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XVIe conférence internationale de Toronto sur le SIDA : Participation positive du Burkina

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h08min

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La XVIe Conférence internationale sur le SIDA tenue du 13 au 18 août 2006 à Toronto (Canada) et placée sous le thème « Passons aux actes » a largement répondu aux attentes des participants et particulièrement de la délégation du Burkina.

« Passons aux actes » ou Time to Deliver en anglais, ce thème a été choisi pour souligner l’urgence persistante qui s’impose aux acteurs de la lutte contre la pandémie pour élaborer des stratégies de prévention et de traitement efficaces contre le VIH pour les communautés du monde entier.

En effet, vingt-cinq années après l’apparition des premiers cas du VIH/SIDA, son ampleur nécessite encore une responsabilité accrue de la part de tous les intervenants quant à leurs engagements sur les plans financier, programmatique et politique.

La délégation du Burkina à cette importante conférence, forte d’une soixantaine de personnes issues du ministère de la Santé, du Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre le SIDA (SP/CNLS-IST), des structures communautaires et des ONG, a été conduite par le ministre de la Santé, Alain Bédouma Yoda, 1er Vice-Président du CNLS-IST. Cette rencontre ayant réuni 24 000 personnes environ a permis à nos représentants ainsi qu’aux leaders du monde communautaire, politique, scientifique et des ONG d’analyser les expériences acquises dans la lutte contre l’épidémie et de définir les actions à venir.

VIH/SIDA et les IST. La XVIIe conférence internationale se tiendra du 3 au 8 août 2008 à Mexico au Mexique, en Amérique latine.

Tout comme aux conférences précédentes, l’anglais a été la langue de prédilection pour les communications. Et si cela n’a pas posé gros problèmes aux représentants des associations venus des pays francophones pour se faire comprendre parfois au moyen d’abondants gestes devant leurs stands d’exposition, par contre, au niveau des échanges entre scientifiques, cette situation n’a pas été sans inconvénient surtout lorsqu’il s’agit d’expressions chimiques. Par ailleurs, le nombre fort élevé des communications somme toute intéressantes, n’a pas facilité le choix lorsqu’on est intéressé par plusieurs qui se retrouvent programmées à la même heure dans des salles différentes.

Jérôme Bilélé BENIN
Département Communication
et relations Publiques du SP/CNLS-IST


Des rencontres fructueuses

Au terme de sept jours d’échanges, le Secrétaire permanent du CNLS-IST, le Dr Joseph André Tiendrébéogo et Mme le maire de l’arrondissement de Bogodogo, Drabo, membre du CNLS-IST représentant l’Alliance des maires, ont fait le point de la participation du Burkina Faso.

Dr Joseph André Tiendrébéogo (J. A. T.) : La participation du Burkina Faso à cette conférence est très positive. Nous sommes à notre troisième participation après celle de Barcelone en 2002, et de Bangkok en 2004. Cette année, nous sommes venus avec une forte délégation de plus de 60 personnes.

Du point de vue des secteurs d’intervention en commençant par le monde communautaire, disons que c’est la première fois que nous sommes autant représentés. D’abord, nous avons un stand burkinabé.

Ce qui est extrêmement important. Nous avons vu le monde communautaire, notamment l’Association African solidarité, exposer non seulement des prospectus sur ce qu’elle fait au niveau pays, mais également a permis à d’autres acteurs du monde communautaire et à la structure nationale de coordination que nous sommes, de pouvoir exposer nos différents documents sans compter les posters que nous avons vus dans le hall d’exposition. Concernant toujours le monde communautaire, nous pouvons souligner la participation active des associations aux différents ateliers et les présentations des abstracts qu’elles ont eu à faire qui ont été très positives à nos yeux.

S’agissant du monde scientifique ou du secteur médical, nos éminents chercheurs et professeurs ont également présenté des abstracts. Le point qui a été fait à ce niveau est très appréciable.

Enfin pour ce qui est de la structure de coordination, nous participons à tous les niveaux (communautaire et scientifique) aux différents travaux. Nous avons de façon spécifique, présenté des abstracts sur les Comptes nationaux SIDA. Ce qui a été une excellente chose. Par ailleurs, nous avons pu organiser des séries de rencontres et de concertations entre les différents participants burkinabé.

Question (Q). : Quelles leçons pouvez-vous tirer des échanges, discussions et grandes idées qui ont été dégagées, et en quoi tout cela peut servir aux actions à venir ?

J. A. T. : Ce qui va servir aux actions futures, c’est que nous avons noté avec satisfaction, l’avancée de la recherche par rapport au vaccin, aux médicaments, aux méthodes de prévention. Nous pensons qu’à l’avenir, l’accent sera mis sur les méthodes de prévention notamment les microbicides, le préservatif féminin dit de deuxième génération qui est meilleur que celui que nous avons sur le marché aujourd’hui.

