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Egalité de sexes : Condition d’un développement véritable

Publié le samedi 8 juillet 2006 à 09h46min

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Les hommes et les femmes ne sont pas identiques, ils possèdent certaines différences physiques qu’il serait absurde de nier. S’ils ont peut-être à la naissance des prédispositions psychologiques ou intellectuelles spécifiques la preuve n’en a pas encore été réellement apportée. On peut alors comprendre que l’inégalité des hommes et des femmes constitue un obstacle au développement.

Dans toutes les sociétés ou presque, on constate en effet une inégalité flagrante des droits et des devoirs qui s’exercent toujours au détriment des femmes.

C’est dans l’éducation familiale que se manifeste d’abord cette inégalité. Loin de l’atténuer, l’Etat l’a perpétuée (avec l’école) et la légitima (avec ses lois). Les femmes, en effet, dans de nombreux cas ne disposent pas devant la loi des mêmes droits que les hommes (dans le mariage, le divorce, l’héritage, la tutelle des enfants, etc.). Même lorsqu’elles jouissent d’une égalité juridique (ce qui est généralement le cas dans les pays occidentaux), les femmes ne bénéficient pas pour autant de l’égalité économique.

Dans nos pays aussi à travail égal (dans les usines, les bureaux), les femmes ne bénéficient généralement pas d’un salaire égal à celui des hommes. Et dans le travail productif commun de la famille (aux champs notamment), la femme dispose rarement des revenus issus de sa participation. D’ailleurs, que les femmes puissent prétendre à un travail égal à celui des hommes est finalement l’exception puisque tout concourt à différencier, ou même à négliger leur formation.

La situation dans les pays en développement

Les conséquences de l’inégalité de l’homme et de la femme sont sans doute, dans les pays du tiers-monde, plus graves qu’ailleurs. Si les femmes bénéficient, au même titre que les hommes de la formation scolaire et d’une qualification professionnelle, elles pourraient contribuer, elles aussi à la diversification indispensable de nos économies. On peut alors comprendre que l’inégalité des hommes et des femmes constitue un obstacle au développement. Un exemple bien simple. A quoi servira l’infirmier (agent du développement, rémunéré par l’Etat), si les femmes du village n’ont pas reçu les premiers rudiments de l’hygiène moderne ?

Et à quoi du reste serviront ces leçons d’hygiène si des fosses septiques ne sont pas construites, parce que le programme d’encadrement oriente les hommes vers des activités autres que la construction tandis que la tradition en exclut les femmes ? Pour l’heure, l’inégalité des hommes et des femmes est donc encore la règle. Mais à qui profite-t-elle ? La mère ne fait que transmettre à son enfant les valeurs de la société tout entière sous peine de devenir elle-même l’objet de la réprobation sociale.

Nombre de proverbes africains témoignent de la responsabilité de la mère dans le comportement des enfants (ce que la femme a cuisiné c’est ce que l’enfant mange). Soumise à la pression de son milieu, la mère n’a souvent d’autres issues que de se faire le défenseur zélé de cet ordre social. En partie sans doute, ils ont en apparence tout intérêt au maintien de l’ordre familial inégal.

Après tout c’est bien opérable de rentrer à la maison, de trouver les enfants soignés et nourris, le logis nettoyé, le linge lavé et le repas préparé... Pourtant, il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt : cet ordre familial inégal est le plus souvent le reflet, sinon la condition d’un ordre social lui-même inégal, dont bien des pères de famille sont, eux aussi victimes.

Même lorsqu’ils sont conscients de ce fait, les hommes hésitent souvent à heurter les préjugés de leur société qui considèrent qu’un homme se déshonore à accomplir certaines tâches dans la maison.

Là encore, l’inégalité des sexes est un frein au développement. Mais, en dernier ressort à qui profitent les pesanteurs de cet ordre social inégal qui se nourrit aussi bien du travail domestique gratuit des femmes que de la plus grande partie de surplus agricole ? A la population dans son ensemble ?

Il suffit de regarder autour de nous pour comprendre que l’exploitation du travail domestique et du travail agricole constitue la base d’un développement dont la majorité ne bénéficie pas toujours.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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