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Justice : Des greffiers nuancent les propos du SG du SYNAJ

Publié le lundi 13 novembre 2006 à 07h29min

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L’interview que nous a accordée le secrétaire général du Syndicat national des agents de la justice (SYNAJ) et Greffier en chef du Conseil constitutionnel Zerbo Ibrahim Sory a suscité une réaction. Il s’agit de celle du Syndicat des greffiers du Burkina (SGB). Le SGB qui reconnaît la pertinence des propos par endroits de Zerbo Ibrahim Sory relève également des nuances.

Le journal "Le Pays", dans son édition n°3742 du lundi 6 novembre 2006, se proposait de faire découvrir la profession de greffier, à travers un entretien avec Zerbo Ibrahim Sory, greffier en chef au Conseil constitutionnel, désigné aussi secrétaire général du Syndicat national des agents de la Justice (SYNAJ), dans un article intitulé "La Justice n’a pas le monopole de la corruption".

Il faut noter que les propos tenus par M. Zerbo sont, par endroits, assez pertinents, s’agissant surtout de la définition et de la perception exacte des emplois de greffiers au sein de l’organisation judiciaire burkinabè. Toutefois, sur bien des aspects, les opinions personnelles (ou syndicales ?) de celui-ci méritent d’être nuancées, afin de ne pas corrompre la religion d’une opinion publique pas forcément au parfum des choses judiciaires.

Aussi avons-nous jugé utile de relever les incohérences qui suivent :

- Question du journal : "Peut-on être greffier si on écrit mal, si on n’a pas une belle écriture ?"

Réponse (sans équivoque) de M. Zerbo : "Non, parce que l’on sera un très mauvais greffier...)

Nous sommes interloqués par l’autorité de la réponse. Dans le contexte juridique national, l’accès à l’emploi de greffier n’est nullement conditionné par les performances calligraphiques du candidat. Celui-ci doit simplement répondre aux conditions classiques et objectives d’âge et de niveau définies par l’autorité de tutelle des concours de la Fonction publique, en l’occurrence le ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat... Le juriste (même en herbe) doit veiller, en toute chose, à faire la part entre ses opinions (tributaires de son niveau intellectuel et de la profondeur de sa culture) et l’autorité du référentiel juridique.

En outre, l’on n’est pas "très mauvais greffier" parce qu’on écrirait mal ! L’on est ou devient très mauvais greffier, comme tout fonctionnaire d’ailleurs, parce qu’on se comporte très mal, c’est-à-dire en contradiction flagrante avec les règles déontologiques.

Le greffier qui serait confronté à un problème de beauté d’écriture (pas seulement par la forme des lettres mais aussi par la qualité de l’expression) pourrait être exempté de la tenue de la plume à l’audience (on dit alors "greffier audiencier"), et ce, par simple disposition de bonne administration.

- Question du journal : "Pourquoi n’avez-vous pas créé un syndicat spécifique de greffiers...?"

Réponse (encore sans équivoque) de M. Zerbo : "Il existe un syndicat de greffiers créé par des jeunes... Nous (parlant du SYNAJ) nous sommes dit qu’il serait malsain de nous séparer des GSP, surtout parce qu’ils n’ont pas droit à la grève. Créer un syndicat spécifique de greffiers reviendrait, pour nous, à disperser nos forces, à nous subdiviser parce que si les greffiers ont leur syndicat, les greffiers en chef, les secrétaires de greffe et parquet seront peut-être tentés d’avoir le leur..."

Passons sur la notion de "jeunes", qui semble troubler certaines âmes vieillissantes, quand bien même "aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années..." Ce qu’il y a d’incorrect dans les insinuations de l’intervenant, c’est qu’il taxe, sans figure de style aucune, l’avènement du Syndicat des greffiers du Burkina (SGB), ci-dessus dénommé "syndicat des jeunes", de "malsain" parce que ce dernier a opéré (selon lui) une séparation d’avec les GSP (Gardes de sécurité pénitentiaire), et parce qu’il serait porteur (toujours selon lui) de germes de division dans les corps de l’administration judiciaire (greffiers en chef, greffiers, secrétaires de greffe et parquet...).

Contribuons à restaurer la véracité des faits : primo, ne pas avoir le droit de grève est-il une raison suffisante pour ne pas créer un syndicat propre ? Est-il besoin de rappeler que les magistrats n’ont pas le droit de grève, quoiqu’il y ait trois structures syndicales bien actives dans la magistrature ?

