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Transporteurs de bois : Ça a chauffé hier

Publié le vendredi 30 juin 2006 à 08h18min

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A l’instar des taximen qui, pour manifester leur mécontentement face aux autorités, bloquent la voie, les transporteurs de bois de chauffe ont, eux-aussi, fait leur cette méthode de lutte. Hier, tôt dans la matinée, ils ont pris en otage le rond-point de la Patte-d’Oie, bouleversant ainsi la circulation routière pendant des heures.

Ceux qui habitent Ouaga 2000 et la Patte-d’oie et qui ont pour passage obligé le rond-point, ont dû faire un long détour ou de l’acrobatie pour atteindre leur lieu de service. Car, des camions chargés de bois de chauffe avaient littéralement bloqué les voies. Tout est parti d’un différend avec les services des eaux et forêts.

"Nous avons été arrêtés par les agents de l’environnement vers minuit à l’entrée de Ouagadougou, route de Saponé. Ils ont retiré nos documents sous prétexte que nous avons fait une surcharge. Pire, ils font appel à des policiers qui sont venus bâtonner quelques-uns de nos camarades. En réalité, ils voulaient qu’on paye 10 000 FCFA chacun, une somme que nous n’avions pas.

Alors, pour manifester notre mécontentement, nous avons décidé d’obstruer la circulation à ce niveau", explique un chauffeur, Seydou Compaoré. Quelle est la version des services des eaux et forêts ? Le directeur provincial, Alfred Sawadogo, rencontré sur place, déclare ne pas pouvoir donner des informations dans les détails. L’heure est aux discussions pour trouver un terrain d’entente.

Le directeur régional de la police du Centre (DRPC), Alain Bonzi, le commandant de la police municipale, Clément Ouango, et bien d’autres autorités policières étaient sur les lieux. "Nous pensions au départ qu’ils en voulaient à la police municipale, surtout que récemment nous les avons rencontrés sur un certain nombre de problèmes", raconte un officier.

Les échanges sont houleux. Le DRPC s’approche pour écouter un des chauffeurs qui gesticulait. Un de ses éléments vient lui chuchoter à l’oreille. Il se retire du petit cercle qui s’était aussitôt formé, et c’est au tour d’Alfred Sawadogo de vouloir entamer un dialogue avec un autre groupe. Le ton monte.

M. Sawadogo demande à son vis-à-vis d’avoir un langage courtois. Le commandant de la police municipale face à la situation, lui suggère simplement d’arrêter de discuter avec eux, préférant n’avoir pour interlocuteurs que leurs premiers responsables.

Puis d’ajouter d’un ton amer, "Ce n’est pas de la sorte qu’on doit manifester". Jacques Francis Ilboudo, secrétaire général de l’Union des chauffeurs routiers, partage ce point de vue : "Leur manière de revendiquer n’est pas la bonne. Ils ont des doléances avec les eaux et forêts, le CCVA, etc. Je les comprends, mais on peut toujours se concerter et trouver des solutions".

Il tente de jouer au médiateur pour calmer les esprits. Entre-temps, un vieux qu’on appelait Ladji arrive. Il semble que c’est l’un des patrons du commerce de bois. Il demande, "au nom d’Allah", aux chauffeurs de calmer leur ardeur en attendant la concertation avec les autorités en charge du problème.

"Hé Ladji ! Nous connaissons ces gens-là ; ils peuvent retourner leur veste. Nous revendiquons ce matin une seule chose : qu’on nous remette nos papiers", répond Hamado Nana. Ce groupe de discussions se brise et un autre se forme aussitôt, avec au milieu le nouveau conciliateur.

Quelques instants après, Ladji et un de ses compagnons s’engouffrent dans un véhicule de service avec quelques jeunes qui ont été molestés au poste de police. La tension était toujours vive au moment où nous quittions les lieux.

Toutefois, les chauffeurs ont mis un peu d’eau dans leur vin en libérant la voie, mais sont restés stationnés tout au long de l’avenue Ouaga 2000. "Nous ne bougerons pas d’ici de toute façon", lance quelqu’un dans la foule. C’est tout dire face à leur détermination à reprendre le mouvement tant que leur revendication ne sera pas satisfaite.

Adama Ouédraogo Damiss

Observateur Paalga

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