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Noël des temps anciens et d’aujourd’hui : Les souvenirs de Guy Léon Ky

Publié le samedi 23 décembre 2006 à 09h32min

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Malgré sa popularité remarquée, aujourd’hui la fête de Noël au 21e siècle n’a pas le même goût que celle d’hier. Guy Léon Ky, fidèle chrétien à la paroisse Saré Cour de Toma se souvient encore des Noëls de sa jeunesse.

Aujourd’hui, j’ai la nostalgie de Noël des temps anciens. Actuellement ici à Toma, on ne sent plus la fête. La fête de Noël, c’était non seulement le côté spirituel mais également des considérations tels le côté financier, l’habillement, la nourriture, les enfants. Aujourd’hui la charité fait défaut. Les gens à Toma ne pensent plus à Noël comme ils attendent par exemple le 1er jour de l’an. Les jeunes amassent aujourd’hui l’argent et attendent le 1er janvier. A Noël, on ne sent rien.

A l’église, les quelques rares jeunes qui s’y amènent passent le temps à bavarder. Ils ne saisissent aucun sermon par manque de pitié.

D’autres viennent à la messe pour se faire admirer. Je revis difficilement l’ancien temps où je me vois en train de porter de la paille sur la tête pour venir construire un grand hangar derrière l’église qui ne pouvait pas contenir les fidèles le 24 décembre à minuit et le jour de Noël.

Les fidèles priaient, on ne sentait même pas le froid à la messe de minuit, tellement il y avait foule. Dans le temps, la fête de Noël se déroulait uniquement à Toma dans le pays san. Les fidèles venaient de tous les horizons sauf l’Ouest où l’Islam domine. Ce jour-là, le village refusait du monde. Les gens venaient par groupes, apportant avec eux leurs vivres pour les 2 à 3 jours à passer à Toma. C’était réellement la fête. Les fidèles se recueillaient dans la prière. Ce qui est un peu différent de nos jours, Noël est maintenant l’affaire de tous les villages. Qui va aller chez qui ? Dans le temps, après le Noël à Toma, chaque village de retour, organisait sa fête. Cela pouvait être le premier dimanche après Noël ou le jour du marché.

Si le 24 décembre 1954 m’était conté

S’il y a une rare fête de Noël que les anciens ne peuvent oublier, c’est bien celle de 1954. A l’époque la statue de la Vierge Marie avait circulé dans tous les villages de la paroisse le jour de son retour à Toma a coïncidé avec la fête de Noël. Ce Noël a marqué les esprits des fidèles parce qu’ils célébraient et Jésus-Christ et sa mère Marie. Ce jour-là, vers 16 heures, des bruits de tambours, de sifflets et une grande rumeur venant des routes de Koin et de Tougan allaient se rapprochant.

On descendit avec Monseigneur vers le carrefour où devait s’opérer la rencontre. Au milieu du tumulte et des tambours, des danses, voilà la Vierge Noire qui apparaît sur son brancard, porté à dos d’hommes. Puis derrière, les gens de Sawa, Zouma, Nyon, avec une image de la Vierge, dominant la foule. Quelques instants plus tard, débouchent de la route de Biba, les gens de l’Ouest autour de la statue.

Les coups de fusils pétaradent ; on chante, on prie, on bat du tambour, on siffle, c’est dans ce tintamarre que la foule s’ébranle vers la colline de la mission. Il y avait là peut-être 4 à 5 000 personnes. Comme on l’avait prévu, la fête se ferait devant l’église aménagée pour cela. Une grande croix blanche, placée au centre, dominait l’autel où serait dite la messe de minuit.

A droite, devant le clocher, se trouvait la crèche. Devant la tour de gauche, un autel construit par les chrétiens, offrait ses gradins ornés de mouchoirs de tête, où seraient disposées par ordre, les diverses statues de la Sainte Vierge. La statue de la Vierge Noire fut d’abord placée sur l’autel du milieu de façon à être bien vue.

Alors des cortèges se formèrent et vinrent rendre honneur à Marie dans l’enceinte qui devait à minuit, servir de table de communion. Les joueurs de sifflets s’avancèrent, s’agenouillèrent, firent des révérences tout en continuant à jouer. Les anciens militaires, en ordre, vinrent malgré le tumulte, faire devant Marie, un défilé puis une minute de silence.

Pierre Zerbo, représentant des chrétiens, tint à dire le sens de cette fête. Tout le monde fut invité à la messe de minuit. Alors la cloche tinta pour le chapelet que tout le monde est appelé à réciter. Puis furent chantées les litanies de Marie en samo sur un air samo.

Tandis que les gens descendaient au village pour se reposer, les prêtres allaient au confessionnal.

A minuit, les gens vinrent pour la messe. La place de l’église est bondée de milliers de personnes. Monseigneur célébra la messe avec le diacre et le sous-diacre. Il parla aux gens de la naissance du roi et de sa mère, que l’un et l’autre règnent sur le pays samo.

A la seconde messe, comme tous les ans, on chanta le répertoire des Noëls que tout le monde sait par cour. Cette louange commune donne à chaque fidèle chrétien, la conviction qu’il n’est pas le seul et enlève aux fidèles isolés dans les villages leur impression de solitude. Puis ce fut la grande fête à l’excès.

Ismaël BICABA

Sidwaya

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