Secundo, le SGB (syndicat dit des jeunes) n’est aucunement composé que de greffiers au sens restreint choisi par M. Zerbo pour servir sa thèse. Chose curieuse, à une autre question, lui-même mentionnait de "comprendre les greffiers au sens juridique et qui comprennent les greffiers en chef, les greffiers et les secrétaires de greffiers et parquets" ! Dans tous les cas, les textes constitutifs du SGB définissent clairement - pour ceux qui veulent les lire avec lucidité - le contenu des désignations greffiers (greffiers en chef, greffiers, secrétaires de greffe et parquet) et assimilés (interprètes, agents de liaison, chauffeurs). Qu’y a-t-il de malsain en cela, sinon la tendance hystérique à diaboliser des "jeunes" plus que jamais décidés à sortir de certains rangs !

- Question du journal : "Si, comme on l’imagine, la corruption d’un juge peut consister à lui donner quelque chose pour qu’il ne dise pas le droit, comment peut-on corrompre un greffier, qui n’a pas de pouvoir de décision comme le juge ?"

Réponse (toujours convaincu) de M. Zerbo : "Un bon greffier est toujours un complice du juge... Je vous ai dit que le greffier et le juge sont des complices, ils forment un tandem..."

Le SGB tient à affirmer qu’il n’est pas sympathisant, encore moins solidaire, des propos de M. Zerbo. Ce critère équivoque de qualité du greffier (un juriste, même en herbe, choisit ses mots !) ne résulte d’aucun module de formation du greffier, ni théorique (à l’ENAM) , ni pratique. Concédons cependant à ceux qui se soulagent de ce "La justice n’a pas le monopole de la corruption" (titre de l’article) non seulement la charge de leurs convictions morales, déontologiques et syndicales intrinsèques, mais aussi le droit d’exposer publiquement leurs affinités ou tendances... D’ailleurs, cela ne surprend pas !

Pour sa part, le SGB, sans faire le procès de l’état de corruption de quelque animateur de la scène judiciaire (des voix plus autorisées pourront le faire), ne souscrit nullement au principe qui voudrait que la corruption (phénomène intuitif et culturel, selon M. Zerbo) soit un fait banal et normal de société ! Une telle approche est non seulement désarmante, mais surtout contre nature face à la raison de l’action syndicale : l’amélioration des conditions de vie et de travail, et la moralisation des corps professionnels !

Sur l’existence d’une "Union des greffiers du Burkina" : Il existerait, selon M. Zerbo, une structure dénommée "Union des greffiers du Burkina". Jusqu’à présent, cette structure se présente sous cape, et ce, pour des raisons qu’il ne sied pas d’exposer en public. Nous sommes bien dans la maison du Droit, et nous estimons qu’une structure de cette ampleur se doit d’être créée dans le cadre des lois et règlements en vigueur... En attendant le dénouement de cette cuisine interne, il nous semble certainement plus urgent de réaliser l’union des structures représentatives des intérêts du personnel judiciaire, et ce, au mépris des divergences de leadership. Les "anciens" seraient ici sages d’œuvrer davantage - avec les jeunes - à cette fin.

Deux observations importantes pour la gouverne du profane de l’organisation judiciaire : primo, les Tribunaux de grande instance (TGI) n’ont pas de chambre sociale dans leur structuration, et d’autre part, le Conseil constitutionnel, aux termes de l’article 126 de la Constitution, n’est pas une juridiction. Il est une institution (art. 152 de la Constitution), et cela expliquerait peut-être l’absence d’un Greffe (donc de l’institution d’un greffier en chef) dans sa structuration.

Nous espérons avoir remis un peu d’ordre dans l’esprit des lecteurs subjugués qui nous ont interpellés sur certains propos de l’interview.

L’individu s’est-il déployé à titre personnel ou en sa qualité de secrétaire général du SYNAJ ? Nous voudrions ne pas croire qu’il s’agit du reflet de toute une structure syndicale. Peu importe, car comme le disait si bien ce sage perdu dans nos mémoires : « Si ce que tu as à dire ne vaut pas mieux que le silence, de grâce, tais-toi ! » Restons dignes, toujours et partout !

Le Bureau national du SGB

Syndicat des greffiers du Burkina (SGB) : e.mail : syndicatdesgrefiersduburkina@yahoo.fr Tél. : (00226) 70 26 63 48 ; 76 64 87 88 ; 70 73 19 95

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 14 novembre 2006 à 10:41 En réponse à : > Justice : Des greffiers nuancent les propos du SG du SYNAJ

    Cet écrit n’est que le témoignage de votre manque de maturité Messieurs. Essayez d’être poli quand vous réagissez à l’intervention de quelqu’un qui ne vous a pas manqué de respect, ni ne vous a pas proféré d’injure. Vous êtes agressif et on aurait raison de croire que votre jeunesse est sérieusement un handicap pour l’unité du corps des Greffiers. Inutile de toujours aller en guerre contre celui qui ne partages pas vos opinions ; droit de réponse oui, mais un peu de respect, éducation oblige.

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