Si l’électricité et le gaz sont devenus comme des produits de première nécessité pour les Ouagalais, il n’en demeure pas moins qu’ils sont dangereux s’ils sont mal utilisés. En effet, ils peuvent être sources de drames aux conséquences souvent irréversibles. Ce fut le cas de ce jeune boucher qui, alors que le matin même il pétait la forme, a vu sa vie s’arrêter net quand une des rares pluies bienfaisantes arrosait certains quartiers de la capitale. Voici les faits tels que nous pouvons les résumer, après des recoupements faits sur les lieux de la tragédie.

Il est devenu de plus en plus courant que des kermesses soient organisées par des communautés ou des acteurs d’un même domaine d’activité. Evidemment, il ne s’agit pas de ces kermesses originelles où les stands de jeux le disputaient à ceux de vente de marchandises diverses, mais de manifestations au cours desquelles on boit, mange et fait autre chose, au son d’une musique circonstancielle. Et qui dit musique dit, en ces temps modernes, électricité.

Ce qui interpelle du même coup notre nationale de l’électricité qu’est la Sonabel ; laquelle, selon des responsables que nous avons rencontrés sur place, pour des événements du genre, procède à la pose d’un compteur provisoire selon des conditions bien déterminées. Ce qui fut d’ailleurs fait pour le cas qui nous préoccupe. Il ne restait donc plus aux organisateurs qu’à procéder aux différents branchements selon leurs besoins.

Et c’est de là que tout arriva, des fils inappropriés (comme par exemple des câbles de téléphone) ayant été utilisés. Ajoutez à cela l’eau de pluie qui avait envahi les stands et vous comprendrez aisément la suite.

Eau et courant ne font pas bon ménage

Toujours selon nos sources, le disparu était en train de découper sa carcasse de porc quand survint la pluie (NDLR : sur son étal étaient en effet visibles les morceaux de viande au moment de notre passage).

Après avoir rangé le bois dans le four, il se précipita donc sous le hangar, non sans avoir été arrosé par des gouttes ; il aurait alors posé les mains sur le dispositif d’animation, ce qui lui fut fatal ; car si les fils étaient bien débranchés de l’appareil, ils ne l’étaient pas au niveau de la source d’alimentation, le compteur.

Or le courant et l’eau ne font pas ménage. Résultat, il fut électrocuté, devant des témoins tétanisés, qui ne pouvaient voler à son secours, ne sachant comment le tirer des serres électriques. Et quand quelqu’un songea enfin à faire sauter le compteur, l’irréparable était déjà fait, comme le constatèrent les hommes de la BNSP (Brigade nationale des sapeurs-pompiers) à leur arrivée.

C’est après les constats d’usage (police, médecin légiste, etc.) qu’autorisation a été donnée aux parents de la victime d’enlever le corps.

Une situation qui nous rappelle bien d’autres comme celle de cet enfant mort dans les mêmes circonstances, non loin du château d’eau de Pissy (sect.17), de retour d’une séance de distraction avec des camarades. D’où ces interrogations : que faire face à ces branchements non conventionnels ?

N’est-il pas temps de revoir l’organisation même de ces manifestations ? En tout cas pour le moment, le constat est amer : une famille vient de perdre un de ses bras valides, peut-être même un de ses piliers.

O. Sidpawalemdé

L’Observateur