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Burkina/ Violences faites aux femmes et aux filles : Quand le loup est dans la bergerie

Publié le mercredi 10 janvier 2024 à 22h13min

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Burkina/ Violences faites aux femmes et aux filles : Quand le loup est dans la bergerie

Après maintes négociations, trois victimes ont accepté de se confier sur ce lourd secret qu’elles portent. Hésitantes au départ, elles ont témoigné à condition que leurs véritables identités ne soient pas divulguées. Elles disent ne pas vouloir créer des tensions familiales. Elles ont ouvert leurs jardins secrets pour dire aux autres victimes qu’elles ne sont pas les seules et pour porter à la connaissance de l’opinion « l’enfer » quotidien que subissent certaines femmes et filles au Burkina Faso. Témoignages !

Pour la première fois de sa vie, elle délie sa langue. Jade (nom d’emprunt), a été orpheline de père très jeune. Sa mère n’ayant pas de moyens financiers a décidé de la confier à sa grande sœur, c’est-à-dire à la tante de Jade. Là, elle poursuivra ses études. L’époux de sa tante la traite comme si elle était l’une de ses filles. Dans cette famille, en plus des enfants du couple, l’oncle par alliance de Jade (l’époux de sa tante) s’occupe également de ses neveux. Naturellement, Jade les considère tous comme ses cousins.

Mais dans cette famille élargie qui est d’allure ordinaire, un lourd secret se cache. Pour la toute première fois de sa vie, elle accepte d’en parler. Alors qu’elle avait 14 ans, l’un de ces cousins se met à la « draguer de manière indirecte. Il montrait clairement qu’il était attiré par moi » lance-t-elle. Lui était plus âgé (18 ans). Jade est stupéfaite car elle voyait en lui un grand frère sympathique et ne pouvait pas s’imaginer qu’il ressentait de l’attirance pour elle. Un jour, alors qu’ils n’étaient que deux dans la cour famille, le pire s’y produisit.

Son cousin lui arracha sa virginité de force. « Je me rappelle juste que j’étais dans la maison. On dirait qu’il voulait quelque chose il est venu me trouver. Il m’a attrapé par la force m’a embrassé. Je l’ai repoussé. Il m’a poussé et je suis tombée. Il m’a rejoint par terre. Je me suis débattue. Malheureusement, il était plus fort que moi » s’est-elle remémorée. Après l’avoir violée, le cousin agresseur se rhabille et s’en va brusquement, dit-elle. « Je me suis sentie sale et j’avais l’impression que mon esprit avait quitté mon corps » explique-t-elle. Elle décide de ne révéler cet abus à personne. « J’avais peur d’en parler à ma mère parce qu’elle était sévère avec moi quand j’étais adolescente ».

Elle n’en parle pas non plus aux autres membres de la famille et à ses amis. Le temps passe, Jade et son bourreau se côtoient. Elle n’a pas « le choix », ils logent dans la même maison. Visiblement « gêné, il s’est excusé. Il a demandé pardon. Je ne lui ai rien dit puisque j’étais blessée au plus profond de moi. Mais, au fil du temps, j’ai tourné la page et je lui ai pardonné » a-t-elle murmuré.

Jade est la fille unique de sa mère

Cet épisode a laissé des séquelles dans la vie de Jade. Elle confie que pendant longtemps, elle « a ressenti du dégoût envers les hommes. Quand j’étais draguée par un homme, je me disais qu’il voulait juste profiter de moi » a-t-elle signifié. Aujourd’hui, malgré qu’elle soit hantée par ce douloureux passé, elle est une mère de famille. Maman de deux garçons, elle affirme qu’elle est épanouie dans sa vie de couple. Son époux ignore tout de la violence sexuelle qu’elle a subi plus jeune.

Durement éprouvée par cet abus sexuel, Jade appelle toutes les filles victimes de cette situation à briser le silence. « Elles doivent en parler. Même si ce n’est pas aux parents. Elles peuvent en parler à quelqu’un de très proche d’elles avec qui elles se sentent en sécurité afin de se libérer parce que le viol est difficile à surmonter » préconise t-elle aux victimes.

« Les gens ont failli gâcher ma vie. Mais Dieu était toujours avec moi. Je n’étais qu’une petite orpheline, innocente et naïve. Heureusement, Dieu m’a sauvé et je ne cesserai de le glorifier » a dit cette fervente croyante. Jusqu’à ce jour, Jade rencontre toujours son agresseur lors d’événements familiaux.

