LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Impact du baume anti-moustiques MAÏA® sur le paludisme au Burkina Faso : Le projet de recherche Dimoro révèle des résultats probants

Publié le vendredi 22 décembre 2023 à 11h00min

PARTAGER :                          
Impact du baume anti-moustiques MAÏA® sur le paludisme au Burkina Faso : Le projet de recherche Dimoro révèle des résultats probants

Ouagadougou, le 15 décembre 2023 - Innovations for Poverty Action (IPA) a dévoilé les résultats encourageants de l’évaluation d’impact du baume anti-moustiques MAÏA® sur la prévalence du paludisme et le bien-être des enfants de moins de cinq ans au Burkina Faso. Cette initiative dénommée « projet Dimoro », menée en collaboration avec MAÏA Africa SAS, les Chercheurs Elodie Djemai et Yohan Renard de l’Université Paris Dauphine et de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), et l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), a utilisé la méthodologie des Essais Contrôlés Randomisés (ECR) pour mesurer l’efficacité de ce produit novateur.

MAÏA® est un baume répulsif anti-moustiques développé par l’entreprise MAÏA Africa SAS. En cours de pré-certification par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cette pommade utilise des ingrédients locaux à un coût abordable et offre jusqu’à huit heures de protection contre les piqûres de moustiques après application. Le projet Dimoro vise donc à mesurer l’impact de cette pommade sur la prévalence du paludisme chez les jeunes enfants.

Selon le rapport mondial de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur le paludisme en 2022, l’Afrique a enregistré plus de 234 millions de cas de paludisme avec 593 000 décès associés en 2021. Au Burkina Faso, le nombre de cas de paludisme a augmenté de plus de onze millions en 2020 à plus de douze millions en 2021, comme indiqué dans les annuaires du ministère de la santé pour la période 2021-2022. Durant cette période, le nombre de décès a également augmenté, passant de 3 499 à 4 355 cas.

Face à cette préoccupation majeure de santé publique, diverses mesures ont été mises en place pour lutter contre la maladie, telles que la chimio prévention du paludisme saisonnier, la distribution gratuite de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA), et l’utilisation de crèmes anti-moustiques comme MEDI-SOFT. Malgré ces efforts, le paludisme persiste au Burkina Faso, incitant à rechercher des solutions innovantes.

Dr. Aliou Diallo, responsable de recherche pour IPA Afrique de l’Ouest Francophone, explique que l’objectif était d’évaluer l’impact de la pommade Maïa sur la santé et le bien-être des individus, en mettant l’accent sur la comparaison entre les utilisateurs et les non-utilisateurs. De manière spécifique, cette recherche visait à obtenir des informations détaillées, telles que le niveau d’achat et d’utilisation à chacun des trois niveaux de prix (Prix normal, subvention à 50% et subvention à 100%), à comprendre de quelle manière les ménages utilisent la pommade en moyenne (par exemple, en complément à la moustiquaire, en modifiant les habitudes précédentes) et à mesurer l’effet de l’utilisation de la pommade sur le risque de paludisme, en évaluant les symptômes et la présence de parasites.

« Nous savons aujourd’hui qu’il existe des solutions de lutte contre le paludisme, ces solutions sont très coûteuses et parfois très peu adaptées à notre contexte. C’est pourquoi, ici, nous avons voulu évaluer l’impact de la pommade Maïa, portée par une société privée burkinabè et qui utilise des produits locaux, avec un coût beaucoup plus abordable » a ajouté Dr Aliou Diallo.

L’étude, menée sur 18 mois dans la région du Centre, a impliqué plus de 3 000 ménages et a inclus des enquêtes de suivi ainsi que des prélèvements sanguins pour des tests de paludisme.

Des résultats encourageants

Les résultats de cette recherche ont révélé une adoption croissante de la pommade par les ménages bénéficiaires, démontrant un changement de comportement positif. Les participants ont noté l’efficacité de la pommade Maïa, la préférant même à d’autres produits plus nocifs. Les conclusions suggèrent également que la pommade complète efficacement les initiatives existantes, telles que l’utilisation de moustiquaires. De manière spécifique :

● Un prix élevé de la pommade décourage l’achat, avec une moyenne de 7 petits pots et 6.6 grands pots retirés par les ménages bénéficiant de la gratuité, tandis que ceux avec une subvention de 50% en retirent en moyenne 1.5.
● Une corrélation entre subvention et utilisation : les ménages avec une subvention de 50% utilisent la pommade deux fois plus que ceux sans subvention, et ceux bénéficiant de la gratuité l’utilisent trois fois plus.
● L’utilisation semble régulière, persistant à toutes les vagues d’enquête, indépendamment de la subvention.

