La recherche-action se veut une pratique de recherche désireuse de s’inscrire à la manière d’un apport ou d’un rapport pour l’action plus ou moins organisée. En se fondant sur cette définition, Mme Kadidia Tall/Karembèga, économiste sociale familiale, a entrepris un travail de recherche sur l’empowerment des femmes au Burkina Faso.

Dit autrement, il s’est agi de la mise en évidence des potentialités des organisations féminines telles l’association Lagm Yam et la coordination des coopératives et des associations pour l’assainissement et la valorisation des déchets (CAVAD). Les femmes travaillant dans ces associations se sont organisées en groupements d’intérêt économique prenant en compte les secteurs n° 15, 16, 17, 18, 19 et Ouaga 2000 de la commune de Ouagadougou.

Mme Tall, dans son entreprise, s’est constituée d’une équipe de recherche comprenant des chercheurs professionnels et d’agents de développement provenant des services publics et du secteur privé.

Dans sa démarche, l’équipe de recherche a eu pour souci d’apporter un plus aux femmes de son champ d’action, en les aidant à découvrir la dynamique sociale de leur cadre de vie, de leur communauté et de leur commune. Pour cela, l’observation participative a été de mise. Il a donc fallu aux membres de l’équipe de recherche jouer le jeu de la complicité en poussant les femmes à avoir confiance en elles-mêmes et en ne se laissant pas faire au niveau de la municipalité.

Pour Mme Tall, il s’est agi d’entreprendre toutes actions pouvant aider les femmes des associations-cibles à faire front avec d’autres actrices et acteurs, à renforcer leur détermination et à développer davantage leur pouvoir de négociation en direction des autorités politiques. Après sept ans de recherche, Mme Tall et son équipe ont perçu la détermination des femmes des associations-cibles à lutter pour se maintenir dans le système de la gestion des déchets. Elles disent avoir également noté un réel intérêt de ces associations à mieux cerner la problématique genre au sein de leurs organisations, de la commune et de la politique de l’assainissement.

Conscience politique et militantisme

« L’empowerment des femmes à partir de leur responsabilisation à travers les politiques publiques et gouvernementales dans le domaine de l’assainissement est visible, dans nos villes, même s’il n’est pas définitivement acquis », a conclu Mme Tall. L’autre pan de la recherche-action a porté sur l’éveil des consciences politiques et le militantisme responsable des femmes.

Le public-cible de cette étude a été les femmes alphabétisées des associations et groupements de cinq communes, à savoir : Koudougou, Fada N’Gourma, Ouahigouya, Kaya, Bobo-Dioulasso. La démarche a été centrée sur le projet intitulé : « Projet de formation politique pour un empowerment des femmes alphabétisées et des leaders ». A ce niveau, il s’est surtout agi de plancher sur des modules de formation tels la démocratie, la citoyenneté, la politique, le militantisme et la conciliation entre vie politique et vie familiale, le poids et les potentialités des femmes alphabétisées. Mme Tall espère que la politique de décentralisation menée dans le cadre du processus de décentralisation durable pourrait activer ou renforcer l’empowerment des femmes.

Pour elle, le rapport inégal entre les hommes et les femmes dans la répartition des tâches et le partage du pouvoir est à reconsidérer dans cette dynamique sociale : « II faut travailler dans le sens d’amener les femmes à acquérir des connaissance qui les mettent à la hauteur de leurs tâches et de leur pouvoir », a-t-il indiqué.

Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)
Sidwaya