Mondial’2006 : "Deuil" national en Allemagne
C’est fait. L’Italie ira à la conquête d’un quatrième titre mondial dimanche soir à Berlin. Elle a eu la prouesse d’écarter le pays organisateur, l’Allemagne mardi dernier, à Dortmund, un stade dans lequel la Manschaft n’avait jamais perdu . Pirlo et les siens sont venus mettre un terme à ce mythe grâce à deux réalisations de Grosso et de Del Piero. Deux buts à zéro, l’Allemagne ne jouera pas la finale de "sa" Coupe du monde.
Westfalenstadion de Dortmund. Plein à craquer. La Chancelière allemande, Angella, et le Premier ministre italien, Romano Prodi, côte à côte. La Manschaft et la Squadra Azzura sont à la recherche chacune d’un quatrième titre mondial. Match serré et longtemps fermé.
Alors qu’on se dirigeait lntement vers les tirs au but, le génie italien s’est invité au menu : deux buts de Grosso et de Del Piero , en toute fin de prolongations pour crucifier l’Allemagne. Deux buts pour deux passes lumineuses de Pirlo et de Gilardino. Il ne restait plus que deux minutes et la fatigue se ressentait des deux côtés. Une fatigue qui ouvrait des espaces de plus en plus béants dans les défenses. Et chacun pouvait passer à côté du K.O. Podolski, inexpérimenté, trouve Buffon, le portier italien à la 112è mn par une belle frappe.
Pirlo, élu l’homme du match, voit son tir sorti par Lehmann à la 117è mn. Et vint la 118è mn : Le même Pirlo hérite d’un ballon aux 18 mètres, feinte la frappe avant d’adresser une passe aveugle à Grosso qui, d’une frappe enroulée de la gauche envoie Lehmann ramasser le ballon dans les filets allemands. Le match vient de basculer. Et l’Italie de se faire un malin plaisir d’assommer définitivement Ballack et les siens dans les arrêts de jeu. Le stade de Dortmund est plongé dans la douleur.
Des larmes coulent sur les joues chaudes de tristesse des supporters allemands. Rêve brisé. Course arrêtée. l’Italie est au paradis. Le rêve de tout un peuple est venu s’éteindre dans son stade fétiche, ce Westfalenstadion de Dortmund où la Manschaft n’avait jamais perdu. Consternation et désolation . Le pays est hyper calme. Aucun bruit. Les télévisions sont vite rangées. Aucune fête comme à l’accoutumée. La bière ne coulera pas à flots comme depuis le 9 juin 2006.
Non, l’Allemagne est éliminée. Fin d’une belle aventure. En réalité, ils n’étaient pas plus de 7% des Allemands à croire en cette équipe à deux mois du Mondial. Klinsmann et ses garçons ont surpris agréablement. On comprend donc pourquoi, au coup du sifflet final, les supporters de la Manschaft sont restés sur les gradins, larmoyant certes, mais pour entonner un hymne, en guise de reconnaissance pour leur parcours. La Chancelière et tout le stade, debout, ont chanté malgré la défaite. Des scènes qui se voient rarement.
Au-delà de ce résultat, il y a le constat que l’Italie est la bête noire de l’Allemagne. La Manschaft n’a jamais pu battre la Squadra Azzura en match officiel. Juste avant le Mondial, un match amical entre les deux équipes avait donné le résultat de 4 - 1 en faveur des Italiens. Marceli Pili et ses poulains ont une qualité technique indéniable. A Dortmund, ils ont fait circuler la boule ronde vite et bien. Totti, Toni, Materazzi et autre Pirlo ont imposé leur loi .
En face, Ballack et ses camarades ont été privés très souvent de ballon parce que leur milieu a été asphyxié par le pressing transalpin. Ce n’est pas que devant, les Klose et Podolski n’ont rien tenté, mais ils se sont heurtés en défense adverse à un intraitable nommé Cannavaro. L’Italie, championne du monde en 1934, 1938, et en 1982 va à la conquête d’un quatrième sacre mondial. Ce sera pour le 9 juillet 2007. Y parviendra-t-elle ?
VU ET ENTENDU
* L’Allemagne éliminée, Klinsmann réfléchit
On le savait décrié avant le Mondial. L’entraîneur de la selection allemande est subitement adulé par nombre de supporters. Après l’élimination de son équipe en demi-finale, les uns et les autres se mettent à le féliciter parce qu’il a amené la Manschaft là où personne ne l’attendait. Mais Klinsmann a demandé à sa fédération de lui accorder jusqu’à mi-aout pour qu’il dise si oui ou non il restera à la tête de la sélection.
* Exemplaires supporters
Ce qui s’est passé au stade de Dortmund mardi dernier est frappant. Juste après le coup de sifflet final signant l’élimination de l’Allemagne, les supporters ont certes versé des larmes , mais ils se sont mis tous debout entonnant un chant en l’honneur de cette " brave équipe". On a vu la Chancelière aussi debout comme tout le reste du stade ferronner ce glorieiux hymne d’encouragement. Les joueurs allemands, quant à eux, larmes aux yeux comme Ballack et Schneider, faisaient le tour du stade pour répondre à ce geste fraternel et sportif des supporters.
* Les trois priorités des Allemands
On l’a constaté ici en Allemagne. L’allemand a trois choses préférées : la voiture, le foot et le chien. N’y touchez pas !
* Un million pour un permis de conduire
Pour avoir un permis de conduire en Allemagne, il faudra débourser, pour le code et la conduite, la bagatelle de 2000 euros , soit environ plus de 1 300 000 F CFA. Les plus chanceux peuvent s’en tirer avec 1 000 000 FCFA.
* 5 ans de prison pour un arbre abattu
L’allemagne est un pays de lois. Tout y est rigoureusement respecté. Jusqu’à la sécurité. Par exemple, si quelqu’un abat un arbre (même s’il se trouve dans sa cour) sans autorisation préalable des autorités compétentes, il encourt cinq ans de prison. J’en vois des Burkinabè qui allaient finir toute leur vie en prison si cette mesure s’appliquait au pays des Hommes intègres.
Alexandre Le Grand ROUAMBA (Envoyé spécial Allemagne)
Le Pays