Un prédateur sexuel à l’apparence du beau-frère parfait

Élodie (nom d’emprunt) est une jeune femme dynamique. A l’apparence, rien ne laisse entrevoir un quelconque traumatisme sur son visage rayonnant. Et pourtant, elle a baigné dans un environnement familial difficile. Sa mère s’est mariée très jeune à son père avant de divorcer par la suite. Son paternel, un polygame confie l’éducation de sa fille à ses autres épouses. Élodie est surtout éduquée par la première épouse de son père. Malheureusement, son paternel décède alors qu’elle est encore un enfant. Après l’obtention de son Certificat d’études primaires (CEP), elle apprend une « bonne nouvelle » pense-t-elle. Elle va passer ses vacances chez sa grande sœur (l’une des filles de la première épouse). Elles ne se connaissent pas vraiment. Son aînée n’a pas beaucoup vécu en famille. C’est l’occasion pour les sœurs d’apprendre à mieux faire connaissance et à tisser des liens.

En plus de cet aspect, elle a été envoyée pour assister sa sœur dans les tâches ménagères car sa fille de ménage doit se rendre au village pour labourer les champs. Élodie est d’autant plus joyeuse qu’elle va découvrir la capitale, Ouagadougou. Elle qui a pratiquement vécu dans une ville frontalière à l’intérieur du pays. Elle ignore le calvaire qui l’y attend. La jeune fille, 13 ans au moment des faits, se rend chez sa sœur. A l’époque, celle-ci et son époux logeaient dans une petite maison. Élodie dormait dans une dépendance à l’extérieur de la maison du couple. Son beau frère et elle ont d’excellents rapports. Il l’appelle « ma petite femme pour plaisanter » se souvient-elle. Il la couvre de cadeaux et rigole beaucoup avec elle. A la rentrée scolaire, Élodie doit se rendre dans sa ville natale pour reprendre les cours.

Élodie est la cadette d’une grande famille

Pendant les vacances qui suivent, elle est encore impatiente de repartir à Ouagadougou. Cette fois-ci, la famille a déménagé dans une maison plus spacieuse. Elle dormait dans une chambre avec sa nièce de cinq ans et son neveu, un bébé de 6 mois. Contrairement aux vacances précédentes, Élodie va être sous le joug d’un prédateur sexuel. Son beau-frère se dévoile sous ses formes les plus sombres.
« Mon beau- frère était tellement sympathique avec moi. Il m’avait même acheté un vélo de qualité supérieure. Mais il a complètement changé durant mes deuxièmes vacances. La première fois, ma grande sœur était sortie. Je m’occupais de mes neveux. Son mari était également à la maison. Ma nièce est sortie pour jouer. Je me suis assoupie au salon. Entre temps, je ressentais certaines sensations. Pour moi, il s’agissait d’un rêve. Je me suis réveillée, car, j’ai sentis que quelqu’un venait de me retourner. En le voyant, je lui ai demandé s’il y avait un problème parce que j’étais étonnée de le voir si près de moi. Il a dit ceci : laisse-toi faire » s’est-elle souvenue. Sous le choc, Élodie affirme qu’elle a essayé de le raisonner en lui disant qu’elle l’aimait comme un grand frère et qu’il ne devrait pas oublier qu’il est l’époux de sa grande sœur.

L’homme joue alors la carte du chantage affectif sur l’adolescente alors qu’elle n’a que 14 ans. « Il a dit que je devais le comprendre. Il a dit que sa femme ne prenait pas soin de lui » a-t-elle renchéri. Malgré son refus, son beau-frère fait la sourde oreille et l’attrape de force. Elle se débat et parvient à lui échapper. Elle sort de la maison et se rend chez un voisin pour se protéger de son agresseur. Elle n’en parle à personne. Peu de temps après, sa sœur revient à la maison. Élodie se sent rassurée et rentre à domicile. N’ayant pas pu faire les tâches ménagères, sa sœur se met à la gronder sans connaître les véritables raisons.

Selon la description d’Élodie, son beau-frère est un époux et un père aimant à l’apparence. Il est très respecté au sein de la communauté. « Il est généreux et est très sympathique de l’extérieur. J’ai même dit à certaines personnes que ma sœur a eu la chance d’avoir un bon mari. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’il pouvait harceler une gamine », a-t-elle dit.

