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Liberté de presse en Afrique : "une part très congrue"

Publié le mardi 4 novembre 2003 à 12h14min

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En marge de la conférence de presse qu’il a donnée jeudi dernier, le MBDHP a remis aux journalistes présents au CNP-NZ la déclaration suivante relative à l’insécurité en Côte d’Ivoire et à la nécessité pour les pays africains de respecter la liberté de la presse.

C’est avec stupeur et consternation que le MBDHP a appris la nouvelle de l’odieux assassinat de l’envoyé spécial permanent de la radio française, Radio France Internationale (RFI), Jean Hélène, de son vrai nom Christian Baldinsperger, le mardi 20 octobre 2003 dans la soirée, devant la Direction de la Sûreté nationale de Côte d’Ivoire à Abidjan par un policier ivoirien.
Jean Hélène était venu interviewer les militants et sympathisants RDR qui avaient été arrêtés quelques jours plus tôt et qui étaient sur le point d’être élargis.

Les mots manquent pour qualifier un acte aussi odieux. Jean Hélène n’aura pas eu la chance qu’ont eue avant lui d’autres envoyés ou correspondants de RFI ou de la presse française qui avaient fait l’objet de divers harcèlements pendant leur séjour en terre ivoirienne (Stephen Smith, Bruno Minase, etc…) avant de recevoir une nouvelle affectation ; ni celle de cette autre consoeur à lui (Sophie Malibeaud) qui vient d’être expulsée dans la nuit du 23 au 24 octobre de Dakar (Sénégal).

Cet abominable acte relance une fois de plus le problème récurrent de l’insécurité en Côte d’Ivoire en même temps que celui des difficultés d’exercice de la profession de journaliste dans nos Etats africains.

I De la question de l’insécurité en Côte d’Ivoire

La question de l’insécurité en Côte d’Ivoire, qui était posée depuis bien longtemps comme caractéristique des grands centres urbains, s’est compliquée davantage ces dernières années en conséquence de la profonde crise dans laquelle le pays a été plongé depuis le 19 septembre 2002. Les circonstances particulièrement troubles dans lesquelles plusieurs drames ont eu lieu (par exemple le charnier de Yopougon sur lequel la lumière n’a pas été vraiment faite), la légèreté avec laquelle la vie de quelques figures emblématiques de la vie politique ivoirienne (Robert Guéi, Emile Boga Doudou, Docteur Dacoury Tabley notamment) a été supprimée, montrent à suffisance la gravité et la fragilité de la situation dans ce pays au fil du temps.

La communauté burkinabè en sait quelque chose depuis les sinistres et historiques évènements de Tabou en 1999 qui ont contraint bon nombre de ses membres à rentrer en catastrophe dans leur pays, tout comme l’ensemble des communautés étrangères (malienne, guinéenne, sénégalaise, nigérienne et bien d’autres) qui ont dû quitter ce pays depuis cette date tristement célèbre du 19 septembre 2002.
Comme on le voit, l’insécurité qui règne en Côte d’Ivoire est le résultat d’une crise politique et sociale profonde et complexe.

A ce jour, personne n’est en mesure de dire combien d’êtres humains ivoiriens comme étrangers, ont perdu la vie depuis ces évènements du 19 septembre.
Le discours à l’ordre du jour depuis plus de deux ans sur la réconciliation nationale a toujours de la peine à se matérialiser tant l’absence de volonté réelle de la classe politique ivoirienne, tous bords confondus, est patente.

II De l’impérieuse nécessité de respecter la liberté de presse dans les pays africains

La part faite à la liberté de la presse en Afrique est très congrue. L’assassinat de Jean Hélène indique encore une fois aux Etats africains la responsabilité qui leur incombe de protéger les journalistes et les communicateurs qui, chaque jour, informent et éduquent les populations.
Le MBDHP, fidèle à sa mission générale de défense des droits de l’Homme, attend avec impatience que la lumière soit faite sur ce crime de trop qui heurte la conscience humaine, parce qu’il est la négation même du droit à la vie, en même temps que celui de la presse.
Le MBDHP exige que la justice soit rendue à ce grand journaliste.

La mort de Jean Hélène nous fait penser à l’assassinat crapuleux de Norbert Zongo, cet autre journaliste émérite, militant du MBDHP, fondateur de l’hebdomadaire « L’Indépendant », dont le peuple burkinabé a été témoin le 13 décembre 1998 et, plus généralement, aux exactions que les ennemis de la liberté de la presse n’arrêtent pas de mener contre eux.

Et comment ne pas s’émouvoir de la tentative d’assassinat à laquelle a miraculeusement échappé, dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 octobre 2003, le nouveau directeur de publication de ce même journal « L’Indépendant », Liermé Somé ?

Le MBDHP condamne avec la dernière énergie cette abominable négation du droit à la vie humaine et suit, de concert avec l’Union interafricaine des Droits de l’Homme (UIDH) et l’ensemble des organisations sœurs regroupées dans ce cadre et notamment la Ligue ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO) et le mouvement ivoirien des Droits de l’Homme (MIDH), la suite donnée à cet acte relevant d’une autre époque.

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