substances entrant dans la composition du sperme.

La prostate est le siège de trois principales affections, à savoir l’infection de la prostate ou prostatite, l’adénome de la prostate et le cancer de la prostate. La prostatite se rencontre chez n’importe qui. Elle peut être liée à l’urine, qui s’infecte et infecte les glandes prostatiques ; ce qui entraîne une inflammation douloureuse et gênante.

L’adénome de la prostate est une tumeur bénigne consécutive à un trouble hormonal. "A partir de la cinquantaine, explique le Docteur Hien, il arrive chez l’individu une modification de la sécrétion hormonale, dont on n’a pas bien ciblé le mécanisme. Cette modification de la sécrétion entraîne une augmentation du volume de la glande, et cette augmentation finit par étrangler la voie par laquelle les urines passent. Conséquence : la personne commence à ressentir des troubles urinaires".

Le cancer de la prostate est, quant à lui, une tumeur maligne qui évolue localement, régionalement et à distance, c’est-à-dire qu’il envoie des petits au niveau des poumons, du foie et même si on enlève la prostate, le mal récidive, car les petits évoluent de leur côté.

Les conséquences de ces trois affections, c’est l’inconfort urinaire : le patient urine fréquemment ou difficilement et faiblement. "A un moment, indique notre spécialiste, l’urine peut être complètement bloquée. Il faut alors une intervention d’urgence dans un Centre médical. A défaut, il y aura un retentissement sur les reins, et le malade mourra d’insuffisance rénale". Cependant, toute rétention urinaire n’est pas synonyme de prostatite.

Tout blocage d’urine ne signifie pas prostatite

"Le rétrécissement est dû, soit à un traumatisme quelconque de l’urètre, soit à une ancienne gonococcie ou encore à un calcul dans la vessie ou dans les reins, qui, au moment d’être expulsé, bouche l’urètre et fait que la personne ne peut pas pisser. Un problème neurologique peut en être également à l’origine, à savoir que si les nerfs qui font que la vessie se contracte ne fonctionnent pas, on assiste à une rétention aiguë d’urine. Cela existe chez la femme, qui n’a pourtant pas de prostate".

Peut-on guérir définitivement des maladies de la prostate ?

Le Dr Sophar Hien répond par l’affirmative en ce qui concerne l’adénome : "Il suffit, dit-il, d’enlever la glande malade, soit par la chirurgie classique, soit par la chirurgie endoscopique" ; dans le cas du cancer, même si on supprime la prostate, il y a risque de récidive dans la mesure où le mal peut-être localisé dans d’autres organes du corps.

"Dès lors que le cancer envahit toute la prostate ou, à fortiori, lorsqu’il traverse la capsule et commence à avoir des ramifications, on préfère un traitement moins agressif".

D’où la nécessité de consulter très tôt. "Malheureusement, la plupart des cancers que nous traitons sont déjà avancés", déplore le Dr Hien. A ce moment, on applique un traitement hormonal qui freine l’action des hormones mâles, c’est-à-dire de la testostérone "la tumeur diminue alors de volume et la personne retrouve un certain confort et a une certaine longévité. Seulement un tel traitement coûte relativement cher (20 à 25 000 F CFA par boîte et ce, toute la vie)".

Autre traitement : la castration

Les hormones mâles étant responsables du cancer, il faut supprimer toutes les sources de production, notamment les testicules, les glandes surrénales et l’hypophyse. "Malheureusement, il est difficile de le faire en ce qui concerne les glandes surrénales. Pour l’hypophyse, cela est possible avec des médicaments, mais il y a d’autres conséquences, qui font qu’il n’est pas aisé de s’y aventurer." Etant donné que la prostatite perturbe la vie sexuelle, qu’en sera-t-il après une opération chirurgicale ?

Dr Sophar Hien : "Elle n’est pas significativement modifiée. Cependant, il peut y avoir une baisse de la libido parce que l’intervention a été un peu traumatique. Par ailleurs, les personnes atteintes d’adénome sont des personnes âgées qui, du reste, ont une activité sexuelle en baisse. Un sujet de 25 ans est sexuellement plus actif que celui de 60 ans, même si ce dernier n’a pas été opéré de la prostate".

Mais il y a lieu de signaler que lorsqu’on enlève l’adénome de la prostate, on enlève en même temps le col de la vessie qui, au moment de l’acte sexuel, doit se refermer pour permettre l’accumulation de sperme afin qu’il puisse être éjaculé. Ce frein n’existant plus avec l’intervention chirurgicale, le sperme remonte dans la vessie. Les médecins parlent, dans ce cas, d’éjaculation rétrograde. La personne a des rapports sexuels et une satisfaction, mais pas de sperme au moment de l’éjaculation.

Les pathologies de la prostate sont liées à l’âge et au problème hormonal. A partir de la cinquantaine, on est menacé. Toutefois, il y a des exceptions et des curiosités, comme cet enfant de 6 ans cité dans la littérature sur la question, qui souffrait de ce mal ou ce monsieur de 45 ans opéré à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo pour un gros adénome de la prostate.

Compte tenu de la particularité de la maladie, il n’y a pas de conseils pratiques à donner pour éviter d’en être victime. Cependant, n’hésitez pas à consulter un urologue à partir de 50 ans, dès lors que vous ressentez une certaine gêne à uriner. Cela permettrait de faire un traitement adapté à temps et d’éviter les interventions chirurgicales, qui nécessitent 400 à 450 000 F CFA dans les structures sanitaires privées.

Adama Ouédraogo


Le mot d’un herboriste

Mamadou Sawadogo est un herboriste exerçant à Pissy, secteur 17 de Ouagadougou . Dès le jeune âge, il est aux côtés de sa mère pour apprendre la médecine traditionnelle. Depuis 1985, il se consacre presque exclusivement à cette tâche. Les maladies de la prostate, nous confie-t-il, n’ont pas noms spécifiques dans son domaine.

Mais le mot prostate est appelé Sanbga en mooré et toutes les pathologies y relatives sont désignées par ce vocable. Ainsi donc, l’herboriste distingue plusieurs maux liés à la prostate : difficultés d’uriner, urines très fréquentes. En l’écoutant, on voit qu’il s’agit des mêmes manifestations connues des maladies de la prostate, et ses explications sont proches de celles de la médecine moderne.

Plantes et écorces d’arbres sont disponibles pour soigner le mal. Mamadou Sawadogo dispose, en plus, d’un canari qu’il utilise pour la potion du traitement de la rétention urinaire. "Tout dépend de l’avancée de la maladie", déclare-t-il. Modeste dans la pratique de la science, l’herboriste de Pissy reconnaît qu’il y a des situations où il est impuissant et envoie le patient à l’hôpital. C’est, à n’en pas douter, les cas décrits par le Dr Sophar Hien, qui nécessitent des interventions chirurgicales d’urgence.

A. O. D.

L’Observateur

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