LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Collectif CGT-B : "Les travailleurs et le peuple ont assez payé"

Publié le lundi 11 septembre 2006 à 07h07min

PARTAGER :                          

Contre la vie chère et l’impunité qui constituent le plat quotidien des Burkinabè, le Collectif syndical CGT-B (CGT-B, SYNATEL, SYNATEB, SYNATIC, SYNTAS) lance un appel pour une mobilisation sociale appropriée.

La situation nationale actuelle est marquée par une escalade de mesures antisociales prises par le gouvernement de la IVe République comme le montrent quelques titres des journaux de la place : "Une spirale de décisions impopulaires" : Le Pays du 28 août 06 ; "Quand la SONABEL noie ses clients dans le pétrole" : L’Observateur du 28 août ; "Les soucis kafkaïens de Paramanga" : L’Observateur du 30 août ; "Quand la SONABEL s’y met aussi" : JJ du 31 août ; "Les émeutes du casque" : L’Observateur du 4 septembre ; "La révolte des sans-casques" : Le Pays du 4 sept. 06 ; etc.

Assurément, les récentes mesures antisociales, faites de hausses des frais de scolarité, du prix de l’électricité et des biens de consommation courante, ajoutées au sacre de l’impunité dans l’affaire Norbert Zongo, annoncent une rentrée politique, syndicale et scolaire tourmentée.

Déjà, la tentative d’imposer le port obligatoire du casque le vendredi 1er septembre 2006 a été marquée par des manifestations violentes qui ont obligé les autorités à suspendre l’application de la mesure. En réalité, ces manifestations sont l’expression d’un ras-le-bol des citoyens, notamment ceux de Ouagadougou, confrontés à l’insouciance et à l’affairisme d’un pouvoir insensible aux problèmes que vivent les masses populaires.

La sonnette d’alarme avait été tirée

Pourtant, le mouvement syndical a, particulièrement ces derniers mois, tiré la sonnette d’alarme, à travers différentes grèves et manifestations de rue, à travers de nombreuses interpellations aux autorités, particulièrement pendant la campagne électorale pour la présidentielle de novembre 2005. Ainsi, dans leur message aux travailleurs et au peuple burkinabè à l’occasion de la grève des 15, 16 et 17 décembre 2005, les secrétaires généraux des centrales syndicales et syndicats autonomes précisaient ceci :

"Camarades, notre pays sort d’une campagne électorale et d’élections qui ont donné lieu respectivement à une véritable débauche d’argent et de moyens, et à de nombreuses promesses. Le mouvement syndical est intervenu dans la campagne électorale en avançant les préoccupations du monde du travail. Nous devons persévérer dans cette voie, d’autant que si la fièvre de la campagne est maintenant passée, les problèmes eux, demeurent entiers, s’ils ne s’aggravent pas.

En effet, le Conseil constitutionnel a proclamé les résultats définitifs de la présidentielle du 13 novembre 2005, consacrant Blaise Compaoré élu président du Faso pour les cinq années à venir. Les illusions s’estompent, l’euphorie retombe et nous nous retrouvons face à nos problèmes et à nos réalités quotidiennes. Ces réalités-là s’appellent :

salaires de misère et pensions incroyablement basses ;
justice à deux vitesses et impunité des crimes économiques et crimes de sang au Faso ;
famine, misère, impérialisme comme le FMI et ses PAS et privatisations sauvages ;
santé, éducation, emplois, très précaires ;
taxes exorbitantes rendant les produits de grande consommation très inaccessibles ;
liberté syndicale et droit de grève constamment remis en cause ;
réformes de la Fonction publique et du code du travail, antisociales ;
acrobaties de tous genres pour la survie, etc.

Ce sont là, quelques réalités pour les travailleurs et le peuple burkinabè ! Comme à son habitude, le gouvernement, suite aux différentes actions engagées par le mouvement syndical, a organisé des négociations, interrompues du fait de l’attitude du même gouvernement qui a conduit les syndicats à quitter la table de négociation et à mener les actions des 23 et 24 mai, des 10 juin et 1er juillet 2006.

La médiation entreprise par le CES, la décision des syndicats de repartir à la table de négociation courant septembre 2006, semblent perçues par le gouvernement, au regard des récentes mesures, comme un blanc-seing à lui accordé pour d’autres mesures antisociales.

Une justice aux ordres

Dans le même temps, le pouvoir de la IVe République accentue les mesures provocatrices en prononçant, par sa justice aux ordres, un non-lieu sur l’affaire Norbert Zongo. En effet, le mercredi 19 juillet 2006, le pouvoir de la IVe République, par la voix des sieurs Abdoulaye Barry et Adama Sagnon, respectivement procureur général et procureur du Faso, annonçaient la décision du juge Wenceslas Ilboudo de classer le dossier Norbert Zongo par un non-lieu.

