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Filariose lymphatique : “Le Burkina est un pays à risque”, affirme Dr Dominique Kyélem

Publié le mardi 16 janvier 2007 à 07h37min

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La 6e édition de la campagne de traitement de masse contre la filariose lymphatique bat son plein. Elle durera jusqu’au 31 janvier 2007. Le coordonnateur du programme national d’élimination de la filariose lymphatique, Dr Dominique Kyélem explique dans cet entretien, ce qu’est cette maladie, ses manifestations et invite la population à prendre les comprimés (albendazole et ivermectine) afin de se protéger contre cette maladie invalidante.

Sidwaya (S). : Qu’est-ce que la filariose lymphatique ?

Dr Dominique Kyélem (DK) : La filariose lymphatique est une maladie parasitaire, souvent cause d’invalidité, connue sous le nom “éléphantiasis”.

S. : Comment contracte-t-on cette maladie ?

D.K. : Elle se transmet d’une personne à une autre par les moustiques en l’occurrence l’anophèle, le même moustique qui transmet le paludisme. Le parasite, une fois dans l’organisme se reproduit en millions de petits vers appelés filaires. Ces vers vivent dans l’organisme de l’homme pendant 4 à 6 ans.

Ils donnent naissance à des millions de petits vers (microfilaires) invisibles à l’œil nu. Ils circulent dans le sang de la personne malade, la nuit.

S. : Quelles sont les manifestations de la filariose lymphatique ?

D.K. : Elle se manifeste surtout à travers deux complications majeures : l’hydrocèle et l’éléphantiasis. L’hydrocèle qui est une accumulation de liquide dans les bourses des organes génitaux de l’homme se soigne par une intervention chirurgicale. L’éléphantiasis se manifeste essentiellement au niveau des membres inférieurs et supérieurs de l’organisme et est une maladie à vie. Rien ne peut la guérir. Nous proposons aux malades atteints d’éléphantiasis de mesures d’hygiène appelées “le lavage ou le washing” ; des mesures qui permettent de réduire les crises aigües. Les membres vont toujours restés difformes, gros. Outre, ces complications il y a aussi des atteintes rénales, qui se manifestent par des urines laiteuses toute blanche.

S. : Quelles mesures prendre afin d’éviter cette maladie ?

D.K. : La première chose est de ne pas se faire piquer par les moustiques en dormant sous une moustiquaire. Ensuite, c’est tarir la source des réservoirs à moustiques. Si on détruit les microfilaires, les moustiques n’auront plus à contaminer une personne bien portante. La campagne s’inscrit dans cet objectif. Les deux comprimés albendazole et ivermectine, tuent les microfilaires prélevés par les moustiques. Les deux médicaments sont des antibactériens très efficaces. Ils traitent la filariose lymphatique mais protègent également contre l’onchocercose et des vers intestinaux. Les deux produits nettoient à 99% des microfilaires contenus
dans le sang.

S. : Qui est à risque au Burkina Faso ?

D.K : Tout le Burkina est à risque parce que l’infection existe dans toutes les zones du pays. Maintenant, tout le monde n’a pas le parasite mais peut, à tout moment l’attraper. Ce n’est pas une maladie héréditaire. Cependant, des personnes vivant dans des familles hautement infectées sont plus exposées.

S : Quel est l’état de la maladie dans notre pays ?

D.K. : Une enquête réalisée en juin 2000 selon les méthodologies proposées par l’OMS sur au moins 55 sites à travers les districts sanitaires de notre pays, révèle que trois millions de gens ont le parasite dans leur sang. Il y a des endroits ou un homme sur quatre a une hydrocèle. Nous avons recensé près de 30 000 cas d’hydrocèle et 12 000 cas d’éléphantiasis.

S : Qui peut prendre les médicaments contre la filariose lymphatique ?

D.K. : Nous invitons tout le monde à prendre les comprimés, seulement sont exclus, les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou allaitantes de moins d’une semaine. Nous recommandons de manger et de boire beaucoup d’eau avant de prendre les produits. Il faut surtout éviter l’alcool quelques heures avant et après la prise des médicaments.

S : On constate des réticences à la prise des médicaments eu égard à leurs effets secondaires. Quel appel avez-vous à l’endroit des populations pour les rassurer ?

D.K. : Selon nos enquêtes, 9% de la population traité se disent qu’ils ont eu des petits malaises : fatigues, céphalées, vomissements, diarrhée... Nous n’avons pas enregistré des effets secondaires graves, sévères. Toutefois, nous avons mis en place un comité de pharmacovigilance pour suivre les éventuels effets secondaires graves. Cependant, la plupart des gens qui ont souffert des effets secondaires sont en réalité les plus infectés, les plus parasités ayant beaucoup de vers dans leur organisme. Ils doivent par conséquent prendre les médicaments chaque année sinon ils constituent un danger pour eux mêmes et pour tout le monde.

Propos recueillis par Boureima SANGA
& Moussa CONGO (Stagiaire)

Sidwaya

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