Supporters des Etalons : Il faut calmer le jeu
Les Etalons entament le 2 septembre en Tanzanie les éliminatoires de la 26e Coupe d’Afrique des Nations dont la phase finale se joue en janvier 2008 au Ghana. Absents de l’édition 2006 en Egypte, ils sont contraints de figurer dans le groupe qui se disputera le trophée continental.
Pour cela, ils ont besoin de tous leurs supporters pour surmonter les obstacles. L’UNSE et la Coordination qui sont les deux structures de soutien doivent conjuguer leurs efforts au lieu de se combattre.
Le 11 août, le ministre des Sports et Loisirs Mori Jean-Pierre PALM installait en grande pompe, l’Union Nationale des Supporters des Etalons (UNSE). Cette structure mise en place par son département a pour ambition de fédérer les fans du Onze burkinabè pour dit-on mieux le soutenir. Le Comité de Noufou OUEDRAOGO s’est vite rallié en se sabordant. Noufou a été élevé au rang de président d’honneur de l’UNSE chargé de l’animation. Il reste la Coordination de Mahamadi KOUANDA. Evoquant la loi portant liberté d’association au Burkina Faso, elle refuse de disparaître.
Pour montrer qu’ils existent, KOUANDA et ses hommes ont tenu le 12 août une assemblée générale ordinaire aux TP. Cette réunion a regroupé des délégués venus de 36 provinces sur les 45 du pays. A la fin des travaux, quitus a été donné au bureau de continuer les activités comme si de rien n’était.
Ce que le Ministre PALM a voulu combattre lui est revenu comme un boomerang. Les supporters des Etalons resteront divisés encore pour longtemps.
Les raisons d’un déchirement
L’histoire des supporters est liée à la vie des Etalons section football. C’est pour les soutenir lors de la CAN 98 que le comité national de soutien aux Etalons dirigé dans un premier temps par Mohamed SOULEY, avant son élection à la tête de la FBF, a pris une grande envergure.
Sous l’impulsion du gouvernement, de grands opérateurs économiques comme Oumarou KANAZOE, Djanguinaba BARRO, Alizeta OUEDRAOGO dit GANDO et des grands commis de l’Etat vont prendre la direction. Tous les moyens sont mis à la disposition des supporters pour pousser les Etalons à la victoire. Les billets d’entrée, le transport au Stade et même de l’argent de poche étaient assurés par le Comité. Le Stade du 4-Août n’avait jamais mérité autant son nom « d’enfer » pour les adversaires des Etalons. Le Burkina a terminé au rang inespéré de 4e derrière la RD Congo, l’Afrique du sud et l’Egypte.
La mission accomplie, les gros bonnets se sont retirés, et l’Etat n’a pas dissout ce qui était considéré comme une association de circonstance. Le Comité a continué ses activités avec la bénédiction financière des pouvoirs publics et de certains mécènes.
Structure informelle sans cadre juridique bien précis, le Comité va devenir « pour certains un fonds de commerce, car sous le prétexte de pousser nos Etalons à la victoire, la voie était ouverte à toutes sortes de démarches, de quête d’argent et de levée de fonds aux destinations incertaines » pour reprendre les termes du ministre PALM.
Pire l’Etat ferme les yeux sur les abus causés par le Comité lors de la CAN 2000 à Kano au Nigeria, la CAN 2002 au Mali et la CAN 2004 en Tunisie. Sans doute, parce qu’ils n’ont pas eu leur part du gâteau KOUANDA et les siens sont allés créer la Coordination Nationale de Soutien aux Etalons.
Comme il est préférable d’être une tête de rat qu’une queue d’éléphant, « la mise à mort » de la Coordination serait un « suicide » pour KOUANDA dont nul n’ignore les difficultés sur le plan politique. Il a lui-même affirmé que si on lui enlève la Coordination il ne lui reste plus rien. C’est tout dire.
Face à quelqu’un qui considère sa structure comme une bouée de sauvetage, il est sage d’éviter un affrontement qui sera préjudiciable à tous.
Il faut s’entendre sur l’essentiel
L’existence de deux structures de soutien aux Etalons est aujourd’hui un fait. Il ne sert alors à rien de se combattre. Il faut coopérer pour atteindre l’objectif qui est le même.
Dans ce sens, l’UNSE doit faire plus d’efforts. Quoi qu’on dise l’offensive vient souvent de son côté. En témoigne le discours musclé du ministre des Sports et Loisirs lors de son installation « Notre décision de créer l’Union Nationale des Supporters des Etalons a été rendue nécessaire par la volonté d’enrayer le mal qui rongeait le milieu des supporters, devenu un terrain de luttes d’intérêt, marqué par un tel antagonisme des deux principales structures, antagonisme face auquel toutes les tentatives de médiation sont restées vaines », a dit Jean-Pierre PALM.
Avec le refus de disparaître de la Coordination, il se retrouve à la case de départ parce qu’il faut gérer l’antagonisme de la structure qu’il a créée. Si la représentativité que la Coordination revendiquée se confirme en nombre de supporters, il ne pourra pas les négliger. Or pour les prochains matchs des Etalons, décision a déjà été prise de ne permettre le déploiement d’autres banderoles que celles de l’UNSE. La mise en application de cette mesure laisse craindre des échauffourées entre les deux groupes.
Les protagonistes de la chaîne de soutien aux Etalons doivent dès à présent se mettre autour d’une table pour discuter afin de s’entendre sur l’essentiel. Cela devrait être possible puisqu’ils revendiquent le même objectif qui est le soutien aux Etalons quelle que soit la discipline. Il ne faut surtout pas chercher à faire disparaître l’autre contre son gré. Nul ne sera de trop dans le soutien qu’il apporte aux acteurs sur le terrain.
Il est mieux de se serrer les coudes si on veut que les sportifs remportent des victoires.
La campagne que les Etalons entament le 2 septembre pour la qualification à la phase finale de la CAN 2008 sera difficile. Avec un groupe à quatre où le premier fera le voyage du Ghana, il faut être à 100% lors de chaque sortie surtout à domicile. Mieux que quiconque les Burkinabè savent que la qualification à la CAN se joue à la maison. Et pour toujours gagner au pays, il faut que les supporters agissent comme un seul homme.
UNSE ou COORDINATION, il faut calmer le jeu, s’entendre sur l’essentiel : La conquête de trophées par les Etalons.
Par Ahmed NAZE
L’Opinion