Après cette première agression, le prédateur sexuel recommence. Son beau-frère n’a pas d’heures de descentes fixes. Il arrive des fois où il rentre à 3h ou 5h du matin. « Pour moi, il n’allait plus recommencer. La seconde fois, il a fait en sorte que son épouse ne sache pas qu’il est rentré du boulot. D’habitude quand il rentre à ces heures, il demande à sa femme d’ouvrir la porte. Mais, ce jour-là, il m’a demandé par la fenêtre d’ouvrir la porte. Bizarrement, quand il est rentré, il a laissé ses affaires au salon et s’est douché dehors. Je dormais avec les deux enfants. Entre temps, j’ai vu qu’il est entré dans notre chambre. Il a commencé à pousser ses enfants et s’est collé à moi. Je l’entendais déchirer le sachet d’un préservatif. Je lui ai parlé calmement en lui disant que si cela se savait, ma réputation allait prendre un coup.

Que cela allait diviser ma famille. Il a dit que j’exagère, qu’il y a aucun problème. Il a promis de m’offrir tout ce que je veux. Je lui ai dit que non. Tout d’un coup, il s’est levé et a tiré mes pieds brutalement. Il était plus fort que moi physiquement. Je n’avais même pas 50 kg. Il était en érection et a porté le préservatif. Il a déchiré mon caleçon (sous vêtement) et voulait me pénétrer.

Je me suis défendue malgré le fait que je ne faisais pas le poids. J’ai attrapé son sexe. Le préservatif est tombé. J’ai griffé son sexe et je l’ai tenu très fort. Il se tordait de douleur. Finalement, il a abandonné et est sorti de la chambre », a narré Élodie en soupirant. Après cette nuit « de terreur », elle se réveille et aperçoit sa nièce dans le couloir avec le préservatif en main. Elle le lui arrache et va immédiatement le cacher pour éviter d’être soupçonnée par sa sœur.

A un moment donné, Élodie dit ne plus calculer le nombre de fois où il est encore venu pour satisfaire sa libido. Elle le repoussait à chaque fois. « Mes seins poussaient à peine. Je ne portais pas de tenues provocantes. Je ne comprends pas pourquoi il se comportait de cette manière », essaie-t-elle de comprendre. La victime semble culpabiliser d’un acte dont elle n’est pas la fautive. Elle explique que les agressions ont continué durant plusieurs années. Par peur de briser la vie de couple de sa sœur, elle se replie sur elle-même et se tait. Autre raison : « Ma sœur et moi n’avons pas la même mère. Si je le disais à ma mère, elle allait en souffrir. La maman de ma sœur allait dire que je suis jalouse de sa fille et que j’étais ingrate parce qu’elle s’était occupée de moi » a-t-elle justifié.

Comme à chaque année, durant les vacances, la sœur d’Élodie souhaite qu’elle vienne la rejoindre à Ouagadougou, elle avait peur de dire aux membres de la famille qu’elle n’en avait plus envie. Elle s’efforçait pour repartir en étant préparée mentalement à être de nouveau harcelée par son beau-frère. « Un jour, je dormais au salon avec la sœur de mon beau-frère. Cela ne l’a pas empêché de venir vers moi. Il a pris son pied et l’a mis entre mes fesses. Tout le monde dormait. La sœur de mon bourreau m’a demandé si j’avais des problèmes parce qu’elle avait remarqué que je ne dormais pas les nuits et que j’étais devenue très calme. Je lui ai dit que tout allait bien. J’avais peur qu’elle sermonne son frère ou qu’elle pense que je mentais. Surtout que c’était l’homme parfait au yeux de tous » a-t-elle raconté.

Élodie explique que son beau-frère laissait un ongle pousser sur son auriculaire. « C’est avec cet ongle qu’il essayait de me pénétrer. Il m’a blessée à plusieurs reprises avec cet ongle. Lorsque je me rendais aux toilettes, je pleurais quand j’urinais.
A cause de lui, presque tous mes sous-vêtements étaient déchirés. Il a dit que si j’acceptais ses avances, il allait m’épouser et tout me donner. Il a dit qu’il sait que je ne vais jamais le dénoncer, sinon j’allais le faire depuis toutes ces années. A cause de lui, je manquais de sommeil. Je ne dormais plus normalement parce qu’il venait me déranger quand sa femme sortait ou dormait. A force de me battre avec lui, j’étais épuisée à chaque fois. Comme astuce pour me protéger, je dormais avec un pantalon » a-t-elle dit, toute triste.

Après l’obtention du Brevet d’études du premier cycle (BEPC), Élodie a eu un quiproquo avec sa sœur. Constatant qu’elle est en tort, sa sœur s’excuse et lui demande de revenir passer ses vacances comme c’était le cas antérieurement. Elle refuse et voit cette dispute familiale comme une libération. Elle a utilisé ce prétexte pour ne plus mettre les pieds chez son agresseur. « Ma sœur a cru en une rumeur me concernant et s’est fâchée. Elle a fini par savoir que j’étais innocente. Elle m’a demandé pardon. Mais, je ne suis plus repartie chez elle. Jusqu’à ce jour, elle pense que je ne lui rends plus visite à cause de cela. Et pourtant, je veux juste échapper à son époux. Toutes les filles de ménage qui viennent chez elle repartent aussitôt. Certaines ont confié qu’elles subissaient des attouchements de la part de mon beau-frère. Avant qu’il ne me montre son vrai visage, l’une des filles de ménage m’a dit que de me méfier de lui. Je lui ai dit qu’elle exagère et que mon beau-frère était doux comme un agneau », s’est-t-elle remémorée.

Lors des événements familiaux, Élodie rencontre toujours son beau-frère. Il la taquine de la même manière devant les membres de la famille en l’appelant « ma petite femme ».

L’époux de sa tante, cet adepte des attouchements non consentants

Viviane (nom d’emprunt), le troisième témoin a subi deux agressions sexuelles de la part de son oncle par alliance, l’époux de sa tante paternelle. La première fois, elle était en classe de cinquième. Elle a effectué une visite de courtoisie chez sa tante. « J’ai pédalé mon vélo et je suis partie chez elle. Malheureusement, elle était sortie. Le tonton (l’époux de sa tante) était à la maison. Il s’est mis à appuyer mes seins. Je n’étais qu’un enfant. J’étais tellement choquée que je n’ai rien dit et je suis rentrée chez moi. J’ai préféré ne rien dire à la maison », revoit-elle dans ses souvenirs.

Viviane continue son récit en expliquant que la seconde fois, à l’âge adulte, elle s’est rendue chez sa tante pour annoncer une bonne nouvelle. « Je suis allée donner la date de mon mariage à ma tante. Elle n’était pas à la maison. J’ai donc informé son époux. Lorsque je m’apprêtais à prendre congé pour rentrer chez moi, il a tapé mes fesses. Cette-fois-ci, je voulais me défendre. Mais, sa fille, ma cousine est sortie et j’ai décidé de garder le silence.

Viviane a signifié qu’elle ne se rend plus chez sa tante sans l’appeler au préalable pour s’assurer qu’elle est à la maison

Une fois à la maison, je me suis confié à ma mère. Elle ne semblait pas surprise. Elle m’a avoué que l’une de nos cousines qui vivait chez ma tante avait pris la poudre d’escampette pour repartir chez ses parents. Elle a dit qu’elle se faisait harceler par ce monsieur. Apparemment, personne n’en a parlé à ma tante. Ma maman a dit qu’il est préférable qu’on se taise. Il ne fallait pas que ma tante pense qu’on veut détruire son foyer. Je me suis dis également qu’à quoi bon remuer le couteau dans la plaie ? Pour préserver la tranquillité de ma tante, j’ai préféré me taire. Je ne sais pas si elle se rend compte du genre d’homme qu’elle a épousé ou pas. Il ne ressemble pas à son comportement. En plus de cela, il a quatre filles », a-t-elle détaillé.

Du traumatisme à la paranoïa

Jade a souligné que les petits garçons peuvent être victimes de viols. Elle dit être angoissée car elle est la mère de deux garçons. Elle espère être « la meilleure amie » de ses enfants. Je vais beaucoup échanger avec eux. Nous allons parler de sexualité, surtout à l’adolescence. Je vais leur faire comprendre que personne ne doit toucher certaines parties de leurs corps. Je vais les rassurer à chaque fois afin qu’ils se confient tous les jours à moi », a-t-elle prévu.

Élodie a été traumatisée par cette sombre partie de son vécu. Elle affirme qu’à chaque fois qu’elle voyait un homme avec un long ongle à l’auriculaire, elle ressentait du dégoût et du mépris à son égard. Autre traumatisme, « certains de mes copains ont rompu parce que je refusais d’avoir des rapports sexuels avec eux. Heureusement, j’ai rencontré un jeune homme qui était très compréhensif. Il a attendu un an avant que j’accepte d’avoir des rapports sexuels avec lui. Quand un homme s’approchait de moi, le souvenir des agressions revenaient » a-t-elle confié. Élodie semble avoir mis tous les hommes dans le même panier.

Elle a martelé que s’il arrive qu’elle ait une fille, cette dernière n’ira jamais chez sa tante. « Ma fille va partir chez ses oncles. Eux, ils ont le même sang qu’elle. Je sais qu’ils vont la protéger. Je vais l’éloigner des époux de mes sœurs. Même si je sais qu’ils ne sont pas tous comme lui. Aucune de mes cousines et nièces ne viendront passer les vacances chez moi si je me marie. Si elles veulent, elles peuvent me traiter de méchante. Mon beau-frère était parfait. Mais, il m’a fait vivre un enfer. Je n’aurai plus jamais confiance en un homme à 100% », a-t-elle déclaré avec un ton sévère. Dans l’éducation qu’elle compte donner à sa future fille, elle souhaite être ouverte avec elle afin qu’elle lui parle de tous ses problèmes. Elle espère en outre aborder avec elle des sujets tabous.

Viviane est aujourd’hui mère de deux petites filles. Elle a pris une décision drastique. « Mes enfants n’iront pas seules chez les sœurs de mon époux. C’est peu probable même qu’elles partent seules chez ma sœur lorsqu’elle sera mariée. Elles iront chez mon frère et chez leurs grands-parents », a-t-elle conclu.

« Ceux qui ont des déviances sexuelles, ils peuvent être pris en charge par des services spécialisés »

Depuis sa création en 2011, l’organisation féministe Initiative pananetugri pour le bien-être de la femme (IPBF) a fait son cheval de bataille la promotion des droits, le développement et épanouissement des filles et femmes dans les pays d’Afrique de l’Ouest francophone dont le Burkina Faso. Cette Organisation non gouvernementale (ONG) qui a connaissance de cas de violences sexuelles par le biais de sa directrice exécutive, Micheline Kaboré, encourage les victimes à porter plainte même si cela est délicat au regard de la proximité familiale entre les victimes et les agresseurs.

Elle conseille à « celles qui ont été violées de se rendre en premier lieu dans un service de santé pour des soins adaptés. Il faut ensuite porter plainte car quand l’auteur est un membre de la famille, cela prouve qu’il s’agit de comportements déviants qui vont se répéter. Il faut donc le dénoncer », a-t-elle suggéré. Micheline Kaboré a dit être consciente que la dénonciation est difficile à cause de la double victimisation. « La victime est souvent incriminée. Lorsqu’il s’agit d’un membre de la famille, cela est encore plus délicat. La pression familiale représente un obstacle à la dénonciation », a-t-elle fait comprendre.

« La violence sexuelle est ignorée et banalisée au sein de nos sociétés » Micheline Kaboré

La directrice exécutive de l’IPBF s’est adressée aux agresseurs. « Nous souhaitons que les hommes et les femmes vivent en harmonie dans notre pays. Les violences sexuelles détruisent des vies. Les agresseurs doivent comprendre que l’avis de la femme est important. Ils doivent comprendre qu’en tant qu’humaine, elle a les mêmes droits que les hommes. Il est demandé aux hommes de respecter l’intimité des femmes. Ceux qui ont des déviances sexuelles peuvent être pris en charge par des services spécialisés. Les motifs d’agressions sont divers. Cela peut être lié à la non considération de la femme. Il y a aussi la non maîtrise des pulsions sexuelles. On peut également citer certaines pathologies. Dans tous les cas, nous faisons appel à la loi. Elle doit être respectée parce que la violence sexuelle impacte négativement la vie de la victime et son avenir. Il s’agit d’une atteinte aux droits humains », martèle Micheline Kaboré. Elle préconise aux filles et femmes victimes de s’adresser à des organisations telles que l’IPBF, l’Association des femmes juristes du Burkina Faso et l’ONG Voix de femmes pour une prise en charge juridique, sanitaire et psychologique.

