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Football : l’international Aristide Bancé roulé par un agent véreux ?

Publié le jeudi 5 octobre 2006 à 07h19min

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Depuis quelque temps, l’international burkinabè Aristide Bancé se trouve dans une situation un peu confuse. En effet, il semble sans club bien qu’il ait signé un contrat de 8 ans avec le club de Methalurb Dorsnek D’Ukraine. "Aristide a tout simplement été trahi par celui qui lui disait être son papa", a confié son conseiller, le Français d’origine congolaise Alfred Raoul Kimbembe, qui a séjourné récemment à Ouagadougou.

"Le Pays" : Quelles sont les raisons de votre séjour au Burkina ?

Alfred Raoul Kimbembe : J’ai été mandaté par trois clubs que sont L’AS Nancy (France), Standart de Liège (Belgique), Kaiserkautern (Allemagne) qui ont pris connaissance des malheurs d’Aristide Bancé. Ceux-ci m’ont demandé de venir m’entretenir avec les premiers responsables du football burkinabè pour les rassurer et essayer de trouver une solution à la situation du joueur dans son club.

Peut-on en savoir un peu plus sur cette situation du joueur qui vous oblige à venir à Ouagadougou ?

La raison est simple : il se trouve qu’Aristide Bancé a été transféré, il y a environ deux mois, au club du Methalurb Dorsnek contre son gré. L’opération a été pilotée par Willy Verhoost, manager général du club de Lokeren (Belgique) et agent de joueur, ce qui est totalement inacceptable conformément aux règlements et textes de la FIFA. Mon rôle aujourd’hui est de pouvoir expliquer aux autorités burkinabè qu’Aristide Bancé est dans de bonnes mains.

Nous sommes en train de trouver une solution qui soit basée sur un accord avec son club actuel, dans l’optique de le transférer dans un autre club. Le fait d’avoir été transféré contre son gré, il faut l’admettre, a créé un malaise . Il y a eu une erreur de casting qu’on essaie de corriger.

Comment peut-on expliquer qu’Aristide Bancé ait signé un contrat contre son gré ?

Aristide Bancé est, avant tout, un jeune joueur de 22 ans. Malheureusement, celui qui l’a découvert est un négrier qui lui a fait croire qu’il pouvait compter sur lui, qu’il le ferait évoluer dans les hautes sphères du football. Aristide Bancé a donné sa confiance comme un frère africain peut la donner à un grand frère africain.

Ce qu’il n’a pas compris, c’est que cette personne, en qui il avait placé sa confiance, l’a purement et simplement trahi. Pourtant, Aristide Bancé était convoité par des clubs européens de renom comme Nancy, Standart de Liège, Anderlecht, Kaiserlautern. Il se trouve que Lokeren a eu des propositions et/ou des contacts et a privilégé, ce qui est son droit le plus absolu, la meilleure proposition.

Mais le problème qui s’est posé, c’est qu’il n’y avait pas de contre-pouvoir, puisque Lokeren a le droit de vendre à qui il veut, le joueur qui est sous contrat chez lui. En contrepartie, il fallait qu’Aristide Bancé ait à côté de lui quelqu’un qui puisse l’aiguiller et lui dire : "Ecoute, ce n’est pas bon pour toi, parce que tu es trop jeune", et peut-être privilégier la piste de Nancy ou d’un autre club.

A peine a-t-il foulé le sol ukrainien qu’ Aristide m’a fait savoir qu’il avait dit au manager général qui l’avait accompagné qu’il ne se sentait pas bien. Le manager le rassura que ça irait, puisqu’il savait que le contrat était de 1,7 million d’euros, ce qui était bon pour son club, mais pas bon pour le joueur. Toute personne qui connaît le football se pose la question de savoir comment il se fait qu’un jeune de 22 ans choisisse comme destination l’Ukraine.

Aristide Bancé a été berné par un individu qui pratique la langue de bois et a déjà créé des situations conflictuelles en Afrique, précisément au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Guinée. Renseignez-vous sur bon nombre de joueurs qui sont passés par Lokeren, dont des Burkinabè tels que Patrick Zoundi et Boureima Maïga, et vous serez effarés de la manière dont ils sont sortis de ce club, après que Willy Verhoost les a dénichés et leur a fait croire qu’il était leur papa. Pour moi, un papa ne peut pas amener son enfant au goulag.

Connaissiez-vous Willy Verhoost auparavant, et comment doit-on comprendre son comportement ?

J’ai été un grand ami de Willy Verhoost et, quelque part, j’ai une part de responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui. Les gens peuvent dire par la suite que je suis aigri, qu’il y a eu quelque chose, qu’on me doit de l’argent, mais je dis non. Je suis la personne qui a introduit Willy Verhoost en Afrique, et la cheville ouvrière des partenariats qui ont été conclus entre le Satellite FC d’Abidjan, le Satellite FC de Guinée, le Canon de Yaoundé et Lokeren.

Je l’ai fait avec une politique claire et précise : Lokeren apporte du matériel, de l’expertise, des ressources humaines et, en contrepartie, Lokeren a la priorité sur les meilleurs joueurs de cette équipe, moyennant une dotation financière qui oscillerait entre 150 et 200 millions de F CFA. Ce montant a été revu à la baisse et à partir de ce moment, j’ai quitté le navire. L’Afrique l’a accueilli et le fera toujours. Puisque c’est un citoyen du monde, mon devoir est de faire savoir en toute objectivité que lorsqu’il met les pieds dans un pays africain, il doit en respecter les règles.

Qu’est-ce qui va se passer maintenant pour le cas Aristide Bancé ?

Aristide Bancé doit, à l’issue de son match international entre le Burkina et le Sénégal, rejoindre son club d’origine en Ukraine. Il a un contrat d’une durée de 4 ans qu’il doit honorer. Aristide a une dispense officielle actuellement, le temps de voir avec son agent et moi-même son conseiller afin de savoir ce qu’il y a lieu de faire et lui expliquer ce qui va se passer.

Il a jusqu’au 20 octobre pour retrouver son club qui doit comprendre, par le truchement de Laurent Dechaux (agent d’Aristide) et moi-même, qu’il y a eu erreur de casting. Je voudrais relever que si les clubs africains s’engagent avec d’autres clubs pour des partenariats, il faut qu’ils sachent lire entre les lignes pour ne pas se faire avoir.

Propos recueillis par Antoine Battiono

Le Pays

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