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Enseignement privé : Le prétexte facile de l’augmentation des frais

Publié le samedi 1er juillet 2006 à 09h26min

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C’est déjà les vacances dans de nombreux établissements du Burkina. Moment de repos pour les élèves, cette période qui devait donner un peu de répit aux parents d’élèves risque fort de leur donner des insomnies. La raison, la récente décision de l’Union nationale des établissements d’enseignement privé laïc (UNEEP-L) d’augmenter les frais de scolarité.

En effet, au prétexte qu’ils auront à supporter les augmentations du taux horaire de vacation, les propriétaires d’établissements procèderont à la rentrée 2006/2007 au relèvement des montants des frais de scolarité dans tous les ordres d’enseignement. A en croire les propos tenus récemment par les premiers responsables de l’Union, aussi bien le préscolaire, le primaire, le secondaire que le supérieur seront concernés par cette hausse dès la prochaine rentrée scolaire.

Dans le principe on ne peut dénier à aucune structure de rechercher l’équilibre de ses finances. C’est dire donc que les promoteurs de l’enseignement privé sont eux aussi fondés à procéder à des réaménagements pour ne pas compromettre la survie de leurs établissements et partant celle des élèves. Cependant on peut tout aussi légitimement se demander si les fondateurs sont vraiment soucieux du respect des textes comme ils le prétendent pour alourdir les charges de scolarité des Burkinabè.

Cette question peut être posée à certains d’entre eux car ils sont nombreux ces responsables d’établissement qui se jouent des textes et qui utilisent leurs écoles comme la caverne CARABANES d’Ali Baba. Le volet social évoqué par le staff dirigeant de l’UNEEP-L est un bien gros mot ignoré d’une grande partie des propriétaires d’établissements.

Rien qu’à s’en tenir à la misère (c’est un euphémisme) fait aux enseignants de certains de ces établissements, il n’est pas utile d’être charlatan pour comprendre que le coté lucratif est mis en avant par des propriétaires d’écoles. Si les responsables d’établissements étaient réellement soucieux des bonnes conditions de travail des enseignants, ces derniers n’auraient pas été obligés de lancer des mots d’ordre de grève pour faire entendre leurs causes.

Or, non seulement, ils n’ont pas l’oreille attentive des promoteurs, mais pire, leur mouvement d’humeur n’aboutit pas toujours. Enfin, c’est déjà quelque chose de gagné que les propriétaires d’écoles reconnaissent, et qui plus est publiquement, que les taux horaires de vacation servis aux enseignants étaient dérisoires. C’est seulement dommage qu’ils le reconnaissent aujourd’hui seulement car les taux en question datent de plus de vingt ans.

Et pourtant, depuis lors que d’augmentations des frais de scolarité sans que les enseignants n’en bénéficient ! Il n’est pas exagéré d’écrire que dans certains cas, ces tarifs sont passés du simple au double. On peut alors douter que cette mobilisation des promoteurs soit vraiment pour la cause des enseignants et des autres personnels d’appui. Il faut avoir le courage de dire que l’enseignement privé est malade de la gourmandise de certains promoteurs.

Un calendrier scolaire bafoué

Ceci expliquant cela, dans certains établissements, la rentrée n’est effective qu’à partir du mois de novembre, voire de la première semaine de décembre. Bien que derniers à commencer, ils sont curieusement les premiers à refermer leurs portes. Certains élèves sont mis en vacances dès le début du mois de mai. Les classes en tout cas ne fonctionnent plus et les élèves s’adonnent aux jeux dans la cour de l’école. Tout cela découle de calcul de rentabilité financière.

En somme, les fondateurs d’établissements choisissent de sacrifier les élèves au profit de leur poche car il faut comprendre qu’en commençant tardivement les cours ce sont des frais de vacation qu’on économise et c’est la même logique qui conduit aux fermetures précoces des classes dans certains établissements privés. Alors que la pratique porte préjudice à la crédibilité de l’enseignement privé, on a peu entendu (pour ne pas dire plus) les responsables de l’Union nationale des établissements d’enseignements privés laïcs. Et pourtant, les textes des ministères en charge des enseignements sont, on ne peut plus clairs sur le découpage de l’année.

Le "tripatouillage" du calendrier scolaire n’est pas le seul reproche fait à certains fondateurs. Ils sont aussi coupables de tromper les parents d’élèves avec les fausses publicités qui sont faites à propos du matériel mis à la disposition des élèves pour leur formation. Cela est surtout valable pour l’enseignement technique ou professionnel. Des annonces sont diffusées dans la presse vantant les mérites de tel ou tel lycée technique équipé de micro-ordinateurs "dernier cri".

En réalité ce n’est qu’un piège juste pour arnaquer les élèves et leurs parents. En tout l’état de cause, les parents d’élèves attendent du gouvernement et particulièrement des autorités des ministères en charge des enseignements (Enseignement de base et Alphabétisation ; Enseignement secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique) qu’ils aient la promptitude nécessaire pour mettre le holà avant qu’il ne soit trop tard. En tout cas pour l’instant on n’a toujours pas enregistré la moindre réaction officielle or, le plus tôt serait le mieux car la rentrée d’octobre c’est déjà demain.

Le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale est aussi attendu pour jouer sa partition pour ce qui est du préscolaire. Il ne faut cependant pas jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire qu’il faut aussi rendre justice à l’enseignement privé qui compte en son sein des fondateurs responsables dont le sérieux au travail est récompensé tous les jours par les excellents résultats obtenus aux différents examens. Il ne serait même pas responsable de vouloir se passer de ce type d’enseignement.

L’Union nationale des établissements d’enseignement privé laïc doit alors veiller à l’application des textes qui régissent l’enseignement au Burkina afin d’éviter que les brebis galeuses en son sein rentrent dans les rangs. C’est une des conditions pour réussir la mission à elle assignée.

Larba YARO

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 1er juillet 2006 à 16:38 En réponse à : > Enseignement privé : Le prétexte facile de l’augmentation des frais

    Ce n’est pas un pretexte facile car les enseignants doivent etre bien payes. Vous n’ignorez pas la flambee des prix affecte aussi les enseignants qui ne peuvent pas faire de deals comme les autres fonctionnaires qui peuvent avoir plusieurs sources de revenue. Maintenant il faut que les instruments de surveillance s’assurent que l’augmentation serve a quelque chose ou profite aux enseignants ou a ameliorer la qualite de l’enseignement

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