C’est exactement le 31 mars 2024 que prendra fin l’implémentation du Projet « Centres d’innovations vertes » (ProCIV) au Burkina Faso. Le projet était mis en œuvre par la coopération allemande (GIZ) dans les régions des Hauts-Bassins, des Cascades, de la Boucle du Mouhoun et du Sud-ouest et concernait principalement les chaînes de valeur sésame et riz avec pour objectif de promouvoir les innovations dans le secteur agroalimentaire des régions rurales et contribuer ainsi au développement rural durable. Ce qui passe par la diffusion de solutions adaptées dans le secteur agricole et alimentaire grâce à des innovations techniques et organisationnelles le long des chaînes de valeur riz et sésame.

Les participants prendront connaissance des résultats engrangés par ProCIV

En effet, c’est un secret de Polichinelle que de dire qu’au Burkina Faso, le secteur de l’agro-alimentaire est caractérisé par de petites entreprises à faible productivité et utilisant des techniques traditionnelles de production. Ces petites entreprises n’ont d’ailleurs pas le plus souvent accès à des solutions innovantes à même de leur permettre d’augmenter leur productivité. A cela s’ajoutent plusieurs autres facteurs qui limitent leur rentabilité. C’est dans ce contexte qu’est intervenu le Projet Centres d’innovations vertes (ProCIV) en 2014.

Au cours de ces dix années de mise en œuvre, ProCIV a enregistré de nombreux résultats. Le projet a ainsi permis de former près de 149 000 producteurs en bonnes pratiques agricoles et en entrepreneuriat, former plus 3 000 formateurs endogènes et permis de créer 1 430 emplois directes dans la transformation agroalimentaire. Grâce à ProCIV, 36 119 producteurs ont adopté des innovations climato-intelligentes, les revenus des producteurs de riz ont augmenté de 84% et ceux des producteurs de sésame ont augmenté de 122%. On note également l’augmentation de la productivité du riz de 93,6% et de 11,8% pour le sésame.

Les participants à la cérémonie de clôture du projet ont posé pour la postérité

ProCIV a également apporté un appui à douze usines de transformation de riz qui entretiennent des liens d’approvisionnement avec plus de 13 000 producteurs et mis à la disposition des jeunes ruraux, 31 kits d’équipements agricoles afin d’appuyer l’émergence de microentreprises de prestation de services en mécanisation agricole comme le labour, le semis, la récolte et le battage. Le projet a également permis d’installer une chambre froide et six chambres de germination solaire dans cinq régions, dans le cadre de l’accompagnement à la certification du système national de semences aux normes de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et de l’Association internationale d’essais de semences (ISTA).

Ces résultats ont de quoi réjouir le ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques qui assurait la tutelle du projet. Comme l’indique Sylvain Kaboré, chargé d’études auprès du secrétariat général du ministère de l’Agriculture et point focal ProCIV auprès du secrétariat général, ProCIV a contribué au cours de ces dix années, à la mise en œuvre des politiques du ministère de l’Agriculture.

Sylvain Kaboré, point focal ProCIV auprès du ministère de l’Agriculture avoue que le projet a contribué à la mise en œuvre des politiques du ministère au cours des dix dernières années

« De la production jusqu’à la commercialisation, le projet a travaillé sur les différents maillons des chaînes de valeur riz et sésame. Nous avons aujourd’hui des investissements que le projet a pu mener. Ce sont les unités de transformation, les unités de nettoyage qui permettront à nos producteurs semenciers de nettoyer correctement leurs semences. Et avec la réforme sur les semences, le processus OCDE/ISTA, c’est une opportunité qui s’offre à nos semenciers pour le marché international. En ce qui concerne le renforcement des capacités, au niveau de notre école nationale de formation agricole, le projet a mis en place une unité de transformation qui va contribuer à former nos jeunes agronomes qui sortiront. Parce qu’il faut reconnaître que l’aspect transformation est une thématique qui n’était pas suffisamment prise en charge dans les curricula de formation », a souligné M. Kaboré.

Julia Spieler, conseillère politique à l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne a tenu à féliciter le ministère de l’Agriculture et la GIZ qui ont mis en œuvre le projet. De son point de vue, ProCIV est un exemple concret de coopération réussie entre l’Allemagne et le Burkina Faso. Elle a déclaré que le succès du projet résulte, non seulement de l’engagement du gouvernement burkinabè, mais aussi de l’ensemble des partenaires qu’ils soient du secteur privé ou de la société civile, depuis le début de ProCIV en 2014.

Julia Spieler a déclaré que ProCIV est un exemple concret de coopération réussie entre le Burkina Faso et la République fédérale d’Allemagne

Outre le Burkina Faso, ProCIV est mis en œuvre dans treize autres pays africains et deux pays asiatiques. Le projet est le résultat de l’opérationnalisation de l’initiative « Transformation des systèmes agroalimentaires », lancé par le ministère allemand de la Coopération économique et du développement, qui a pour objectif de réduire la pauvreté et la faim dans le monde.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net