Lefaso.net : Pouvez-vous revenir sur le comportement qu’un bon chrétien doit avoir en période de carême ?

Abbé Hyacinthe Cyrille Kaboré : Pour répondre à cette question, j’aurais préféré que l’on mette simplement un chrétien catholique. Le temps de carême catholique est une période de quarante jours qui commence le mercredi des cendres jusqu’au samedi saint, sans les dimanches. C’est un moment favorable de conversion pour le fidèle catholique qui fixe son regard sur Jésus au désert. En effet, Jésus au désert prie, jeûne et lutte contre les assauts du démon. Cela nous amène à réfléchir sur nous-mêmes et à travailler à notre conversion. Concrètement, comment travailler à cette conversion ?

Selon le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC) : « La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et du droit (cf. Am 5, 24 ; Is 1, 17), par l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la persécution à cause de la justice. Prendre sa croix, chaque jour, et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence (cf. Lc 9, 23). » (CEC, 1435).

Expliquez-nous pourquoi l’on ne doit pas manger de la viande le vendredi ?

L’abstinence de viande, autrement dit ne pas manger la viande le vendredi, fait partie des dispositions de la Conférence des Évêques du Burkina-Niger. Étant donné que la viande fait partie des produits de luxe, sa suppression le vendredi est un signe de privation qui nous invite à ne consommer que des aliments maigres d’une part et d’autre part à jeûner. Disons que la pratique du jeûne, qui caractérise ce temps liturgique depuis les premiers siècles de l’Église, est un exercice qui libère volontairement des désirs liés à la vie sur cette terre ; il permet donc de redécouvrir la nécessité d’aspirer à la vie qui vient du ciel : « ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8, 3).

Pouvez-vous revenir sur l’importance du carême dans la vie d’un chrétien ?

En dépit de la sécularisation de la société contemporaine, les fidèles chrétiens catholiques doivent accueillir le carême comme un temps de conversion, de retournement et de sobriété, un temps privilégié qui vise à orienter leurs âmes vers les seules réalités qui comptent vraiment. Cette attitude comprend l’engagement à suivre l’Évangile et à lui conformer sa propre vie, ce qui se traduit par l’accomplissement de bonnes œuvres, qui prennent la double forme d’un renoncement à tout ce qui est superflu et luxueux, et de gestes de solidarité envers les pauvres et tous ceux qui souffrent. Il s’agit d’un temps de retour à Dieu en le remettant au centre de notre vie.

Ce retour à Dieu ne va pas sans un combat contre le démon. C’est véritablement un temps de lutte car nous avons toujours à vaincre en nous, diverses résistances, nos mauvaises habitudes, notre amour-propre, notre nature blessée, faussée par le péché. Ce retour à Dieu nous obtient la joie de la réconciliation du pécheur qui se sait pardonné.

Quels conseils pratiques pouvez-vous donner aux fidèles croyants ?}