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Vendeurs de bois sur les axes routiers : A chaque peine, sa joie

Publié le samedi 6 mai 2006 à 09h14min

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Sur certaines routes nationales reliant Ouagadougou aux différentes provinces, des fagots de bois longent les abords. Souvent, leur nombre impressionne le visiteur. C’est le commerce de bois de chauffe.

Sous d’autres cieux, on aurait appelé ces tas de bois « fantômes » tant il est rare de trouver les vendeurs auprès de ceux-ci. Sur l’axe Ouagadougou-Kaya, ce commerce prospère. Reportage sur une activité qu’on croirait réservée aux femmes mais qui est exercée par des hommes.

Ils exercent un « très dur » boulot. Ce boulot, habituellement dévolu aux femmes dans les agglomérations urbaines, est exercé par de jeunes hommes et des adultes aux abords des grands axes routiers. C’est la vente du bois de chauffe. En longeant les routes nationales le voyageur ou le touriste peut voir des fagots de bois entassés sans une âme qui vive à côté. En ce jeudi 13 avril 2006, la campagne municipale bat son plein à travers le Burkina Faso. La canicule du mois d’avril met tout le monde au supplice.

Les vendeurs de bois de Raguitenga à une trentaine de kilomètres au Nord de Ouagadougou ont trouvé refuge à l’ombre d’un manguier. Là, ils échangent sur ce qui peut leur permettre de passer le temps en attendant d’éventuels clients. Les fagots de bois sont assemblés par tas et enlacés avec des lianes. Les plus gros tas coûtent 250 à 300 F CFA. Les petits tas sont à 100 F CFA.

Abdoulaye Yanogo est vendeur de bois depuis sa tendre enfance. Il a évolué sous la coupe de ses parents pour se faire une expérience dans la casse et la vente du bois.

Selon, ces explications, le bois ne se coupe pas « au hasard » dans la forêt, Lui et ses congénères se lèvent tôt le matin et vont en brousse à la recherche des arbres morts. Quand ils en trouvent, ils les transportent sur leurs bicyclettes jusqu’aux abords du bitume. Et, non loin de l’endroit où sont exposés les tas de bois en vente, ils coupent l’arbre mort en morceaux avec des haches spéciales.

Les prix des tas de fagots de bois sont fonction de la loi de marché. Durant la saison sèche, le tas coûtent moins cher qu’en saison pluvieuse. La raison est que selon M. Yanogo, le bois sec est plus disponible en quantité en saison sèche qu’en saison pluvieuse. Ainsi, pendant la saison des pluies, les tas de 250 F se vendent à 500 F CFA. Il est 12h 10mn. Le soleil est au zénith. La sueur sur le front, Abdoulaye Yanogo explique qu’à Raguitenga, de nombreuses familles s’adonnent à cette activité. Il indique que les tas de bois sont la propriété d’une dizaine de personnes qui y gagnent leur vie.

Un commerce atypique

La vente des bois sur les axes routiers est un commerce atypique. Les tas de bois à la nuit tombée restent là où ils étaient durant toute la journée. Et cela n’est pas sans conséquences. Des vols sont légion. Mais, selon M. Yanogo, des clients souvent pressés la nuit, prennent les tas et reviennent payer un mois plus tard. Dans ce genre de situation, seule la bonne foi du client peut jouer car, le nombre de tas ramassé et celui déclaré peut être sujet à débat entre le vendeur et le client. Cependant, rassure M. Yanogo « nous faisons confiance à celui qui vient payer une dette dont nous n’avons pas souvenance qu’à celui qui vole et ne revient plus payer ».

A deux kilomètres de Raguitenga, en venant à Ouagadougou, se trouve un village qui porte le nom du fleuve Nakambé. Là, c’est une association nommée Namagdzanga qui s’occupe de la vente du bois. Elle compte en son sein une centaine de membres. Idrissa Ouédraogo, marié et père de trois enfants est membre de l’association Namagdzanga. Cette association verse une taxe mensuelle de 20 000 F CFA au service technique du ministère des Eaux et Forêts. Il est 13h 15. Des jeunes hommes en haillons travaillent le bois à quelque 100 mètres du bitume. Sur les lieux des fragments de bois témoignent de l’intensité de la casse du bois. Des haches sont posées à côté de troncs d’arbres en instance d’être cassés.

Idrissa Ouédraogo, 28 ans révolus, casse et vend du bois à longueur de journée. Selon lui, le marché tourne au ralenti en cette période. Mais, lorsque le marché se porte bien, ils peuvent vendre entre 10 à 15 000 francs CFA par jour. En revanche, en certains jours, il leur arrive de ne pas vendre un seul fagot. « C’est la réalité du terrain », clame les jeunes amassés autour de Idrissa Ouédraogo. Ce dernier dit être né dans ce commerce que ses parents exercent depuis qu’il a vu le jour.

Baisse de surveillance, place au vol

Les voleurs profitent du fait que les tas de bois sont exposés aux abords du bitume sans une surveillance rapprochée. Que ce soit à Raguitenga et/ou aux abords du Nakambé, les voleurs de fagots de bois ne se font pas prier pour opérer. Selon Abdoulayé Yanogo, les voleurs sont légion.
Du fait, « qu’à la nuit tombée, les tas de bois sont laissés à l’air libre, certains usagers en profitent pour emporter des tas. Et c’est le lendemain matin, que les vendeurs en faisant le décompte trouvent qu’il y a des tas qui ont disparu » a expliqué M. Yanogo. Idrissa Ouédraogo ne dit pas le contraire.

« Souvent, lorsque les conducteurs voient qu’il n’y a personne pour surveiller le bois, ils se servent et partent sans laisser d’argent à côté du bois ». Le pic de la vente du bois intervient généralement à la fin du mois selon les vendeurs. Pour M. Yanogo, lorsque la fin du mois approche, ils se frottent les mains, parce qu’ils savent que ça va marcher. En outre, les membres de l’association Namagdzanga font la vente en gros et en détail. Le tas de 250 F en détail est vendu à 200 F aux grossistes.

Les clients grossistes viennent pour la plupart de Ouagadougou. Selon M. Ouédraogo, leur achat peut s’élever à 20 000 F et plus.

Le commerce de bois aux abords des axes routiers est un créneau utile pour de nombreuses familles, selon les jeunes de Raguitenga. Ils préfèrent selon eux, vivre à la sueur de leur front en cassant du bois pour vendre que d’aller voler.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)

Sidwaya

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