● La gratuité n’entraîne pas le gaspillage, avec une utilisation plus élevée chez les ménages bénéficiant de la gratuité.
● En cas de contrainte budgétaire, la pommade est davantage utilisée pour les jeunes enfants, surtout dans le groupe avec la gratuité.
● Environ 75% des ménages utilisent une moustiquaire imprégnée, et l’utilisation est similaire dans les trois groupes.

● Le recours aux spirales anti-moustiques diminue avec le niveau de subvention, montrant une compréhension de la substituabilité des deux produits.
● Les ménages bénéficiant de la gratuité déclarent moins de symptômes de paludisme, sans impact sur la prévalence du paludisme.
● La subvention permet aux ménages de mieux connaître le produit, d’en apprécier l’efficacité et d’encourager une utilisation continue.

Le secrétaire permanent pour l’élimination du paludisme, Dr. Christian Bernard Kompaoré, représentant, à l’ouverture des travaux, le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, a salué cette initiative, soulignant l’importance de prévenir la maladie en évitant le contact avec les moustiques. Il a appelé à une synergie d’action pour l’élimination du paludisme au Burkina Faso à l’horizon 2030. Selon Dr Kompaoré, « le Burkina Faso fait partie des pays où nous avons une forte mortalité due au paludisme. Toute initiative qui tend à nous aider à réduire ce mal est la bienvenue. C’est dans ce sens que nous saluons cette initiative de produit Maïa, et au-delà, le fait d’aller pour comprendre l’efficacité de ce produit, nous réjouit énormément. (…). Les résultats de cette étude viennent nous renseigner sur l’efficacité effective de cette pommade et pourraient être le point de départ vers d’autres initiatives qui pourraient nous aider vers l’élimination du paludisme. ».

Dr. Aliou Diallo conclut en soulignant l’importance de cette recherche, non seulement pour les parties prenantes mais aussi pour les décideurs publics. « En termes de résultats, nous avons pu observer une adoption de cette innovation par les ménages bénéficiaires, un changement de comportements et une substitution entre cette pommade faite à base de beurre de karité par rapport à d’autres produits un peu plus nocifs. Nous avons également pu trouver que cette innovation, la pommade Maïa, permet de compléter les initiatives déjà existantes, comme l’utilisation de la moustiquaire », a précisé Aliou Diallo.

Le projet de recherche Dimoro a été mis en œuvre avec l’appui financier du Fonds d’Innovation pour le Développement (FID) de l’Agence Française de Développement (AFD). Il offre donc une lueur d’espoir dans la lutte continue contre le paludisme au Burkina Faso.

IPA est une organisation d’origine américaine spécialisée dans la recherche et les politiques publiques fondée en 2002. Elle est une organisation à but non lucratif, qui a pour mission de découvrir et faire progresser ce qui fonctionne pour améliorer la vie des personnes en situation de pauvreté.

ANNEXE
Composition de l’équipe du projet de recherche Dimoro :

I. IPA (Innovations for Poverty Action) :
● Aliou B. Diallo (Responsable de Recherche)
● Harouna Noël Bado (Analyste de Recherche)
● Rose Dounialou Yara (Responsable Terrain)
● Boureima Kiemtoré (Coordinateur Terrain)
● Dakpoulé Da (Stagiaire)
➔ Rôles clés : rédaction des rapports d’enquête, gestion des relations institutionnelles, publication sur le site web.

II. IRD-Paris Dauphine
● Elodie Djemai (Enseignante-Chercheure)
● Yohan Renard (Enseignant-Chercheur)
➔ Rôles clés : conception du protocole de recherche, leadership intellectuel, respect de l’éthique, analyse des résultats, contribution à la rédaction des rapports.

III. IRSS (Institut de Recherche en Sciences de la Santé) :

● Henri G. Ouédraogo (Chercheur, Pharmacien-Biologiste)
● Issiaka Soulama (Chercheur, Pharmacien-Parasitologue)
● Oumarou Ouédraogo (Biologiste-Chercheur)
● Dramane Zongo (Biologiste-Chercheur)
➔ Rôles clés : recrutement et formation des techniciens, tests de diagnostic rapide, prélèvements sanguins, lecture microscopique au laboratoire.

IV. Maïa Africa (partenaire de mise en œuvre) :
● Franck Langevin (Co-fondateur/Président)
● Gérard Niyondiko (Co-fondateur/Directeur Général)
➔ Rôles clés : Recrutement des points de vente, approvisionnement en pommade Maïa pendant l’étude.

PARTAGER :                              

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique