LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Fait divers : Le lot de consolation

Publié le mercredi 13 septembre 2006 à 07h30min

PARTAGER :                          

Du village, on avait appelé un jour Basga pour lui dire que l’on avait trouvé une femme pour lui : Némata, la fille du vieux Noaga du village voisin. Parce qu’il vivait en ville depuis longtemps, Basga ne connaissait Némata que très imparfaitement.

Or ses frères, du fait que les deux villages étaient voisins, eux connaissent Némata assez bien. Ils savaient qu’elle avait un amant, un solide gaillard d’un autre village voisin. En tant que frères, ils en parlèrent à Basga. Celui-ci ne discuta pas, ayant compris pourquoi à la moindre dispute, à la moindre peccadille, son épouse se sauvait de chez elle au village. Toutes les fois, il avait été obligé d’envoyer parents et amis ou de s’y rendre lui- même pour s’expliquer et lui demander de revenir.

Maintenant Basga savait : ce n’était là que prétextes pour aller rejoindre son amant. Aussi, à l’annonce des funérailles du grand oncle de son épouse, Basga décida-t-il de lui tendre un piège. Près d’une semaine avant cette commémoration, elle demanda à rentrer au village, question d’aider les mamans et les tantes à préparer l’événement. Comme s’il s’y attendait, Basga lui remit de l’argent pour l’achat du bouc et des canaris de dolo car, en tant que beau-fils il se devait de le faire, conformément à la tradition.

Il lui avait également dit qu’ils ne la rejoindrait que le jour des funérailles et qu’ils, retourneraient ensemble à Ouagadougou le lendemain : une mauvaise joie était en lui. En fait, Basga se rendit dans son propre village la veille de la cérémonie. Avec ses frères ils arrêtèrent leur plan : ayant annoncé à Némata qu’il n’arriverait que la veille et qu’ils repartiraient ensemble. Il s’était dit que cette dernière aurait à l’idée une dernière fois de rendre visite à son amant dans la nuit d’avant sa venue.

Au village, les amants ne se retrouvaient que très tard et ne se séparaient que longtemps avant le chant du premier coq ; et les hommes savent que celles qui sont « nées et grandies » au village profitent généralement des funérailles pour rencontrer leurs « types ».

A une heure avancée de la nuit, Basga et ses frères allèrent s’embusquer dans les broussailles et sur les arbres de l’unique chemin qui mène à l’autre village, celui de l’amant. Le piège tendu à Némata avait fonctionné selon les attentes de son mari. Elle s’était rendue chez son gars qui, maintenant revenait la déposer à l’orée du village sur sa veille motocyclette.

Dès qu’ils se furent arrêtés, Basga et ses frères qui étaient cachés non loin de là surgirent et se mirent à courir en criant vers leur direction. Surpris et effrayé, l’amant abandonna son engin sur place et se mit à détaller sans un regard pour sa dulcinée qui, morte de peur n’arrivait pas à bouger.

Au village, les premières femmes chargées de surveiller la préparation du dolo étaient à pied d’ouvre. Elles virent avec ahurissement la petite troupe bruyante, Némata en pleurs venir dans leur direction.

Pendant que l’on était en train de s’expliquer, on vit arriver une femme. c’était la troisième épouse du chef. Dès qu’elle les aperçut, elle se mit à courir et disparut derrière les cases. L’on avait compris. Elle aussi venait de chez son amant. Le scandale planait sur le village et compromettait fortement la réussite des funérailles.

L’on supplia Basga et ses frères de garder le silence, ne serait-ce que le temps des réjouissances, de peur d’irriter les mânes et l’esprit de celui que l’on fête.

Mais en vérité, ces funérailles là furent un deuil pour Némata et pour Basga qui s’en sort quand-même avec un lot de consolation : la vieille motocyclette de son cocufieur.

Et puis entre nous, la honte des cocus ne sied pas à un chef de village ! donc silence ! ces funérailles-là, Basga n’est pas prêt de les oublier.

Sacrée Chédou OUEDRAOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique