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Burkina/Entrepreneuriat : De la communication à la boucherie, le parcours encourageant de Jedidia Dabiré, la "reine des carcasses de mouton"

Publié le vendredi 8 mars 2024 à 11h50min

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Burkina/Entrepreneuriat : De la communication à la boucherie, le parcours encourageant de Jedidia Dabiré, la

Titulaire d’un master en communication, Jedidia Dabiré a choisi un métier singulier. Aujourd’hui après ses études, cette native de la commune de Namounou, dans la province de la Tapoa (région de l’Est), se donne corps et âme au métier de vendeuse de viande de mouton. Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, nous vous proposons de découvrir la reine de carcasses de mouton à la vie très inspirante.

De plus en plus, des femmes se lancent dans des corps de métiers informels traditionnellement chasse gardée des hommes. Parmi elles, Jedidia Tankoano épouse Dabiré. Benjamine d’une fratrie de quatre enfants, elle est mère de deux enfants. En cette mi-journée du 4 mars 2024, où la fraicheur matinale laisse place à la chaleur, nous nous rendons chez la reine de carcasses de mouton. Affectueusement appelé Jedi par ses proches, elle a établi son lieu de commerce au quartier Goudrin de Ouagadougou.. Le local qui lui sert de magasin se distingue des concurrents.

C’est un cadre sain, propre et accueillant qui est réservé aux clients. À notre arrivée, Mme Dabiré est au four et au moulin. Couteau en main, elle s’attèle à servir une cliente. Elle aurait pu devenir journaliste ou communicatrice. Mais la jeune dame a choisi de se lancer dans le domaine de la boucherie notamment dans la vente de têtes de moutons et autres abats. Cette activité, elle l’exerce depuis 2020. Au-delà d’un métier, cela est devenu pour elle une passion.

Aujourd’hui, avant la trentaine, dame Dabiré fait son petit bonhomme de chemin. Dans cet univers masculin, sa présence n’est pas aussi bien appréciée. Pour certains, « une femme bouchère, ça ne passe pas ». Malgré les préjugés et les considérations de tout genre, elle garde le moral et tente de s’y imposer. Soutenue dès le début de son aventure par un père vétérinaire, elle sillonne les marchés de bétail de Ouagadougou mais aussi de villages comme Donsin et Saponé, à la recherche de bovins. Si les sites de vente sont bondés de bovins, leur acquisition reste problématique en raison des prix qu’elle juge parfois trop élevés. Mais elle s’en procure selon sa bourse, après des négociations, nous dit-elle. Cette brave dame se démarque dans ce milieu par sa passion et sa ténacité. A la différence de certains bouchers, Jedidia Tankoano/Dabiré fait passer ses animaux par l’abattoir frigorifique de Ouagadougou, pour l’abatage et pour s’assurer de la bonne santé de ceux-ci en vue de proposer de la viande saine à ses clients.

La tête de mouton et autres produits tripiers ou abats se négocie entre 3 500 et 5 000 francs CFA selon la taille, chez Mme Dabiré. « Si je dévoile mes bénéfices, beaucoup seront tentés par ce secteur », plaisante-t-elle. Les abats de mouton mal nettoyés peuvent créer des problèmes de santé. Consciente de cela, dame Dabiré met un point d’honneur sur l’hygiène avant la livraison. Au fil du temps, cette brave dame s’est forgée une réputation. Son carnet d’adresses ne fait que s’accroître. Ces clients viennent de partout. Des particuliers, des ménages ou encore des institutions de la place.

Son business lui apporte une entière satisfaction, selon notre interlocutrice. Pendant les fêtes de fin d’année 2023, elle a vendu 293 carcasses de bélier à des prix unitaires allant de 25 000 à 250 000 francs CFA, nous dit-elle. Jedidia se fait aider par des partenaires notamment des sociétés de livraison. Son mari est aussi une épaule sur laquelle elle peut s’appuyer pour avancer. « Mon mari me soutient dans mon activité. Par moment, il m’aide dans la livraison », confie-t-elle.

Cependant, Mme Dabiré rencontre des difficultés dans son activité. Il s’agit, entre autres, du manque de main d’oeuvre. « Quand j’emploie quelqu’un, au bout de deux semaines, la personne démissionne sous prétexte que le travail est salissant. Ils se plaignent aussi des odeurs », déplore-t-elle. À cela s’ajoute le manque de moyens techniques. Mais elle ne s’est jamais laissée abattre par le découragement, affirme-t-elle, soulignant qu’elle a plutôt utilisé à chaque fois sa passion pour continuer à avancer.

Martial est l’un de ses fidèles clients. Nous l’avons rencontré au moment où il faisait ses achats. Il témoigne de son respect pour Jedidia, soulignant « sa ténacité et son dévouement inégalés ». « Ce qui me plait le plus chez elle, c’est sa courtoisie et la propreté de ses produits. J’ai même envie de dire qu’on n’a pas besoin de laver les produits après les avoir acheté chez elle. Elle s’assure que tout est véritablement propre », confie-t-il.
Mme Dabiré veut relever un grand défi, celui d’agrandir son business et d’être son propre fournisseur, afin de « faire tache d’huile » dans le secteur, dit-elle en souriant.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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