5e Congrès de la CGT-B : Discours musclés dignes de syndicalistes
De nombreux discours musclés ont agrémenté la cérémonie de lancement du 5e congrès ordinaire de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B). La manifestation a eu lieu le 27 novembre, à la Bourse du Travail, et a connu la présence du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Jérôme Bougma.
La cérémonie d’ouverture officielle du 5e Congrès ordinaire de la CGT-B, qui se tient du 26 au 29 novembre 2006, a démarré par un vibrant hommage rendu à Aimé Nikiéma, lui qui a été le président du congrès constitutif de la Confédération et décédé le 14 novembre 1992. Pendant la minute de silence qui lui a été dédiée, ainsi qu’à tous les syndicalistes qui ont quitté le monde des vivants, un chant pathétique sur les circonstances de sa mort, exécuté par une chorale, a fait chavirer bien des cœurs.
Cette étape refermée, c’est le secrétaire provincial de la CGT-B du Kadiogo qui a pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux invités, non sans brosser une situation peu reluisante des travailleurs : mondialisation, paupérisation, précarisation, contractualisation, retards dans les avancements resteront les maîtres mots de ce syndicaliste. Après cette intervention, suivra une longue succession de déclarations des structures associatives et syndicales invitées.
Des propos remarqués, il y en a eu. Comme ceux proférés par Jean Jacques Guigon de CGT-France ainsi que ceux du Collectif français pour l’affaire Norbert Zongo (COFANZO). Le premier s’en est pris aux dérives du gouvernement français concernant la gestion de l’Afrique, à Nicolas Sarkozy, aux multinationales françaises présentes au Burkina Faso « qui exploitent les travailleurs ».
Le second, envoyé du COFANZO, s’est, lui, insurgé contre le non-lieu sur l’Affaire Norbert Zongo, dont il a imputé la responsabilité au « régime réactionnaire de Blaise Compaoré ». Celui qui a fermé le bal des discours, dont le nombre peut figurer en très bonne place dans le livre Guinness des records (lire encadré) est, comme il fallait s’y attendre, le secrétaire général de la CGT-B, Tolé Sagnon.
Et il n’a pas caressé notre Exécutif dans le sens du poil. La situation socio-économique du Burkina, a-t-il avancé, est de plus en plus critique. Et à l’écouter, le côté politique, non plus, n’a rien d’enviable. « Aujourd’hui, Blaise Compaoré et le CDP contrôlent tous les rouages de l’Etat : l’exécutif, le parlement, l’économie, la justice, etc. Il s’est même aliéné certaines hiérarchies coutumières et religieuses dont certains responsables osent même affirmer que sans Blaise Compaoré, il n’y a point de salut pour le Burkina Faso ».
Il faut rappeler que les organisateurs du 5e Congrès de la CGT-B n’ont pas attendu la cérémonie officielle d’ouverture pour entrer de plain-pied dans le programme concocté pour l’occasion. La veille, soit le 26 novembre, les participants ont discuté du rapport moral et financier du Comité confédéral national de la CGT-B. Le jour de l’ouverture officielle a été consacré à la Journée internationale et le thème portait sur la mondialisation. Hier, c’étaient les rencontres en commissions pour discuter du thème du congrès et des questions internes à la centrale syndicale. La clôture de ce congrès, qui marque aussi les 18 ans d’existence de la CGT-B, devrait avoir lieu aujourd’hui.
Issa K. Barry
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Prochaine revendication : Moins d’allocutions dans le panier des invités
Souvent, les invités se plaignent plutôt du retard pris pour démarrer une cérémonie. De même que les Arabes ont leur téléphone, nous aussi avons notre heure africaine. Mais avant-hier, à la bourse du Travail, le problème, c’était le nombre de discoureurs qui se sont succédé au prétoire. En effet, il y avait, excusez du peu, pas moins de 30 allocutions. Et comme chaque représentant de structure invitée tenait à faire un discours d’anthologie, le temps pris ne comptait pas.
Conséquence : pour une cérémonie d’ouverture qui est généralement expédiée en une trentaine de minutes dans beaucoup d’autres cieux, celle-là a traîné de 17h aux environs de 21 heures. Finalement, c’était presque une torture que de les suivre tous, d’autant plus que cette trentaine d’orateurs n’étaient pas tous bons disciples de Socrate. Le pire, c’est que leur talent à tenir le crachoir n’était même pas prévu dans le chronogramme officiel.
Et celui qui était le plus à plaindre, c’était certainement le ministre Bougma, qui a essuyé cette averse avec néanmoins un stoïcisme digne de Zénon. Les journalistes, quant à eux, qui sont pourtant habitués à supporter toutes sortes de proses sur papier A4, ont finalement pris la clef des champs, organe de presse par organe de presse, sans demander leurs restes. Les organisateurs diront, avec raison, que « c’est leur affaire ».
Mais il est tout de même troublant qu’à la fin d’une manifestation, il soit impossible de dénicher le plus petit des scribouillards pour lui offrir le discours du maître de cérémonie.
L’Observateur