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Eléphants de Côte d’Ivoire : Talentueux mais inefficaces

Publié le lundi 19 juin 2006 à 06h32min

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Battus sur le même score (1-2) par l’Argentine et la Hollande, les Eléphants de Côte d’Ivoire sont d’ores et déjà éliminés du Mondial 2006. Précocement et injustement, car en deux sorties, ils auront montré de belles choses.

J’avais fondé beaucoup d’espoir sur la Côte d’Ivoire. De toutes les équipes africaines qualifiées pour la 18e Coupe du monde de football, seuls les Eléphants étaient capables, à mes yeux, de faire un parcours honorable en Allemagne et, subséquemment, de représenter dignement le continent. Ils avaient beau être dans un groupe dit de la mort, qui comprenait en outre l’Argentine (l’un des prétendants sérieux au titre), les Pays-Bas et la Serbie-Monténégro, impossible ne me semblait pas ivoirien.

J’avais été conquis par la génération Drogba dont le parcours aux éliminatoires combinées de la Coupe d’Afrique des nations et du Mondial avait été exemplaire. Leur place de vice-champion à la dernière CAN n’avait eu, pour moi, que valeur de confirmation.

Une personne de mes amis (qui se reconnaîtra) avait beau seriner qu’il ne souhaitait pas le succès des joueurs pour la seule et simple raison que Gbagbo récupérerait politiquement une éventuelle performance, je lui rétorquai, à l’envi, d’apprécier la valeur intrinsèque des jeunes gens ; car après tout, l’enfant terrible de Mama n’était pas le sélectionneur national et Blé Goudé pas davantage le capitaine de cette formation où la querelle des "ou" et des "et" n’a pas droit de cité.

Comment ne pas être séduit par ces garçons !

D’ailleurs, qui ne récupère pas politiquement les grandes victoires des sportifs alors que, si ça se trouve, certains ne savent même pas qu’une équipe de football est formée de onze joueurs !

Il avait donc fini par se ranger à mes arguments. Moi qui n’étais pas un supporter inconditionnel de ce onze national, je venais de recruter un supporter, et puis un autre...

Comment ne pas être séduit par le talent et la générosité de ces garçons, souvent admirables de courage. Drogba bien sûr, mais aussi tout le reste : Kollo Touré, la tour de garde, même si cette défense joue à plat, comme du reste la plupart des écuries présentes à ce mondial, le libero antique ayant "vécu", et son compère d’Arsenal, Emmanuel Eboué ; Arthur Boka, dont la forme et l’occupation du flanc gauche rappellent un certain Roberto Carlos ; le maestro Didier Zokora, petit Baky, le virevoltant sociétaire de l’OBC Nice ; et pour tout couronner, le pasteur Tizié, qui veille sur ses brebis et prie pour elles.

A vrai dire, même si le pays d’Houphouët a toujours été une nation de football, il y a longtemps que j’avais vu la marée orange de la lagune Ebrié déferler avec autant de fougue et de panache.

Depuis précisément la bande à Alain Gouaméné, qui avait arraché le trophée continental à Dakar en 92, face au Ghana. Je me rappelle encore les rires gras, ponctué d’un "ballon connaît son grand frère" de mon voisin de table ivoirien, dans ce troquet qui avait pignon sur rue du côté de Sankaryaaré. Depuis, plus rien, ou pas grand’chose.

Le défaut de la cuirasse

Puis, après ce passage à vide, Dieu créa ces jeunes hommes doués, surdoués même pour quelques-uns, qui prennent un réel plaisir à manier la boule de cuir. Mais toute cuirasse a un défaut, c’est bien connu.

Avant, j’avais un peu peur pour ces arrières qui n’étaient pas toujours sereins et qui péchaient quelquefois par de grosses erreurs de marquage, mais les deux "gunners" du groupe, plus Boka et Blaise Kouassi, ont gagné en maturité et en expérience. Ils ont visiblement plus de métier.

A l’inverse, les attaquants et les milieux qui, pour moi, pouvaient faire parler la poudre à tout moment, se seront révélés dramatiquement inefficaces et brouillons, manquant de réalisme devant les buts adverses.

Et cette élimination prématurée, un peu injuste même au regard de la qualité du jeu développé pendant les deux premières rencontres, les Eléphants le doivent d’abord à leurs lignes avancées dont les pétards étaient mouillés. Ils ont péché dans le dernier geste par précipitation, maladresse, défaut de rigueur ou une mauvaise lecture du jeu.

