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Exécutions extra-judiciaires au Burkina : Le pouvoir persiste et signe

Publié le lundi 20 novembre 2006 à 07h13min

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A travers la déclaration ci-après parvenue à notre rédaction, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) joint sa voix à toutes celles qui demandent vérité et justice pour les trois victimes d’assassinat le 28 octobre à Bogandé.

On lira par ailleurs un communiqué de presse du PDP/PS dont un conseiller municipal fait partie des victimes. A la suite de l’attaque meurtrière et barbare du 18 février 2004, ayant coûté la vie au commissaire de police Dramane Coulibaly (directeur provincial de la police du Kourittenga), à l’assistant de police Issa Ouédraogo et au brigadier Yamtarba Cyprien Ouédraogo ainsi qu’à un habitant des environs du village de Zaogo, le MBDHP avait salué la mémoire de ces personnes disparues, ainsi que « le prix du courage, de la détermination et ... de l’audace dont font preuve nos forces de sécurité dans leur engagement à lutter contre le grand banditisme dans sa forme la plus répandue de l’heure, les braquages armés ou coupures de routes » .

Depuis lors, c’est le comble du paradoxe et de l’horreur. Malgré des stratégies savantes - aux contours flous - de lutte contre le banditisme (police de proximité, etc.), l’insécurité gagne davantage du terrain au Burkina. Les bandits continuent de sévir et de s’en tirer à bon compte.

Dans le même temps et de plus en plus, hélas, d’honnêtes citoyens sont victimes d’exécutions sommaires et extrajudiciaires du fait d’agents des forces de sécurité, qui se permettent d’interpeller, d’arrêter, de détenir et de tuer sans discernement, au nom de la lutte contre le banditisme.

Ce fut le cas à Boulporé dans la nuit du 06 au 07 décembre 2005 où, soupçonnés à tort d’être des bandits, Abdoul-Aziz Ouédraogo, Adama Savadogo, Jean-Baptiste Nakanabo, employés de l’Entreprise Général Eco, furent abattus par des éléments des forces de sécurité, en même temps qu’une quatrième personne. Le samedi 28 octobre 2006 à Bogandé, ce sont Djolgou Yarga, Badembé Lankoandé et Hamissonguini Mano, trois jeunes commerçants qui, soupçonnés d’être des coupeurs de route, seront abattus sans autre forme de procès et avec une célérité inouïe (quelques heures seulement après leur interpellation), par la police de Bogandé.

Prévoyant la survenue de telles horreurs, le MBDHP avait déjà, le 07 février 2002, au cours d’une conférence de presse, tiré la sonnette d’alarme, en soulignant que les exécutions sommaires et extrajudiciaires « ouvrent la voie à tous les excès, à tous les dérapages possibles et pourraient servir de couverture pour des règlements de comptes ou des assassinats d’honnêtes citoyens ». Voilà que les faits ne cessent de donner raison au MBDHP, ainsi qu’à tous celles et ceux qui, soucieux d’une véritable sécurité pour les Burkinabè et leurs biens, le soutiennent dans sa lutte contre les exécutions sommaires et extrajudiciaires au Burkina Faso.

Aujourd’hui, l’entêtement des autorités politiques de la 4e République à encourager la pratique illégale des exécutions sommaires et extrajudiciaires par les forces de sécurité est fort suspect et porteur de dangers pour la paix sociale au Burkina. Pour l’heure, le MBDHP :

1. Condamne l’exécution de Djolgou Yarga, Badembé Lankoandé et Hamissonguini Mano par la police de Bogandé et compatit à la profonde douleur des parents et amis de ces jeunes commerçants assassinés. 2. Appelle de nouveau les autorités politiques et judiciaires du Burkina à :
proscrire des méthodes de lutte contre le banditisme, la pratique illégale des exécutions sommaires et extrajudiciaires ;

exercer un contrôle effectif et rigoureux sur tous les fonctionnaires autorisés par la loi à employer la force et à utiliser les armes à feu ;
exercer des poursuites judiciaires et à infliger des sanctions exemplaires et sans complaisance aux personnes ayant inspiré, commandité, ordonné et réalisé l’exécution de Djolgou Yarga, Badembé Lankoandé et Hamissonguini Mano.

3. Invite de nouveau ses sections à :
demeurer vigilantes et redoubler de perspicacité dans la dénonciation de tous cas de violations des droits humains dans leurs zones d’action respectives ; - contribuer à la lutte contre l’insécurité, notamment en intégrant davantage à leurs différents programmes de promotion des thèmes de sensibilisation y relatifs. • Halte aux exécutions extrajudicaires ! • Vérité et justice pour Djolgou Yarga, Badembé Lankoandé et Hamissonguini Mano.

Ouagadougou, le 18 novembre 2006

Le Comité exécutif national

MBDHP = Rigueur et constance dans la promotion, la protection et la défense des droits de l’Homme.

Observateur Paalga

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