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Situation nationale : attention aux dérives de l’opposition !

Publié le lundi 3 novembre 2003 à 12h59min

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Un peu de retenue "messieurs" les opposants burkinabè ! L’image d’"assoiffés pouvoiritaires" que vous donnez à voir à l’opinion nationale dénature l’essence de la démocratie et réduit votre rôle à celui de "gueulards" et de signataires de communiqués et autres déclarations auxquels vous ne croyez même pas.

Et, c’est la démocratie qui est ainsi roulée dans la farine. Gagnée longtemps par un mutisme inexplicable qui traduit son incapacité à mener sa mission républicaine de contre-pouvoir, l’opposition dans sa grande majorité est gagnée par le complexe de la représentativité. Ainsi, elle préfère paraître, qu’être.

Ce constat de la situation de l’opposition devait inviter les uns et les autres à plus d’humilité et de responsabilité. Or, en un mois, elle est passée de la semi-agonie à une activité débordante. L’opposition politique burkinabè a fait couler plus d’encre et de salive pour se prouver qu’elle existe. Mais le peuple et les honnêtes gens ne sont pas dupes. Depuis l’officialisation du putsch déjoué en passant par l’arrestation de Norbert Michel Tiendrébéogo à l’affaire, si l’on peut la qualifier ainsi, de Liermé Somé, notre confrère de l’Indépendant, l’opposition burkinabè a eu des opportunités pour renouer avec son sport favori : la ronde des médias.

Ainsi, l’on observe que nos opposants sont plus actifs lorsque l’un des leurs ou supposé tel est inquiété que lorsque la démocratie et le peuple sont en péril. Qu’a fait l’opposition burkinabè face à la défiance du régime ivoiritaire de Laurent Koudou Gbagbo contre notre pays ?

Qu’a-t-elle entrepris face à la tentative de coup d’Etat qui visait à briser l’ordre républicain et démocratique ? Tout, sauf le rôle essentiel que doit jouer toute opposition crédible et responsable, à savoir la défense de l’Etat de droit.

Les opposants, qui ne vivent que pour en découdre avec le pouvoir, semblent n’avoir plus d’oreille. Or, l’opposition a, en son sein des responsables capables de pousser la réflexion. Mais, le peuvent-ils, lorsque la haine, l’intolérance et l’esprit revanchard sont les vertus les mieux partagées dans leur milieu ?

Quel intérêt vise l’opposition lorsqu’elle se masturbe les méninges pour tenter de banaliser le putsch politico-militaire déjoué ? Face à la garde-à-vue de Norbert Michel Tiendrébéogo, ceux, qui exigent des "preuves" aujourd’hui, ne sont-ils pas les mêmes qui, hier, sur la base de simples "présomptions", ont culpabilisé des soldats du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) sans "preuves formelles" ?

Alors, que ce sont les mêmes qui radotent à tout vent cette vérité universelle : "Nul n’est au-dessus de la loi". Pourquoi donc ces deux poids, deux mesures ? La politique est passée par là.

A peine Liermé Somé a-t-il ouvert la bouche, que les opposants ont repris en écho sa parole d’évangile pour diriger les flèches vers une seule cible, toujours la même : le pouvoir. Cet acharnement psychologique qui se couple d’une campagne de diabolisation met désormais le pouvoir dans la peau du martyr, de la victime.

Dans l’affaire de l’assassinat de Tidiane Bibagui Paré, si les enquêteurs s’étaient engouffrés dans les premières hypothèses avec précipitation, peut-être que l’on se retrouverait un jour à épiloguer sur une grave erreur judiciaire. Evitons donc de privilégier les pistes des coupables robotisés (il est militaire, il est du RSP, conclusion, c’est un tueur à gage).

Une autre preuve de cette boulimie accusatrice est donnée avec l’intrusion d’un individu non identifié au siège du journal l’Indépendant. La piste politique (pouvoir) a été abandonnée par la principale "victime", qui privilégie à présent "la piste libanaise". Pendant que dans son entourage immédiat, certains restent sceptiques. Or, si d’aventure un troisième larron passait à l’acte (touchons du bois) que retiendra l’opinion ?

Que le pouvoir le veuille ou pas, on fera de lui le coupable de service. Ce n’est pas l’ancien et célèbre leader politique italien Julio Andreotti qui dira le contraire. Il a été condamné à vingt-quatre ans (24) de prison bien qu’il ait clamé son innocence, pour avoir, selon ses accusateurs, commandité l’assassinat d’un journaliste en 1979. Aujourd’hui, il est acquitté par le tribunal de Palerme. Voilà où peuvent conduire la haine et l’intolérance en politique.

Il est facile de manipuler l’opinion nationale avec la complicité active et coupable de médias pour condamner des adversaires politiques, mais le risque est que demain ce pourrait être votre tour. Cette actualité récente en Italie doit interpeller l’opposition burkinabè, car là où elle est attendue comme une opposition patriotique, elle est absente et là où vous croyez qu’elle peut être une force républicaine, elle joue à l’anti-démocratisme. N’y a-t-il pas une nouvelle vision pour l’opposition burkinabè de faire autrement la politique, que de se comporter telle un monstre draculien qui se nourrit de sang et se régénère par les "affaires" ?

Certes, la politique n’est pas un gala de dandys aux gants blancs, mais elle n’est pas la guerre non plus. Même sur le théâtre de la guerre, il y a des principes et des règles à observer et cela doit l’être tout aussi sur le terrain politique. Alors, messieurs de l’opposition changez vos fusils d’épaule dans l’intérêt supérieur du peuple burkinabè.

Par Michel OUEDRAOGO
Sidwaya

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