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Eboulement à la mine d’or de Poura : Une mission du gouvernement sur les lieux

Publié le lundi 28 août 2006 à 07h50min

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Une semaine après l’éboulement survenu à la mine d’or de Poura, une mission du gouvernement conduite par les ministres de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et de la Sécurité s’est rendue le 25 août dernier à Poura.

La mission est allée constater de visu la situation, présenter ses condoléances aux parents des victimes et entendre de vive voix les populations afin de prendre les décisions qui s’imposent suite au drame du 17 août.

C’est en compagnie du gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, du haut-commissaire des Balé, d’anciens travailleurs de la mine, des autorités locales que la délégation gouvernementale est allée constater à plus de 60 mètres de profondeur, l’effrondrement des trous creusés par ces orpailleurs sur une des galeries laissées par la mine industrielle. Elle a pu mesurer l’ampleur des risques que vivaient ces chercheurs d’or dont plusieurs ont été ensevelis par cet éboulement.

Les autorités ont reçu des explications sur les méthodes de secours que les sapeurs-pompiers, les volontaires ainsi que la sécurité ont développées dans l’espoir de sauver des survivants.

Les ministres Clément P. Sawadogo et Djibrill Bassolé ont rendu des hommages aux secouristes avant de se rendre au centre populaire des loisirs de la ville minière où ils ont longuement échangé avec la presse et par la suite, avec la population.

Face aux journalistes, le ministre de l’Administration territoriale et la Décentralisation a reconnu que l’arrêt de l’exploitation industrielle de l’or sur le site a favorisé ce drame. Il a expliqué que la SOREMIB a été mise en liquidation depuis octobre 1999. Ce qui a entraîné un arrêt de toutes les opérations d’exploitation. « Depuis cette période, les liquidateurs chargés d’exécuter la liquidation, travaillent à la finaliser.

En 2002 et 2003, après un appel d’offres international, un repreneur avait été trouvé. Il s’agit de la société Oscar Industrie qui n’a pas tenu et la reprise n’a pas abouti, » déclare le ministre Sawadogo. Il insiste en disant que même en termes de surveillance du site, ce repreneur n’a pas respecté ses engagements et un désaccord entre le liquidateur et cette société est intervenu.

« Etant donné que cette opération a échoué, la situation actuelle est que l’Etat burkinabè attend que le syndic-liquidateur finalise la liquidation de SOREMIB et dépose le bilan afin que l’Etat puisse lancer à nouveau un appel d’offres en vue de trouver un autre repreneur, » souligne-t-il. Une situation qui a favorisé cet envahissement anarchique et illégal du site. Cette ruée vers l’or comporte des risques car les orpailleurs vont au-delà de 80 mètres pour exploiter et c’est qui est la cause de ce drame, selon le ministre.

L’Etat est-il responsable de l’éboulement ?

A la question de savoir si le drame de Poura n’engage pas la responsabilité de l’Etat, le patron de la Sécurité, Djibrill Bassolé répondra par l’affirmative : « Oui, dans l’absolu, on peut le dire. Un site comme celui-là qui a été abandonné devra être normalement surveillé et protégé ». Au regard de son étendue, les difficultés existent pour y mettre un dispositif de sécurité. Pour interdire l’accès aux orpailleurs, soutient Djibrill Bassolé, il faudrait une surveillance 24 heures/24 par zone et cela est difficile à réaliser car les forces de sécurité publique n’ont ni les effectifs ni les moyens pour y faire face.

Le ministre Bassolé rappelle que dès la fermeture de la mine, un détachement de l’armée avait été déployé sur les lieux mais la prise en charge des éléments était insupportable pour une activité qui ne produit pas de recettes. « A priori, s’il y a des problèmes, le syndic-liquidateur est aussi responsable en tant que chargé d’assurer la sécurité du site.

Mais dans cette situation, il faut regarder en profondeur car tant que l’état de non occupation du site va perdurer, il est difficile quel que soit le dispositif mis en place, d’éradiquer la présence des orpailleurs, » indique Clément P. Sawaodogo. Pour ce qui est du bilan des victimes, la délégation gouvernementale établit à 6 le nombre des blessés dont un grave qui s’est rétabli par la suite.

En outre, 11 personnes sont portées disparues. Dans le pire des cas, selon le ministre de l’Administration du territoire, il y aurait eu les 3 morts certains et 11 portés disparus dans les tranchées. On indique que la profondeur pourrait aller au-delà de 270 mètres alors que la brigade des sapeurs-pompiers est arrivée à plus de 80 mètres en bordure du lac souterrain.

Se trouvant nez-à-nez avec l’eau souterraine des odeurs de corps en putréfaction ont été senties et confirment que certains sont ensevelis dans l’eau. Sans pouvoir déterminer le nombre exact des victimes, le ministre a souhaité qu’il y ait moins de décès au regard des multiples puits qui se communiquent où pourraient éventuellement se sauver des orpailleurs au moment de la catastrophe. Des victimes, faut-il le rappeler que la population ne connaît pas tous.

Les orpailleurs n’entendent pas désarmer si....

Après avoir présenté leurs condoléances aux parents des victimes, la mission du gouvernement a échangé avec les populations de la localité dans l’optique de trouver des mesures appropriées pour éviter une telle situation. A la lumière des débats les représentants des hommes, des musulmans, des femmes et le chef coutumier de Poura-village, ont tous demandé la réouverture de la mine industrielle dans un bref délai.

A défaut de cela, ils demandent l’autorisation d’organiser les orpailleurs car soutiennent-ils, l’exploitation artisanale de Poura est la principale source de revenus de toute la population car les surfaces cultivables sont limitées dans la zone.

C’est avec beaucoup d’émotion que les uns et les autres ont attiré l’attention de la délégation sur les conditions de vie difficiles que la population sevrée de sa mine industrielle mène actuellement. « On ne peut pas vous autoriser d’exploiter l’or de cette manière, il y a des risques et c’est illégal mais nous sommes entièrement d’accord pour la réouverture urgente de la mine. Cela y va de l’intérêt de l’Etat lui-même », a laissé entendre le ministre Sawadogo.

Pour ce faire, l’accélération de la procédure de liquidation par le syndic-liquidateur afin de permettre au ministère de tutelle de lancer un appel d’offres international dans le but de trouver un partenaire pour la reprise des activités industrielles de la mine sera soutenue par la mission.

Rasmané ZONGO(rasmane_zongo@yahoo.fr)
AIB/Boromo

Sidwaya

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