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RECIF/ONG au monde scolaire : L’école n’est pas un lieu de dépravation

Publié le vendredi 17 novembre 2006 à 07h27min

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A en croire le Réseau de communication d’information et de formation des femmes dans les ONG (RECIF/ONG), les rapports d’études faites sur le harcèlement sexuel montrent que le phénomène prend de l’ampleur en milieu scolaire. Dans cette déclaration, RECIF/ONG interpelle les acteurs du système éducatif à bannir à jamais cette pratique.

Nous sommes en pleine rentrée des classes !!! Elèves et étudiants reprennent le chemin de l’école, à la quête du savoir, tandis que professeurs, surveillants et membres de l’administration scolaire s’activent pour créer un cadre adéquat pour l’acquisition du savoir.

Pour cette nouvelle année scolaire et universitaire, RECIF/ONG se donne le privilège d’interpeller tous les acteurs du système éducatif sur la question du harcèlement sexuel.

Les années précédentes nous ont révélé plusieurs cas de harcèlement sexuel, phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur dans nos écoles, nos lycées et nos universités. Les acteurs de ce harcèlement sexuel se retrouvent aussi bien chez les élèves, les enseignants que chez les membres de l’administration.

L’école, étant par définition, le lieu privilégié pour l’apprentissage et l’instruction, doit être un lieu sain, favorisant l’épanouissement moral et psychique de l’élève. Aussi, tous les acteurs du système éducatif doivent s’engager à bannir à jamais le harcèlement sexuel du milieu scolaire.

Au personnel de l’administration,

Le pouvoir que vous confère votre statut ne doit pas être utilisé pour imposer vos exigences d’ordre sexuels aux élèves.

De tels comportements peuvent avoir beaucoup de conséquences pour la jeune fille : des répercussions au niveau moral, psychologique et physique surtout.

Et d’autres effets comme les traumatismes, le viol, les grossesses non désirées, le mariage forcé en cas de grossesse, les avortements clandestins, les IST/Sida, l’atteinte à la dignité de la jeune fille, l’abandon précoce des études et l’échec scolaire.

Aux jeunes filles scolarisées,

L’école n’est pas le lieu de dépravation. Aussi, nous vous invitons à soigner votre habillement et votre attitude en classe. Evitez tout comportement sexuellement provocateur de par votre habillement et votre posture en classe. Vous devez par un comportement exemplaire à inciter les parents à la scolarisation des filles.

En plus, vous devez savoir que votre devoir comme celui de tout élève est et demeure celui de s’instruire, de s’éduquer afin qu’au sortir de l’école, la société voie en vous, une fille responsable et dotée d’intelligence. Une fille capable de répondre dignement à l’appel de la nation, à savoir celui de son pays. Pour ce faire, vous devez dès l’école apprendre à vous forger une personnalité dotée d’une grande valeur morale.

Les éducateurs,

Nous savons combien est noble votre tâche, celle d’éduquer et de dispenser le savoir. Aussi, nous vous invitons à ne pas la dévêtir de cette noblesse par vos attitudes envers les jeunes élèves à qui vous devez transmettre votre savoir et qui pourraient être vos enfants. Nous vous appelons donc à beaucoup plus de retenue dans vos élans vers eux.

Loin de nous l’idée de vous faire une leçon de morale ou de porter atteinte à votre réputation ou même à votre métier, nous voulons simplement au vu des constats faits, de rapports d’études conduites sur le sujet ici au Burkina et qui nous sont parvenus, faire appel à votre sens de la responsabilité, du don de soi et du sacrifice que vous devrez toujours consentir à l’éducation de nos enfants. Ne détériorez pas ce devoir qui est le vôtre.

Cessez de voir en vos jeunes élèves des objets sexuels dont on peut jouir à tout bout de champ avec en contrepartie la promesse de la bonne note ou de la moyenne de passage en classe supérieure.

Nous vous appelons donc à résister à la tentation aussi forte soit-elle, et à ne penser qu’à votre rôle d’éducateur, de celui qui a la lourde tâche d’inculquer la vertu et la connaissance.

Parents d’élèves,

Vous êtes les parents, et de ce fait les premiers concernés par l’éducation de vos enfants, car ils vous appartiennent en premier. Alors, nous vous demandons de ne pas démissionner de ce rôle en pensant qu’après avoir inscrit un enfant de l’école, votre mission s’arrête là.

Vous devez accompagner les élèves, vos enfants, pendant l’année scolaire en vous informant régulièrement sur l’évolution de leurs études, en discutant avec eux de leurs problèmes et en les assistant dans la préparation des devoirs et des examens.

Discutez avec eux et aidez-les à mieux comprendre, et assurez leur éducation sexuelle. Ils en ont besoin et tout parent doit être à l’écoute de son enfant, être dans la mesure du possible son confident.

Les pouvoirs publics,

Vous avez la plus grande responsabilité à savoir, celle de créer un cadre et un environnement éducatif suffisamment sains pour permettre aux différents partenaires de l’éducation de jouer pleinement leur rôle.

Aussi, nous, membres de RECIF/ONG, vous interpellons afin que les dispositifs réglementaires soient pris pour permettre à nos enfants d’évoluer dans un environnement éducatif où ils sont protégés.

Nous attirons l’attention des autorités en charge des questions éducatives sur la nécessité d’avoir des politiques cohérentes et lançons un appel à celles-ci pour qu’elles mettent un accent particulier sur la promotion de l’éducation secondaire et supérieure.

Ceci en vue de permettre aux différentes politiques engagées au niveau de l’enseignement de base de trouver une suite logique et de permettre l’absorption de la masse de plus en plus grandissante des élèves ayant fini le cycle primaire.

En effet, la formation des cadres du Burkina de demain doit se faire dans les meilleures conditions. Et promouvoir l’éducation des filles au primaire suppose aussi un accompagnement vers le secondaire et le supérieur. Car l’éducation dans son ensemble est une pièce maîtresse sur l’échiquier du développement des pays.

Aussi, professeurs, administrateurs, élèves, parents d’élèves, pouvoirs publics, nous vous exhortons à travailler en synergie afin de garantir un environnement propice à l’émancipation des élèves en général et des filles en particulier.

Nous comptons sur la compréhension et le bon sens de tous les acteurs afin que nous puissions éradiquer le phénomène du harcèlement sexuel en milieu scolaire.

Bonne rentrée 2006-2007 à toutes et à tous

RECIF/ONG/BF

01 BP 6473 Ouaga 01

Coordination des Activités du Réseau

La PCA

Dorothée Batiga,

Chevalier de l’Ordre national

Observateur Paalga

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