Cette décision n’est, en réalité, qu’un montage grossier de la justice burkinabè, basé sur un prétexte fallacieux, à savoir la rétractation du sieur Jean Racine Yaméogo, l’unique témoin à charge dans l’affaire en question. Et tout logiquement, le mercredi 16 août 2006, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Ouagadougou, statuant sur l’appel de la partie civile, a confirmé l’ordonnance de non-lieu du juge Wenceslas Ilboudo dans l’affaire Norbert Zongo. Cette décision est, à n’en pas douter, la confirmation, si besoin en était encore, de la volonté du pouvoir de la IVe République d’enterrer définitivement le dossier Norbert Zongo.

En effet, l’ordonnance de non-lieu ne concerne pas seulement Marcel Kafando. Elle met aussi fin à la poursuite contre X. Ainsi, sur un dossier pour lequel le peuple burkinabè, dans toutes ses composantes, a exprimé une soif de justice inédite, la justice estime que ni Marcel Kafando ni personne d’autre n’est l’auteur de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons. Pourtant, personne, y compris le juge Wenceslas Ilboudo, le procureur général et le procureur du Faso, ne conteste que Norbert Zongo et ses trois compagnons ont été assassinés !

Voilà le vrai visage de la justice du pouvoir de la IVe République, pour qui, visiblement, l’indignation généralisée et la grande mobilisation sans précédent des masses dans nos villes et campagnes au lendemain du 13 décembre 1998 sous la conduite du Collectif des organisations démocratiques de masses et de partis politiques sont un vieux souvenir. Or, face à cette mobilisation populaire dans le cadre du Collectif, le pouvoir avait concédé la mise en place de la Commission d’enquête indépendante (CEI), laquelle, à la faveur d’un travail minutieux et professionnel, a abouti à la désignation de six suspects sérieux, tous de la garde présidentielle dont justement l’adjudant Marcel Kafando, condamné à la suite d’un procès historique, dans le dossier David Ouédraogo, dossier sur lequel enquêtait Norbert Zongo et qui mettait en cause François Compaoré, le frère cadet du chef de l’Etat.

Du reste, grâce à la pression populaire dont le pouvoir ne veut pas entendre parler, le dossier David Ouédraogo, même s’il a été saucissonné pour écarter François Compaoré, a été jugé et des condamnations ont été prononcées contre des éléments de la Sécurité présidentielle, dont Marcel Kafando.

Cette même pression populaire avait contraint Blaise Compaoré et son pouvoir à mettre en place un collège de sages, à nommer le 21 mai 1999 un juge d’instruction en la personne de Wenceslas Ilboudo avec des moyens conséquents (26 millions) pour l’instruction du dossier Norbert Zongo. Sept ans après, tout le monde aura compris le manège de Blaise Compaoré, à savoir jouer sur le temps pour émousser les ardeurs de ceux qui réclament vérité et justice pour Norbert Zongo afin de soustraire son petit frère François Compaoré de la justice burkinabè.

Pour une unité d’action large

Ainsi donc, après l’organisation des élections présidentielle et municipales qui ont consacré la victoire de Blaise Comporé et de son CDP, le pouvoir de la IVe République juge le moment favorable pour mettre le pied sur l’accélérateur des mesures antisociales et antidémocratiques, cela pour :

préserver son rang de meilleur élève du FMI, ce qui procure aux dirigeants et à leurs alliés "l’argent frais", dont ils raffolent tant ;
faire payer au peuple la débauche d’argent et de moyens constatés lors des élections, de même que les vols, détournements et autres fraudes, devenus le "sport national" pour ceux qui sont sur le terrain des "affaires" ;
préparer tranquillement les législatives de 2007 et assurer la perpétuation du système.

Les travailleurs et le peuple ont assez payé et tout le monde reconnaît qu’il n’est plus possible de vivre de cette manière au Faso. La vie est chère, très chère et dure au Faso ; et ceux qui subissent la vie chère, ce n’est pas seulement les travailleurs, mais toutes les couches populaires. D’où la nécessité d’une implication de tous dans la lutte contre la vie chère, pour le respect des citoyens et des libertés. Pour cela, il faut une véritable coalition nationale contre la vie chère, contre les mesures antisociales, contre l’impunité et pour les libertés politiques et syndicales. Cette coalition devra, en plus des organisations syndicales, réunir les organisations de jeunes, de femmes, de défense des droits de l’homme, des consommateurs, etc.

Le Collectif syndical CGT-B appelle :
ses structures et militants à faire le travail de sensibilisation et de mobilisation en vue de luttes fermes contre cette évolution intolérable de la situation nationale ;
l’ensemble du mouvement syndical à occuper avec fermeté sa place dans le combat social indispensable pour desserrer l’étau sur les travailleurs et le peuple ;
les autres associations de la société civile à l’unité d’action large contre le renchérissement intolérable du coût de la vie, contre l’impunité cultivée par la IVe République.

Non à la vie chère ! Non à l’impunité ! En avant pour une mobilisation conséquente !

Ouagadougou, le 6 septembre 2006

Ont signé pour le Collectif syndical :

CGT-B Tolé Sagnon Secrétaire général

SYNATIC Justin Coulibaly Secrétaire général

SYNATEL Valentin Sawadogo Secrétaire général

SYNTAS Victor Hien Secrétaire général

SYNATEB Tahirou Traoré Secrétaire général

Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique