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Burkina Faso : La commune de Méguet dotée de jeunes « ambassadeurs » pour la gestion durable des ressources en eau

Publié le lundi 19 février 2024 à 20h00min

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Burkina Faso : La commune de Méguet dotée de jeunes « ambassadeurs » pour la gestion durable des ressources en eau

Le Parlement national de la jeunesse burkinabè pour l’Eau (PNJBE), en collaboration avec l’Agence belge de développement (Enabel) dans le cadre du Portefeuille thématique climat Sahel (PTCS), a lancé un projet visant à mettre en place et à opérationnaliser des cellules de Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) dans les établissements d’enseignement post-primaire et secondaires publics et privés (PMPOC-GIRE). Dans cette perspective, une Cellule GIRE inter-établissements a été inaugurée à Méguet, dans la commune rurale du même nom, située dans la province du Ganzourgou, région du Plateau-central. Cette initiative a été concrétisée lors d’une Assemblée générale qui a rassemblé, en plus des élèves, de nombreux autres intervenants de la localité, le samedi, 17 février 2024.

La question de l’eau est une préoccupation majeure dans les pays d’Afrique de l’Ouest, selon les données disponibles. Sa gestion efficace devient ainsi une obligation pour les gouvernants, nécessitant la mise en place de mécanismes appropriés. De même, chaque citoyen se voit confronté à l’impératif d’adopter des comportements responsables afin d’assurer la pérennité de cette ressource vitale. Cela a conduit à l’émergence du concept de Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), une approche visant à promouvoir une gouvernance adéquate de l’eau.

Au Burkina Faso, l’un des pays où le besoin d’une gestion appropriée des ressources en eau est particulièrement crucial, le concept de GIRE, bien que adopté depuis des décennies, demeure peu connu du grand public, malgré les efforts déployés par les acteurs sur le terrain. Cette méconnaissance entraîne des pratiques néfastes pour les ressources en eau, surtout dans un contexte marqué par la crise sécuritaire et les défis climatiques.

Il est donc crucial de soutenir les initiatives visant à limiter ces pratiques préjudiciables à l’environnement et à protéger les ressources en eau pour le bien-être des générations présentes et futures. Parmi les acteurs engagés dans cette lutte pour le bien-être de tous, figure le Parlement national de la jeunesse burkinabè pour l’eau (PNJBE), convaincu que les jeunes constituent une plateforme multipartite essentielle pour toucher tous les secteurs de la société.

Mamata Korsaga (à droite) et Rasmané Sawadogo, présidente et vice-président de la Cellule promettent d’oeuvrer pour l’atteinte des objectifs visés.

Afin d’atteindre ses objectifs, le Parlement national de la jeunesse burkinabè pour l’eau, avec le soutien technique et financier de l’Agence belge de coopération (ENABEL) dans le cadre du Portefeuille thématique climat Sahel, a lancé le Projet de mise en place et d’opérationnalisation des cellules GIRE dans les établissements publics et privés d’enseignement secondaire (PMPOC-GIRE). Ce projet, en tant que phase pilote, vise principalement à sensibiliser les jeunes scolarisés à la gestion intégrée des ressources en eau, afin de les encourager à devenir des « ambassadeurs » de la GIRE au sein de leur communauté, dans la zone d’intervention du Portefeuille thématique climat Sahel (PTCS) au Burkina Faso. Pour cette phase initiale, les communes de Méguet, dans la région du Plateau-central, et de Koupèla dans la région du Centre-est ont été sélectionnées.

À Méguet, lors d’une mobilisation massive des élèves et d’autres acteurs techniques de la localité le samedi 17 février 2024, les responsables de cette initiative ont établi une Cellule GIRE inter-établissements. Cette cellule est composée de 40 élèves provenant des quatre établissements secondaires de la commune et est dirigée par un bureau de douze membres. Ces élèves sont désormais considérés comme les porte-parole de la GIRE au sein de leurs établissements et de leurs communautés. En plus de l’élection du bureau de la cellule, l’assemblée générale a été ponctuée par des présentations sur la GIRE et des discussions interactives avec les élèves sur le sujet.

