LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Eboulement au site d’orpaillage de Poura : La mine, désormais une fosse commune

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h09min

PARTAGER :                          

Le jeudi 17 août 2006, un éboulement survenu dans la mine d’or de Poura faisait trois morts, cinq blessées et un nombre, jusque-là indéterminé, de disparus. Au terme de quatre jours de recherches infructueuses, les sapeurs-pompiers ont arrêté leur intervention, pour,entre autres raisons, une question de sécurité.

Dans son bureau sis à l’état-major de la brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP), où il nous a reçu, le commandant Doumandji Karambiri revient, dans cet entretien, sur les difficultés rencontrées sur les lieux, le nombre probable de corps restés sous les décombres...

Vous venez d’arrêter les recherches après quatre jours de vaines et pénibles recherches. Est-ce pour des raisons techniques ou tout simplement parce qu’il n’y avait aucune chance de retrouver des survivants ?

• C’est pour les deux raisons à la fois. Des raisons techniques liées à la sécurité des hommes. Nous estimons que la majorité des victimes ensevelies sous les décombres ne pouvait être atteinte sans risques graves pour les secouristes. Nous sommes là pour sauver des vies et non pour créer des situations d’insécurité.

Mais concrètement, quelles sont les difficultés techniques rencontrées ?

• Lorsque nous avons évacué les décombres provenant de l’éboulement, l’on a procédé à des fouilles très profondes.

Mais compte tenu, d’une part, des parois fragilisés par les explosions (NDLR : des orpailleurs utilisaient des dynamites pour éclater les roches) et d’autre part, de la présence de l’eau dans la galerie souterraine, nous nous sommes rendu compte des énormes risques d’effondrement.

En plus de cela, en surface, il y avait des failles qui s’agrandissaient au fil du temps. Toutes ces raisons nous ont conduits à l’arrêt des fouilles.

Vous confirmez donc que c’est l’usage de dynamites qui a provoqué le drame ?

• Je pense que oui. L’éboulement a eu lieu une ou deux heures après l’explosion d’une dynamite. Les parois étant déjà fragilisées par les entailles faites par les orpailleurs et par l’humidité, l’ensemble a alors cédé.

Jusqu’à quel profondeur sont descendus les secouristes ?

• Nous sommes arrivés à un point critique. On est parti du niveau 62 (NDLR : 62 m de profondeur) et par endroits, on a atteint le niveau 87. Mais on n’a pas trouvé de cadavres. Des odeurs de corps en putréfaction émanaient de l’eau, mais personne ne pouvait y accéder.

Connaît-on aujourd’hui le nombre de personnes restées au fond de la mine ?

• Avec les renseignements que les autorités locales ont pu réunir, ce nombre varie d’une dizaine à une vingtaine tout au plus. Même les orpailleurs sont unanimes que ça ne dépasse pas cette fourchette.

Sur le théâtre des opérations, il y a eu quelques frictions entre les sapeurs- pompiers et les orpailleurs qui participaient aux recherches. Quelles en étaient les causes ?

• Nous avons une méthode de travail qui tient compte des mesures de sécurité. Les orpailleurs, eux, n’entendaient pas évoluer de la sorte. Ces derniers voulaient s’en tenir à leur méthode classique de travail pleine de risques.

Nous n’étions pas d’accord pour ça, car cela mettait la vie de tout le monde en danger. De 50 au départ, le nombre d’orpailleurs qui nous aidait est passé à une quinzaine au troisième jour.

Vous avez dû travailler avec du matériel léger, voire inapproprié (pioches, pelles et cordes notamment). Est-ce parce que la BNSP ne dispose pas de moyens performants face à de pareils sinistres ?

Pour nous-mêmes, nous n’en disposons pas. Mais la BNSP travaille en collaboration avec d’autres structures, notamment le génie militaire, dotées de grands moyens.

Le commandant de la brigade avait tenu à faire appel à ce matériel qui, au regard de la réalité sur le site (NDLR : fragilité du terrain, présence de nombreux puits), n’était pas le plus indiqué. Mais un militaire, c’est aussi ça : atteindre le maximum de résultats avec le minimum de moyens.

Entretien réalisé par Alain Saint Robespierre

Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique