Sept mois après cette dispute, il obtenait sa revanche car quand Larissa est venue le voir accompagné de Aïcha, il leur a fermé la porte au nez, en leur disant tout calmement qu’il n’était pas l’auteur de la grossesse. Et Larissa tomba en syncope.

Larissa est employée à la direction régionale d’un service déconcentré. Mariée, elle a trois enfants qui tous fréquentent l’école. Elle avait un souci pour se trouver une bonne.

Voilà que sa grande sœur qui habitait à des centaines de km de là leur proposa sa première fille qui était devenue insupportable car découchant très souvent. Larissa fut enchantée d’avoir avec elle Aïcha qui allait dans ses dix huit ans. La cuisine, la lessive, les amplettes au marché, etc., étaient assurées par Aïcha qui était polie, respectueuse, docile et avait changé de comportement. Ne dit-on pas qu’on est toujours trahi par ceux en qui on a mis une certaine confiance ?

Aïcha qui allait au marché passait toujours devant une concession où il y avait une boutique dont le propriétaire était Victor. Ce dernier habitait dans la même concession qui appartenait à son oncle, planteur résidant en Côte d’Ivoire. Il lui fut facile de mettre le grappin sur Aïcha qui n’était plus pucelle.

Un jour, elle vint en larmes dire à Victor que sa tante l’avait battue et qu’elle ne mettrait plus le pieds chez elle. Ce qui était faux et ce fut une aubaine pour Victor qui était célibataire. Que veut la tête si ce n’est des yeux, dit un dicton de chez nous. Aïcha élit domicile chez Victor.

Larissa ne voyant pas Aïcha, paniqua et fit diffuser des communiqués en vain. Aïcha demeurait introuvable. Trois semaines après sa fugue, Larissa aperçut Aïcha alors qu’elle passait devant la concession. Elle freina, fit demi-tour. Elle intima à Aïcha de faire ses bagages et de la suivre. Alerté par les bruits, Victor vint aux nouvelles. Il fut copieusement insulté et sermonné.

Larissa revint le soir, l’insulta et le menaça de le convoquer chez les pandores. Victor resta stoïque et fut la risée des badauds, des voisins et des passants. Quatre jours plus tard, Aïcha était renvoyée chez ses parents.

Un jour, Larissa vit sa sœur débarquer chez elle avec Aïcha qui était grosse. Les explications furent vite données. Séance tenante, Larissa invita Aïcha à l’accompagner chez Victor.

Lorsqu’elles arrivèrent, Victor se préparait à fermer boutique pour aller lancer une commande. Larissa lui dit à peu près ceci : “Voici le fruit de ton travail. Aïcha est en grossesse et déclare que tu en es l’auteur. Donc la voici et occupe-toi d’elle. Pour les formalités coutumières, civiles et religieuses, nous verrons plus tard car ça ne presse plus”. Victor lui fit comprendre qu’il n’était pas question qu’il reconnaisse cette grossesse.

Aïcha serait restée chez lui depuis, qu’il ne pouvait rien dire. Mais revenir huit mois plus tard pour l’accuser, il n’est pas partant. Il ferma sa boutique et s’en alla, laissant Larissa qui s’était évanouie sentant venir les angoisses.

On intervient pas comme un aveugle, comme un sourd entre deux personnes qui s’aiment car les conséquences sont imprévisibles. Pour ma part, Victor a eu sa revanche.

Rakissé

Sidwaya