Les élèves ont posé de nombreuses questions sur l’approche GIRE et fait autant de propositions en perspective à leur engagement à la lutte contre les pratiques nuisibles à la ressource en eau.

Les élèves comme principaux artisans …

« Après cette activité, nous allons davantage outiller les membres des bureaux sur plusieurs thématiques, dont celles liées au leadership, à l’éco-citoyenneté, à la gestion d’une cellule GIRE et à la mise en place de leur plan d’actions, entre autres. Le PNJBE et son partenaire ENABEL vont également les assister techniquement et logistiquement dans la mise en œuvre des actions inscrites dans le plan. (…). La mission de la cellule sera donc de faire comprendre que la gestion de l’eau est de la responsabilité de tous et que chacun a un grand rôle à jouer. Tout le monde doit comprendre, lorsqu’on parle de GIRE, que ce n’est pas une affaire d’experts, c’est de la responsabilité de tous. Il faut donc expliquer, en des termes accessibles, ce que c’est que la GIRE, les pratiques à bannir, les bons réflexes à adopter pour la protection des ressources en eau et de l’environnement.

Désormais conscients de ces réalités-là, ces élèves vont identifier les problèmes dans leurs localités, liés par exemples à la pratique agricole, la dégradation des cours d’eau, la gestion des déchets (sachets, habits usés, etc.), afin d’entreprendre des actions de sensibilisation. Donc, ce sont vraiment les élèves eux-mêmes qui vont identifier les problèmes auxquels sont confrontés leurs communautés et non nous qui allons leur imposer un plan d’actions », a décliné le coordonnateur-terrain du PMPOC-GIRE, Jean Damase Roamba, précisant que le Parlement va, avec l’assistance technique des différents acteurs (agences de l’eau du Gourma et du Nakambé), accompagner avec les outils pour l’implémentation du plan d’action.

Le Coordonnateur-Terrain du PMPOC-GIRE, Jean Damase Roamba...

Selon ses explications, le projet-pilote qui dure douze mois, à compter de septembre 2023, a connu plusieurs étapes, partant du ciblage des établissements à la rencontre avec les différents acteurs (les agences de l’eau, les services techniques déconcentrés, les directeurs régionaux pour avoir le quitus d’intervenir dans les établissements, …) en passant par les autorités locales, dont les délégations spéciales, les CLE (Comités locaux de l’eau), les chefs d’établissements pour l’identification des établissements parties-prenantes de la phase pilote.

Une offensive du PNJBE accueillie à sa juste valeur par l’Agence de l’eau du Nakambé, dont le chef de service appui-conseil, Cathérine Tankoano, a suivi de bout en bout la séance au cours de laquelle, elle a d’ailleurs livré une communication sur la GIRE. Ainsi, après avoir présenté l’Agence de l’eau du Nakambé et la GIRE, elle s’est réjouie que les missions du PNJBE entrent en droite ligne avec celles de l’Agence de l’eau du Nakambé. C’est pourquoi a-t-elle prodigué de nombreux conseils aux élèves sur le sujet, en particulier les membres de la cellule mise en place, les exhortant également à sensibiliser dans le milieu scolaire et dans leurs communautés pour un changement de comportements et une meilleure gestion et protection des ressources en eau.

... et Catherine Tankoano de l’Agence de l’eau du Nakambé se sont félicités de l’intérêt des élèves vis-à-vis de l’initiative.

« Nous sommes là pour apporter aussi notre contribution, pour que la mise en place de ces structures GIRE soit une réussite dans l’intérêt de la protection des ressources en eau. (…). Avec la mise en place de ces cellules-là, progressivement, il y aura des changements de comportements en faveur de la protection des ressources en eau », loue Cathérine Tankoano, pour qui, l’initiative vient donc à point nommé.