Bien sûr, le traitement ne sera pas en reste puisque les mesures de prévention doivent aller de pair avec le traitement afin de permettre à ceux qui en ont besoin d’en bénéficier et de vivre décemment.

La recherche va se poursuivre également. Selon les différentes présentations, il ressort que le problème du vaccin reste posé. Mais les chercheurs ne sont pas découragés et il y a de l’espoir que d’ici quelque temps ils puissent découvrir quelque chose à même de soulager un tant soit peu les souffrances des malades.

Q. : Le ministre de la santé, 1er Vice-président du Conseil national de lutte contre le Sida, chef de délégation du Burkina Faso, avant de quitter Toronto, s’est entretenu avec la majorité des participants. Qu’est-ce qui est ressorti de cette rencontre ?

J. A. T. : Je me dois d’abord de remercier M. le ministre qui donne chaque fois cette opportunité aux membres de la délégation de se rencontrer. Vous savez que la participation à une telle conférence est très diversifiée vu que les uns et les autres obtiennent leur bourse de participation de divers partenaires. Depuis donc notre participation à ces conférences successives à Barcelone, Bangkok, et Toronto, nous avons toujours eu l’occasion d’échanger avec monsieur le ministre. Ce qui ressort de cette rencontre, c’est l’esprit de solidarité que tous les participants burkinabé doivent avoir pour soutenir ceux qui ont besoin d’aide (présentation d’abstracts par exemple). Ce qui est remarquable, est que nous sommes la seule délégation à pouvoir se retrouver avec son premier responsable pour échanger et discuter. C’est ainsi que les uns et les autres sont informés de l’agenda de notre délégation. Il faut surtout retenir l’esprit de solidarité qui a caractérisé l’ensemble des participants.

Mme Zénabou Drabo (Z. D.) : La fédération des municipalités au Canada a bien voulu inviter l’Alliance des maires pour la lutte contre le Sida. Il s’agit précisément de deux francophones : notre président basé à Genève et moi ainsi qu’un anglophone.

En tant que maire, nous avions été interpellés par rapport à cette pandémie. J’ai alors saisi cette tribune pour inviter tous les maires à se donner la main. D’abord à s’engager dans l’alliance, car l’alliance a un programme. Ensuite à soutenir la lutte contre le VIH/SIDA.

C’est vrai que nous n’avons pas de moyens financiers pour soutenir les malades, mais nous essayons de trouver des issues. Dans ce sens, nous orientons les maires engagés dans la lutte contre le VIH/SIDA vers certains partenaires. De plus, nous encourageons le partenariat inter-municipalité. Par exemple, WINNIPEG au Canada est en partenariat avec des villes en Ouganda et au Bostwana. A cet effet WINNIPEG university et Ouganda university ont eu des échanges fructueux au profit des étudiants. Aussi les maires sont les plus proches de la population. Nous vivons avec les populations tous les jours. Dans les municipalités, quand il y a quelqu’un de la chaîne qui est malade, ça se ressent.

La pauvreté faisant, les gens n’ont pas assez d’argent pour se prendre en charge, et tout retombe sur la communauté. Nous avons donc lancé l’appel à tous les maires. Il faut se donner la main du Nord au Sud, d’Est à l’Ouest. Parce que, qui parle du sida au Nord, parle du même fléau à l’Ouest. Si l’on ne se donne pas la main, comment allons-nous pouvoir résoudre le problème ? Même si l’on éradique la pandémie dans une cité et que l’autre cité est toujours infectée, le problème n’est pas résolu, il faut donc que nous menions la lutte dans le même sens et avec les mêmes objectifs.

Q. : Vous repartez donc confiante au regard des contacts que vous avez eus ?

Z. D. : Oui, des discussions il est ressorti qu’il va falloir orienter maintenant la vision vers les femmes. Parce qu’elles sont plus infectées, et elles infectent aussi. Donc il faut qu’il y ait une réflexion sur la prévention et la prise en charge surtout en faveur des femmes. Si l’on arrive à résoudre ce problème, on aurait beaucoup gagné. A cet égard il est prévu une réunion en novembre. Je pense que ce sera un grand forum pour les femmes.

Q. : Vous avez eu des entretiens avec la Présidente des municipalités du Canada, qu’est-ce qui est ressorti de cette rencontre ?

Z. D. : Au regard de ce que nous avons dit et ce que nous avons fait sur le terrain, je peux affirmer que la Présidente des municipalités du Canada, était très satisfaite de notre participation. Elle s’est déclarée prête à inviter l’ensemble des maires à s’engager davantage dans la lutte contre le VIH/SIDA. Elle nous a même promis une visite. Nous nous sommes quittés avec une ferme volonté de nous engager davantage contre la pandémie

B. B. J.


Les vedettes de la rencontre
Plusieurs personnalités eu égard à leur renommée et à la pertinence de leur intervention ont marqué les travaux de cette XVIe Conférence internationale sur le SIDA tenue du 13 au 18 août 2006 à Toronto au Canada.