Elle a en outre rappelé que les services du ministère de l’Action sociale ont mis en place des centres de prise en charge des survivantes de violences.
Selon des statistiques obtenues du ministère de la Solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille, en 2020, 5324 cas de VBG ont été enregistrés dont 772 cas de violences sexuelles (84 hommes et 688 femmes). En 2021, 11020 cas ont été enregistrés dont 1333 cas de violences sexuelles (1040 femmes et 293 hommes). En 2022, 11116 cas de VBG ont été enregistrés dont 1872 cas de violences sexuelles (1715 femmes et 157 hommes).

Samirah Elvire Bationo
Lefaso.net

Numéro vert ministère du genre : 00001287

L’Association des femmes juristes : (+226) 25 36 15 56

Clinique juridique I de Ouagadougou :
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Cinique juridique II de Ouagadougou/ Bendogo :
(+226) 67 10 22 15/ 53 69 46 78

Clinique juridique de Bobo Dioulasso : (+226) 20 95 60 60

Clinique juridique de Ouahigouya :
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Vos commentaires

  • Le 10 janvier à 21:14, par tengen-biiga En réponse à : Burkina/ Violences faites aux femmes et aux filles : Quand le loup est dans la bergerie

    Merci d’avoir porté au grand jour les souffrances qu’endurent nos soeurs dans les "familles d’accueil" et parfois dans leurs familles d’origine.

    Vivement qu’un travail soit fait pour décourager et dénoncer ces prédateurs sexuels. Les fautifs doivent être punis.

    Répondre à ce message

  • Le 11 janvier à 07:44, par Ornella En réponse à : Burkina/ Violences faites aux femmes et aux filles : Quand le loup est dans la bergerie

    Merci pour ce travail profond qui a été fait et d’avoir déliées les langues à la place du lourd silence pour un sujet que beaucoup vivent ou ont vécus. si vous donnez la parole aux lecteurs, vous en aurez d’avantage.
    Utilisez tous les canaux pour sensibiliser les petites filles et garçons de dénoncer toute agression, surtout dans les familles.
    Je m’attendais à ce que vous ajoutez les contacts des structures mentionnées, cela faciliterai l’entrée en relation.
    Revoyez les programmes de télévision qui s’ajoutent à ces déviances et ne facilitent pas les choses.
    Faites beaucoup de sensibilisation à tous les niveaux pour que les agresseurs, malgré la grande confiance qu’on leur accorde dans la société sachent qu’on peut les dénoncer, que les victimes soient misent en confiance pour sortir du silence et les femmes qui sont tutrices ou mères de ces fillettes cultivent un environnement de confiance pour qu’elles puissent s’exprimer.
    Merci beaucoup pour ce noble écrit qui pourra sauver des vies, car au delà du traumatismes, d’autres s’en sortent avec des maladies, des grossesses de père inconnu ou forcé, des avortements qui conduisent à la stérilité, ou le vrai silence, la mort..
    ce sont les mêmes réalités partout, sauf que personne ne parle. Des personnes qui se disent qu’ils ne seront jamais dénoncés (papa, frères, cousin, oncles, beaux frères, voisins, amis .....) mais qui doivent être soignées pour leur déviance, des victimes qui ont peur et en souffrent et des mères ou tutrices qui ignorent la situation ou sont au courant , mais sans solution, car la situatiton les dépasse, donc font semblant !

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  • Le 12 janvier à 11:54, par BADO Hippolyte En réponse à : Burkina/ Violences faites aux femmes et aux filles : Quand le loup est dans la bergerie

    Ces douleurs muettes qui consument les jeunes victimes et menacent leur épanouissement. La volonté de préserver la quiétude famille l’apporte souvent sur les violences subies et amène plusieurs victimes à se taire.
    Vivement que les langues se dénouent et que nous adulte laissons les enfants grandir et s’épanouir.
    Félicitations pour ce travail.
    Non à toute forme de violence.

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  • Le 18 janvier à 09:53, par TAZOUMOU En réponse à : Burkina/ Violences faites aux femmes et aux filles : Quand le loup est dans la bergerie

    C’est vraiment triste ce qu’ont vécu ces victimes. Il y a des hommes qui doivent périr en prison, leur place n’est pas dans la société.

    Répondre à ce message

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