Pour le proviseur du lycée départemental de Méguet, Clément Kientéga, l’idée même d’impliquer les jeunes, élèves, dans la gestion de ce bien commun qu’est la ressource en eau, est une éducation au sens de la responsabilité. « C’est bien de voir des jeunes qui se mettent ensemble, de commun accord, pour gérer la question de l’eau. C’est déjà un plus pour la société à venir, pas seulement pour notre société actuelle ; parce que l’eau se fait de plus en plus rare et surtout dans notre commune, nous avons un sérieux problème en la matière », apprécie-t-il avant de démontrer que la réalité se vit dans la commune.

Les élèves ont posé de nombreuses questions sur l’approche GIRE et fait autant de propositions en perspective à leur engagement à la lutte contre les pratiques nuisibles à la ressource en eau.

Une initiative salvatrice

« Pas plus d’un mois de cela, nous avions une panne au niveau de notre pompe, nous avons fait presqu’une semaine sans eau. Cela n’a pas été facile. Un jour, les élèves sont même venus au bureau, tous les 70 élèves de la classe de 3e, après la séance d’EPS, tout sales, et m’ont dit qu’il faudrait que je leur trouve de l’eau. Nous avons eu des difficultés pour réparer la pompe, à plus de 100 000 FCFA. Je pense donc que si nous avons des mécanismes pour gérer cette question d’eau-là, cela pourrait nous soulager, nous qui avons la charge des établissements, d’autant que dans certains établissements de la commune, il n’y a même pas de borne fontaine », illustre le responsable d’établissement.

Elue présidente de la cellule GIRE inter-établissements de Méguet, Mamata Korsaga, élève en classe de 4e, entend se consacrer à ce combat, dont elle se dit persuadée des retombées positives pour sa communauté. Elle a d’ores et déjà sonné l’alerte en ce qui concerne l’utilisation des pesticides non homologués dans l’agriculture et les pratiques nuisibles à l’environnement, telle que la pollution des cours d’eau. Elle est assistée dans sa tâche de présidence par l’élève Rasmané Sawadogo en classe de 1ère D, (vice-président) qui a, lui aussi, affiché sa hargne à conduire les missions confiées à la cellule.

Pour mémoire, le PNJBE est un réseau de jeunes burkinabè engagés sur la problématique liée à la gestion durable des ressources en eau au Burkina Faso. L’organisation existe depuis 2021 et mène diverses actions à cet effet, dont le renforcement de capacités des jeunes sur les questions liées à l’eau, l’hygiène, l’assainissement (ODD 6). Le PNJBE mène également beaucoup d’actions de plaidoyer, de suivi-contrôle des politiques publiques en ce qui concerne les questions d’eau et connexes, ainsi que les stratégies politiques qui ont un lien avec l’eau, tant au niveau national qu’international.

« Au niveau national, à travers ce que nous appelons la ‘‘session parlementaire’’, un cadre qui mobilise les outils du parlement réel pour influencer les politiques publiques. Donc, la session parlementaire consiste à convoquer un certain nombre d’acteurs pour présenter des préoccupations que les communautés ont à la base, car en tant que jeunes, nous pouvons porter certains messages de nos communautés à la base. Nous avons pu auditionner donc beaucoup d’acteurs, dont l’ONEA, le ministère en charge de l’eau et ses services techniques, les partenaires techniques et financiers sur des problématiques précises, et ils y apportent des réponses. Au plan supranational, le plaidoyer se fait également tant au niveau panafricain qu’international à plusieurs échelons, à travers la participation aux conférences des nation-unies sur le climat, au Forum mondial de l’eau, et à la Conférence des nations unies sur l’eau entres autres. », a présenté le coordonnateur-terrain du PMPOC-GIRE, Jean Damase Roamba, manifestant sa détermination à œuvrer pour que les jeunes du Burkina Faso, pleinement conscients des enjeux du développement durable aussi bien à l’échelle locale et nationale, influent sur les politiques publiques et participent, dans une démarche opérationnelle, prospective et militante, à assurer, une gestion durable et responsable des ressources en eau et une offre publique rationnelle, équitable et de qualité des services d’eau et d’assainissement.

O.L.O
Lefaso.net

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