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Drogue à Nemnin : Ils « sniffaient » au vu et au su de tout le monde

Publié le mardi 19 septembre 2006 à 07h24min

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La vindicte populaire semble être le maître mot dès que les masses sont agacées par les assauts répétés des délinquants. Le dimanche 17 septembre dernier dans le quartier Nemnin de Ouagadougou (secteurs 11 et 12), la population a réglé leur compte à des présumés drogués à travers une course-poursuite.

Habitats démolis et brûlés, une quantité de drogue saisie et le propriétaire d’une cour incriminé, tel est le bilan de ce règlement de compte.

Le dimanche dernier, Nemnin était en ébullition ; ou du moins la partie qui jouxte l’école primaire du quartier et les abords du marché de Koursin-Yaar. Des jeunes de cette zone, hommes et femmes ont décidé de mettre fin à ce qu’ils appellent « le bordel dans leur entourage ». Ils n’en pouvaient plus de la cohabitation avec ces présumés drogués qui « semaient la merde ».

Ils se sont alors organisés en bandes, armés de gourdins et de machettes et se sont lancés à la poursuite des délinquants. La traque a commencé vers le marché de Koursin-Yaar et s’est étendue à d’autres concessions non loin de l’école Nemnin. C’est d’ailleurs là que nous avons joint les frondeurs, tous survoltés et décidés à en découdre avec les toxicomanes.

« Nous sommes trop dérangés dans notre quartier à cause de ces drogueurs. Nous ne pouvons plus supporter les agissements des dealers. Nous avons des problèmes avec nos jeunes frères à cause de la drogue. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes réunis pour prendre notre liberté, car nous n’arrivons plus à respirer. Nous en avons marre », nous a lancé un des jeunes, fou de rage. Pour lui, ce sont des inconscients qui vendent cette saleté.

Soudain, un autre jeune surgit devant nous. « Moi, je suis du secteur 12. Je suis venu soutenir mes amis du quartier, car les drogués sont en train de gâter nos frères ». Ils soutiennent tous que s’ils ont eu le courage d’agir de la sorte, c’est parce qu’ils ont assez parlé. « Si nous avons fait quelque chose de mal, c’est parce que nous n’avons pas le choix », rétorque, un monsieur plus modéré. L’un deux nous a confié que chaque fois qu’ils attirent l’attention de la police, les délinquants sont appréhendés puis relaxés.

La police et la gendarmerie seraient plusieurs fois interpellées

Pendant ce temps, l’on attire notre attention sur un monsieur, le sieur Kabré Emile, qui serait le propriétaire d’une des cours à moitié démolie. Celui-ci, le regard hagard, a failli être lynché. On lui reproche d’être de mèche avec les drogués. Il semble que souvent la cour du sieur Kabré est bondée de jeunes qui fument des « choses aux odeurs insupportables ».

Si ces délinquants se contentaient de se « chooter », la population ne se serait pas soulevée. Mais, dans leur basse besogne, ils entraînent d’autres enfants du quartier. En plus, l’insécurité a atteint un seuil considérable. Les cas de vols sont récurrents et il est souvent impossible de sortir à certaines heures.

Pendant que nous étions sur les lieux, la police secours débarque. Les hommes du « chef Zebré » (il s’est réservé de donner toute son identité) se sont emparés d’un sachet de drogue. Après un interrogatoire, ils ont embarqué l’hôte des drogués, le sieur Kabré. Lorsque l’officier Zébré a demandé aux jeunes s’ils ont déjà alerté les forces de l’ordre, ceux-ci affirment qu’ils l’ont fait à maintes reprises.

Le vieux Paul Kaboré, qui partage un mur avec la cour incriminée, dit avoir été obligé de barricader son mur car à chaque fois que les forces de l’ordre interviennent, ces malfrats enjambent son mur et le perturbent à tout moment. Il dit ne pas pouvoir dormir souvent du fait que dès que « ces égarés-là prennent leur "chose", ce sont des palabres interminables, des bagarres toute la nuit ».

Pour lui, les jeunes du quartier ont bien fait. « Il était temps que nous prenions nos responsabilités », a-t-il ajouté. Maintenant que les concessions ont été démolies et leurs locataires chassés, tous espèrent qu’ils pourront vivre dans la quiétude. Mais, c’est sûr que les dealers ont déjà formé des adeptes parmi la population. Espérons qu’ils n’ont pas fait que casser le thermomètre.

Kader Traoré

L’Observateur

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