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3è marche contre la vie chère : Les travailleurs accélèrent le pas

Publié le lundi 3 juillet 2006 à 06h55min

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Après les marches meetings des 23 et 24 mai, puis du 10 juin derniers, les travailleurs ont, une fois de plus le samedi 1er juillet 2006, pris d’assaut des avenues et rues de Ouagadougou pour dire « non à la vie chère ». Face au silence du gouvernement d’Ernest Paramanga Yonli, disent-ils, les syndicats ont promis de passer à la vitesse supérieure avec « un engin qui piétinera des gens... ».

Pour cette troisième manifestation des travailleurs contre la vie chère, c’était de se faire entendre par le gouvernement du Premier ministre Ernest Paramanga Yonli, qui fait la sourde oreille aux deux précédentes marches, arguent les leaders syndicaux.

En effet, ces derniers exigent, depuis qu’ils ont quitté le 5 mai 2006 la table des négociations avec le gouvernement suite à la hausse des prix des hydrocarbures atteignant un pic de 705 FCFA le litre, le respect des travailleurs et de leurs organisations syndicales ; l’annulation de la mesure du 4 mai portant augmentation des prix des hydrocarbures, condition sine qua non pour la reprise des négociations autour des points de leur plate-forme ; la reconsidération des réponses aux différents points de leur plate-forme, afin d’apporter des réponses satisfaisantes à leurs préoccupations.

Le samedi dernier, 300 travailleurs d’une vingtaine de provinces (chiffres donnés par les syndicats) ont donc fait une descente à Ouaga pour épauler leurs camarades. Comme à l’accoutumée, les marcheurs sont partis de la Bourse du travail pour boucler un circuit plus long que d’habitude. En effet, à partir de la place des Nations unies, ils ont mis le cap sur l’avenue Liberté pour rejoindre la Cité An III avant de revenir à leur quartier général. Ce fut une procession teintée habituellement de slogans hostiles au gouvernement en place.

Le titre « Burkina Faso » du groupe Bezou, qui note qu’il y fait bon vivre fut revu et adapté pour la circonstance par les manifestants. Ainsi, on reprenait en chœur en langue mooré : « Burkina Faso ya, wagda wagda, san ya sida wagda bé mé », pour dire « qu’au Burkina, il y a des voleurs, c’est vrai il y a des voleurs » ; puis ce qui est devenu comme hymne des travailleurs contre la vie chère, « Viima ya kanga » du groupe K-ravane, qui signifie que la vie est dure au Faso, fut repris maintes fois. Les pancartes et banderoles n’étaient pas également en reste, et on pouvait lire ceci, entre autres, « Mouhoun # la grippe yonlière ».

L’augmentation des frais de scolarité complique les choses

Parvenus à la Bourse du travail à 11h30 pour le meeting, les secrétaires généraux (SG) des Centrales syndicales et syndicaux autonomes, ont, tour à tour, fustigé l’attitude du gouvernement qui reste jusque-là muet aux préoccupations des travailleurs.

Et le SG de FO/UNSL, Joseph Tiendrébéogo, de lâcher tout en colère : « Nous disons au gouvernement d’Ernest Paramanga Yonli de ne pas nous forcer à aller à la 3e vitesse, car cet engin de 3e vitesse va piétiner des gens. Camarades, le dormeur dort toujours, il a toujours dit qu’il dort, mais nous allons le réveiller. Vous savez de qui je parle ? Après tout ce qui se dit et se fait, il n’y a pas de réaction. Camarades, nous sommes obligés d’aller à la 3e vitesse, advienne que pourra ».

Jean-Mathias Liliou du CSB prônera une lutte plus radicale, tandis qu’Abdoulaye Yra de l’ONSL préviendra qu’à la prochaine marche, celui qui s’arrêtera au bord de la route pour uniquement applaudir aura pour son compte. « Soit il rejoint les rangs, soit nous prendrons nos responsabilités vis-à-vis de lui », avertit-il. Quant au SG de l’USTB, El Hadj Mamadou Nama, il a signifié que pour des raisons d’examens professionnels, plus de 6000 militants n’ont pas pu participer à la présente marche. Et de conclure qu’il ne faut pas que leurs adversaires perçoivent cela comme un essoufflement du mouvement.

Tolé Sagnon du CGT-B, constatant que le prix du carburant au Burkina est le plus élevé de la zone UEMOA, fera une démonstration prouvant qu’il est possible de baisser les prix des hydrocarbures. Pour lui, il suffit d’une volonté politique et également de jouer sur la capacité du stock de sécurité, sur les droits et taxes, sur les frais de transport où il y a trop d’intermédiaires (7 au total) avant le prix à la pompe, ainsi que sur les frais et marges enregistrés par l’Etat.

Le président du Mois, Laurent Ouédraogo, SG du CNTB, a estimé que la mobilisation des 23 et 24 mai 2006 avec la participation remarquée des taximen et des commerçants doit servir d’exemple pour la préparation des prochaines luttes qui seront plus accentuées. Il a invité à plus d’engagement dans la lutte, surtout, a-t-il dit, que la vie chère va s’aggraver avec la décision prise par les fondateurs des établissements privés d’augmenter les frais de scolarité de 10 000 FCFA à 15 000 FCFA pour compter de la rentrée 2006-2007. A ce niveau également, les syndicats menacent de sévir, si les choses restaient en l’état.

Rappelons qu’à la date d’hier, le prix à la pompe était de 694 FCFA le litre pour le Super91, de 603 FCFA/l pour le Gasoil, de 700FCFA/l pour le mélange et de 470 FCFA/l pour le pétrole. Cyr Payim Ouédraogo

Cyr Payim Ouédraogo

Observateur Paalga

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