Sont de ceux-là Bill Gates, patron de Microsoft et son épouse Melinda. Appelé à la tribune de la cérémonie d’ouverture en compagnie de son épouse, Bill, le richissime, a annoncé un montant de 500 millions de dollars US soit l’équivalent de deux cent cinquante milliards de Francs CFA que sa Fondation apportera au financement du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, le paludisme et la Tuberculose. Cette somme devra contribuer à la promotion de la recherche notamment sur les microbicides. Il a vivement incité les autres à relever le niveau de leur contribution pour permettre à l’humanité de faire efficacement face à l’épidémie.

Pour lui, il est possible de baisser considérablement le prix du traitement d’ici dix ans, il suffit tout simplement que chacun y mette du sien, avant d’ajouter que la femme n’a pas besoin de la permission de son partenaire pour sauver sa vie. Nous devons inciter les femmes à prendre les méthodes de prévention en main a-t-il conclu avant d’introduire son épouse Melinda. Mme Melinda Gates a de la formule : « La solution au SIDA est entre les mains des femmes », déclare-elle tout de go.

C’est le condom qui sauve la vie même si certains esprits pensent encore que préservatif égal vagabondage sexuel. S’adressant particulièrement aux travailleuses du sexe, elle les a invitées à exiger le port du condom à leurs clients afin de sauver leur vie, celle de leur femme ainsi que de leurs enfants.

La jeune indonésienne : Une autre vedette et non des moindres a été la porte-parole des PVVIH, Frika Iskandar, une jeune indonésienne.

Pour elle le changement est une partie importante de la réponse. « Nous l’avons en main », a-t-elle affirmé, prenant à témoin les hommes, les femmes, et les jeunes, elle a exigé le changement au sortir de cette conférence. Pour elle le changement est possible ... les ressources aussi.

Il faut surtout combattre la stigmatisation vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH/SIDA dont elle-même a été victime il y a juste un an par un médecin dentiste, ayant refusé de la soigner parce qu’elle est infectée.

Mme Michael Jean, gouverneur général du Canada dénonce la stigmatisation

D’origine Haïtienne bon teint et reconnue comme telle mais très bien dans son manteau de responsable politique de haut niveau du Canada, Mme Michael Jean a dénoncé la stigmatisation dont ont été pendant longtemps les canadiens d’origine haïtienne par une opinion qui présentait le SIDA comme venu d’Haïti.

Le sida déstabilise les économies surtout celles des pays déjà confrontés à la pauvreté. Nous devons donc agir tous dès maintenant, a-t-elle lancé.

Dr Hélène D Gayle, coprésident du comité d’organisation de la Conférence

Les participants à cette conférence n’oublieront pas de si tôt le désaveu du Premier ministre Canadien, Steven Harper par le Dr Helene D Gayle, coprésidente du comité d’organisation de la conférence.

En effet son mot de bienvenue a d’abord servi à désavouer le Premier ministre Canadien Steven Harper. Ce qui a ensuite inspiré la foule lors du discours du ministre de la Santé, accueilli par des yo ! yo ! du genre « where is Mr Harper » où est M Harper ?

Le Pr Pedro Cohn, nouveau président de l’AIS

M. Pedro Cahn, de l’Argentine, Président de la Huésped Fondation et chef de l’Unité des maladies infectieuses de l’hôpital Juan A. Fernandez, à Buenos Aires, a été élu président de l’International AIDS Society (IAS). Il a pris officiellement la relève de la Dr Helene Gayle à la clôture d’AIDS 2006.

En tant que premier président de l’IAS issu d’un pays en développement, on espère que M Cahn jouera un rôle important dans le renforcement des interventions contre le SIDA en faveur des pays en voie de développement.

Les activistes de la lutte contre le SIDA

Tout comme à toutes les grandes rencontres sur le SIDA, les activistes de la lutte contre le VIH/SIDA tels que Act Up ou les mouvements asiatiques pour l’accès au traitement... n’ont pas changé leur fusil d’épaule. Ils étaient là, tout aussi percutants les uns que les autres pour porter haut la voix de leurs militants durant cette conférence. Souvent c’est au moment où les officiels délivrent leur discours qu’ils clament le respect des droits des PVVIH, l’accès au traitement. Ainsi des slogans du genre : « AIDS TREATEMENT NOW » For Asia and the world (le traitement tout de suite pour l’Asie et le monde), « Lives before profit » la vie avant le profit ou « treat now » le traitement tout de suite.

B. B. J

Sidwaya

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