A moins que tout cela ne soit dû à un manque de baraka. Lors de leur première sortie, le samedi 10 juin, ils ont tenu la dragée haute aux Argentins et ils auraient arraché le point du match nul ou même gagné que personne n’aurait crié au scandale. Le vendredi 16, pour leur deuxième match de poule, ils dominent leurs adversaires l’essentiel de la partie, pressant les "Oranges" à fond. Sans succès. A nouveau.

Un coup de pied arrêté de Rabin Van Persie à l’orée de la surface et un jaillissement de Ruud Van Nistelrooy, à la limite du hors jeu, auront suffi pour sceller le sort de nos voisins dans cette compétition. Exit la Côte d’Ivoire ! L’exploit individuel de Baky Koné et les multiples pilonnages sur les perches d’Edwin Van Der Saar seront restés vains.

Leur marge de progression est encore considérable

Il n’aura fallu que quelques coups de pattes des génies venus de la Pampa et des "bébés" hollandais pour avoir le gain de leur match quand, en une quinzaine voire une vingtaine d’occasions, les autres ne trouvent pas le chemin des filets.

Dites, c’est ça qu’on appelle l’expérience ? En tout cas, les poulains de l’entraîneur Henri Michel (à qui il ne faut pas jeter la pierre) auront manqué de ces petits détails qui font la différence. Et à ce niveau, ça se paie cash. Ils seront néanmoins sortis par la grande porte, ils n’auront pas démérité, loin s’en faut, mais les Arouna Koné, Bonaventure Kalou, Dindané, Romaric et même Drogba devront encore travailler dur et être plus réalistes.

Heureusement, ils sont encore jeunes et ont de ce fait une marge de progression considérable, à condition de ne pas jouer aux stars qui pensent déjà être au sommet. Ils doivent rougir d’autant moins de leur (contre) performance que l’arbitrage n’a pas toujours été à leur avantage. Comme ces deux penalties manifestes qui leur ont été refusés par l’arbitre mexicain lors de la rencontre avec les Pays-Bas. Mais on ne va pas s’attarder sur ces erreurs qui sont bien humaines même si y persister, dit-on, est diabolique.

Il est pourtant des fois où on se demande si les maîtres du jeu ne donnent pas un coup de pouce aux petites nations, africaines en l’occurrence, vers la sortie, dans la mesure où il est des choses qu’il ne viendrait à l’idée d’aucun arbitre de faire (ou de ne pas faire) au Brésil, à l’Argentine où à l’Allemagne par exemple.

Complot ?

Paranoïa ? Peut-être. Mais remarquez, la FIFA c’est d’abord le diktat des grands et sans même le vouloir, ou en avoir une pleine conscience, les juges peuvent être psychologiquement influencés sur le terrain. Ce sont des hommes vous savez, pas des robots.

Un penalty clair non sifflé ou généreusement offert à l’adversaire ; un carton jaune immérité pour vous empêcher de vous engager davantage dans la partie ou non brandi à votre vis-à-vis qui, pourtant, le méritait ; des hors-jeu imaginaires ou occultés selon le camp... Quand ces "petites erreurs d’appréciation" se multiplient à l’infini, ça confine à la faute technique pour ne pas dire au complot.

Et puis le football, la coupe du monde en l’espèce, c’est une affaire de gros sous pour la Fédération internationale et le pays organisateur. Et quand on sait que les supporters européens, latino-américains ou même asiatiques (Corée du Sud, Japon...) sont les plus nombreux en Allemagne (il n’y a qu’à voir les couleurs dans les gradins) et qu’en moyenne, ils peuvent dépenser 5 à 10 fois plus que les négrillons venus d’Abidjan, de Luanda, d’Accra ou de Lomé, on peut souhaiter, pour des raisons bassement économiques, que les premiers restent plus longtemps, et donc que leurs équipes restent plus longtemps dans la compétition. C’est bon pour les affaires.

Paranoïa ? Peut-être. Après tout, ce n’est pas Sepp Blatter, Franz Beckenbauer ou l’arbitre mexicain qui ont dit à l’infortuné Arouna Koné de vendanger à lui seul tant d’occasions en 90 minutes.

Ousséni Ilboudo

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2006 à 17:27 En réponse à : > Eléphants de Côte d’Ivoire : Talentueux mais inefficaces

    Je ne suis pas supporter de la côte d’ivoire. Mais j’ai été écoeuré de l’arbitrage du match contre le pays bas... j’en suis même sortie dégouté du foot... c’est vous dire... alors, oui, peut être que le complot n’est pas loin... et quand on voit le nombre du public français, je vous rejoins !

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