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Publicité sur les produits de beauté : Sage décision du CSC

Publié le vendredi 21 juillet 2006 à 09h45min

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Depuis un certain temps, le petit écran que nous présente la télévision nationale est envahi par des publicités « tendancieuses » ventant les « pouvoirs » de certains produits de beauté, notamment les crèmes, lotions et pommades éclaircissantes. Un encouragement à la dépigmentation ? En tout cas, la conclusion est vite tirée même si ce laisser-aller est motivé par des intérêts hautement financiers.

Des plaintes récurrentes s’entassant sur le bureau de M. Luc Adolphe TIAO « contraignent » son institution, le CSC, à sortir le « couperet ». En attendant une décision définitive qui va consacrer le retrait des spots télés concernant les produits incriminés, le Conseil supérieur de la communication a, lors de sa séance ordinaire du 11 juillet 2006, jugé ceux-ci attentatoires à l’image et la dignité de la femme.

La palme de la productivité publicitaire, il faut le dire, est en passe d’être ravie par les acteurs (fabricants, négociants, vendeurs...) de l’industrie des produits cosmétiques permettant aux négresses de troquer leur peau d’ébène contre une autre hybride et sans pareille tant les coloris sont disparates. Productivité indéniable tant les espaces publicitaires, notamment sur le petit écran, sont presque totalement occupés par la publicité sur les produits éclaircissants, mais créativité naze dans la mesure où les productions dévalorisent la femme que l’on prétend vouloir aider à reconquérir sa beauté !

Tant qu’à y faire, est-ce là matière à embarrasser des gens guidés par le simple souci de faire fructifier leur affaire ? Certainement pas. Des critiques qui ne datent pas d’aujourd’hui et des levées de boucliers dans certains milieux féministes n’ont pas changé les habitudes dans le secteur.

D’ailleurs, les affaires ont prospéré tant et si bien qu’au-delà de l’image édulcorée de la femme, que véhiculent les affiches ou spots publicitaires, l’effet qu’ils ont induit qui est la frénésie des femmes et même de certains hommes portée sur la dépigmentation est devenue un problème de santé publique qui demande que des mesures soient prises pour la protection des populations.

L’intoxication publicitaire !

Aujourd’hui, ce qui était considéré comme phénomène loin de nos réalités, la dépigmentation que l’on a connue chez les négro-africains des pays côtiers et certains pays de l’Afrique centrale est en vogue chez nous.
Beaucoup de femmes veulent devenir claires, blanches ou jaunes (brillantes comme de l’or). Et elles sont encouragées en cela par des images chatoyantes qu’on leur présente à travers la publicité sur les produits cosmétiques.

Ce qui nous laisse voir un spectacle désolant lorsqu’on fait une randonnée dans la capitale. La « couleur de vie » de Senghor laisse place parfois à une couleur bariolée sur une peau zébrée dégageant un effluve suffocant s’exhalant du corps de l’« androïde » qu’est devenue la femme qui s’est décapée l’épiderme.

La situation est aujourd’hui très préoccupante dans la mesure où, si au départ cette pratique était l’apanage des jeunes filles, on rencontre aujourd’hui des femmes responsables de famille qui s’y adonnent. Pis, les mentalités, sous l’influence de la pub sur les produits éclaircissants, tendent à présenter la pratique de la dépigmentation comme un signe d’aisance économique, de prestance ... Et comme le « m’as-tu vue » est la chose la mieux partagée dans la gent féminine, imaginez le reste. Les mamans se disputent la pratique à leurs filles !

Les hommes accusés de préférer les femmes claires semblent complices puisque ne faisant rien pour démentir le fait mais plutôt s’extasient à l’occasion devant la fille à la peau luisante, naturelle ou provoquée ce soit-elle, peu importe. Du reste, certains hommes exigent même que leur compagne soit claire parce qu’ils croient au stéréotype qui dit que « toutes les femmes claires sont belles ». D’autres assistent passivement à la « mue » de leur compagne sans mot dire.

Une mesure à applaudir

L’on a beaucoup et longtemps épilogué sur les causes de la pratique de la dépigmentation. Les sensibilisations sont faites sur les dangers de l’utilisation des produits dépigmentants. Malheureusement la puissance de la publicité est là, exploitée par les fabricants et vendeurs pour faire rayonner leurs produits.

Alors, ne fallait-il pas autres alternatives pour influer sur le changement des mentalités ? Le Conseil supérieur de la communication en se fondant sur la loi N°025-2001/AN du 25 octobre 2001 qui prescrit l’interdiction de la publicité des produits dépigmentants a purement et simplement décidé de la suspension de la diffusion des spots relatifs à ce type de produits. Ainsi donc, des dispositions législatives existent permettant à défaut d’enrayer la pratique de la dépigmentation, de faucher l’herbe sous le pied de ceux qui la favorisent.

En allant fouiller dans les tiroirs pour extirper un tel passe-droit lui donnant quitus pour sévir contre la publicité mensongère qui intéresse aussi tout autre produit que ceux dépigmentant, le CSC fait œuvre de salubrité nationale. Comme a voulu le faire comprendre son premier responsable, M. Luc Adolphe TIAO, il ne faut pas sacrifier la santé des populations sur l’hôtel des intérêts financiers.

Certes il y aura des grincements de dents pour l’application d’une telle mesure, mais le pays y gagne. Cette décision du CSC peut être considérée comme un signe avant couvreur des décisions à venir. En effet, s’agissant de la dégradation de l’image de la femme, d’autres produits ne sont pas en reste.

Pour s’en convaincre, il suffit de visionner certains clips vidéo, le spectacle est ahurissant. Les clips vidéo aujourd’hui ont plus une valeur érotique que culturelle. C’est dire que si rien n’est fait le petit écran va perdre sa valeur éducative pour plancher dans la perversité. Dans tous les cas, la présente décision est salutaire, mais il faut aller plus loin.

Par Fatogoma DOUSSE

L’Opinion

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