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Avertissement du PAM : La période de soudure risque d’affamer le Sahel

Publié le vendredi 19 mai 2006 à 07h29min

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Une fois de plus, dans les mois à venir, la famine guette le Sahel. Le Programme alimentaire mondial (PAM) tire donc la sonnette d’alarme. Il appelle la communauté internationale à plus de générosité afin de juguler cette crise alimentaire qui se profile.

Dans la région du Sahel, en Afrique de l’Ouest, les réserves de nourriture des familles commencent à s’épuiser. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a appelé aujourd’hui la communauté internationale à poursuivre son soutien aux programmes qui tentent de compenser les effets dévastateurs des pénuries de vivres parmi les populations les plus vulnérables.

Chaque année, des millions de personnes à travers le Sahel connaissent des mois difficiles entre le moment où leurs stocks arrivent à épuisement et le début de la récolte suivante. Alors que la région avait déjà connu une crise alimentaire l’an dernier, la période de soudure, cette année, a commencé plus tôt que d’ordinaire dans des pays parmi les plus pauvres de la planète. Nombreux sont ceux qui commencent déjà à ressentir les affres de la faim, malgré une récolte 2005 considérée comme globalement satisfaisante dans la région.

Cette année, le PAM s’est fixé comme objectif de nourrir 3,3 millions de personnes - dont la moitié sont de jeunes enfants - dans plusieurs pays du Sahel : Mauritanie, Mali, Niger et Burkina Faso. L’aide alimentaire sera dispensée sous forme de suppléments alimentaires dans des centres nutritionnels et des cliniques de santé communautaires, ainsi que dans le cadre d’autres programmes d’aide alimentaire d’après crise. Le coût total s’élève à 54 millions de dollars, mais à ce jour, seuls 16,5 millions (soit 30%) ont été reçus.

La crise au Niger a sonné l’alarme

« D’une année à l’autre, les crises s’enchaînent pour les personnes les plus démunies du Sahel », a déclaré Mustapha Darboe, responsable du PAM pour l’Afrique de l’Ouest. « Pendant trop longtemps, cette situation a été considérée comme normale et acceptable. Elle ne l’est pas. Personne, au 21e siècle, ne devrait être dans l’incapacité chronique de subvenir à ses besoins les plus élémentaires ». « La crise de l’année dernière dans la région, et en particulier au Niger, a sonné l’alarme pour tous. En Afrique de l’Ouest, la faim, que l’on ne voit pas, et la pauvreté incontrôlée tuent », a-t-¬il ajouté.

Dans la crainte de devoir interrompre l’approvisionnement, le PAM est particulièrement préoccupé par le financement insuffisant de son opération destinée à nourrir plus de 400 000 personnes en Mauritanie. Il n’a reçu que 920 000 dollars sur les 18 millions nécessaires pour mener à bien sa mission cette année. Une grave pénurie de céréales est à craindre dès le mois de juin.

En Mauritanie, plusieurs années de sécheresse successives, ainsi que les ravages causés par l’invasion de sauterelles en 2004 ont érodé les moyens de subsistance des populations. Un grand nombre de personnes de la région méridionale agropastorale vivent désormais dans la précarité. Les taux de malnutrition chez les jeunes enfants dépassent largement le seuil d’urgence, et le cours des céréales sur les marchés locaux sont parfois deux fois plus élevés que la moyenne à cette période de l’année.

Le PAM a récemment dû étendre ses opérations à d’autres régions du pays, notamment la partie la plus reculée du Sud-Est. Afin de venir en aide à 18 000 enfants sous-alimentés et à 14 000 mères vulnérables, le PAM ouvre des centres d’alimentation complémentaire d’urgence en partenariat avec le ministère mauritanien de la Santé, l’UNICEF et d’autres ONG.

De tous les pays de la région du Sahel, le Niger aura le plus de mal à faire face à la saison de soudure, car la crise de l’année passée a laissé de profondes cicatrices. Des milliers de personnes parmi les plus démunies se sont embourbées dans la pauvreté et les dettes. En coordination avec le ministère nigérien de la Santé et l’UNICEF, le PAM s’efforce d’approvisionner des centres nutritionnels en aliments enrichis en vitamines, afin de faire reculer la malnutrition des jeunes enfants à travers le pays. La réponse des donateurs est encourageante cette année, car elle permettra au PAM de garantir un approvisionnement des centres jusqu’au mois de septembre.

Une pauvreté meurtrière Le PAM a travaillé avec les autorit_és du pays pour améliorer la sécurité alimentaire des foyers, grâce à des programmes de vivres contre travail et à la reconstitution des banques de céréales des villages. Mais, des inquiétudes demeurent : si les prix des denrées alimentaires venaient à décupler, les personnes les plus pauvres auraient à nouveau besoin d’une aide d’urgence.

Au Mali, le PAM est sur le point de mettre en place une opération pour subvenir aux besoins des populations pendant la période de soudure, et pour aider le pays à se remettre de la crise de l’année dernière. Le programme vise 740 000 personnes, dont 175 000 enfants sous-alimentés de moins de cinq ans.

Comme au Niger, la priorité du PAM est d’améliorer l’équilibre nutritionnel des enfants de moins de cinq ans et de remettre en état les terres et les équipements pour que les populations soient mieux armées face à de futures catastrophes naturelles. Le coût de l’opération en 2006 s’élève à plus de 10 millions de dollars. Au Burkina Faso, le PAM prévoit de nourrir 43 000 enfants et 11 000 mères, pour essayer de faire baisser les taux de malnutrition dans le pays. Ceux-ci sont alarmants : 40% des enfants de moins de cinq ans ont un poids en dessous de la normale, tandis que le taux général de malnutrition aiguë se situe à plus de 18%.

« En Afrique occidentale, le PAM s’efforce de subvenir aux besoins de personnes qui sont parmi les plus pauvres du monde. Mais la nourriture seule ne suffit pas à venir à bout d’une pauvreté meurtrière. Cette région mérite l’attention prioritaire de la communauté internationale. On ne peut se contenter de fermer les yeux sur la pauvreté qui y règne. Car, si nous échouons en Afrique de l’Ouest, nous en ressentirions tous les effets », a déclaré Darboe.

Le PAM est l’organisation humanitaire la plus importante au monde : chaque année, le PAM donne à manger à environ 90 millions de pauvres pour couvrir leurs besoins alimentaires, y compris 61 millions d’enfants souffrant de la faim dans 80 pays les plus pauvres du monde. Campagne mondiale du PAM pour l’alimentation scolaire - Avec 19 centimes de dollars par jour seulement, vous pouvez aider le PAM à donner aux écoliers des pays pauvres un repas nutritif - un geste d’espoir pour un avenir meilleur.

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Observateur Paalga

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