Au grand marché de Ouagadougou, il est 9h. Le marché est plein à craquer. Les automobilistes et les motocyclistes se klaxonnent dessus. Les piétons et les motocyclettes se bousculent. Parfait même, ils se lancent des injures.

Moussa Nikiéma, vendeur de chaussures pour enfants, un chapeau du père Noël sur la tête, vêtu de polo blanc et d’un jean, présente sa marchandise aux passants en ces termes « venez voir les bonnes chaussures climatisées pour vos enfants ».

Selon le commerçant, depuis trois ans maintenant, à l’approche des fêtes, il ne fait plus de bonnes affaires. « Je vends des chaussures originales. Mais au regard de la situation économique, beaucoup préfèrent acheter des chaussures moins chères. Comme je vends des chaussures de qualité, je vends moins. Avant, à l’approche des fêtes, je pouvais vendre plus de quarante chaussures par jour. Mais actuellement, il m’est difficile de vendre 10 chaussures par jour », a expliqué monsieur Nikiéma.

Les chaussures en vente de Moussa Nikiéma

Sur le même alignement que lui, est arrêté Christian Kaboré, vendeur de guirlandes et de chapeaux du père Noël. Pour ce commerçant, le marché va mal. Pour lui, au regard de la crise que traverse le pays la morosité du marché est normale. « Normalement, on ne devrait pas parler de fête. Parce que toutes les familles sont en deuil. Je peux dire que tout le peuple est en deuil », a estimé le commerçant.

A l’intérieur du marché, Alizèta Sanfo est en train de servir ses clients. Elle vend les bijoux en gros et en détail. D’après la commerçante, son chiffre d’affaires de la période des fêtes de fin d’année a considérablement baissé depuis trois ans maintenant. « Je livrais de la marchandise à des commerçants qui sont en province. Pendant les périodes de fêtes de fin, j’étais débordée à cause des commandes. Actuellement je ne travaille qu’avec les clients de Ouagadougou. Donc les affaires ne marchent plus trop », a indiqué madame Sanfo.

Alizeta Sanfo, vendeuse de bijoux

Au marché de 10 yaar, l’ambiance est la même qu’au grand marché. Les gens se bousculent partout. Certains parkings sont débordés de motos à tel point que les tarifs sont passés de 100 francs à 200 francs CFA.

A l’intérieur du marché, certains commerçants n’ont pas trop le temps. Ils bougent et reçoivent des commandes au téléphone. Madi Ouédraogo, vendeur de prêt à porter pour enfants doit livrer des commandes dans d’autres quartiers de Ouagadougou mais aussi en province. Contrairement aux autres commerçants, il rend grâce à Dieu. Parce que ses affaires vont plutôt bien.

« Je reçois un peu de commandes malgré la situation du notre pays. J’arrive à écouler ma marchandise. J’ai d’autres marchandises qui arrivent d’ici le 24 décembre pour la fête de fin d’année. Mes affaires se portent bien je dirai », a fait savoir le vendeur de prêt à porter.

Contrairement à Madi Ouédraogo, Mariam Sawadogo se plaint de la morosité du marché. Elle vend des chaussures et robes prêt à porter pour adultes. Elle espère qu’ici le 26 décembre, les choses changeront.

Honorine Aïda Naaba en pull blanc et ses amies de classe sont allées faire leurs achats au grand marché

Honorine Aïda Naaba et ses amies de classe sont au grand marché pour acheter leurs tenues de Noël. Les quatre jeunes filles ont pu s’acheter des chaussures, des pantalons et des hauts.

« Les prix des vêtements n’ont pas connu une hausse. Je pense que les prix sont restés les mêmes », a indiqué l’élève. Elle et ses amies compte se saper pendant la fête de Noël et organiser une sortie entre amies.

Naïmatou Nana quant à elle est allée faire ses achats au marché du 10 yaar. Elle veut acheter une chaussure et une robe pour sa fille. Pour elle, la fête de Noël est une fête pour permettre aux enfants de s’amuser et de s’épanouir. A cet effet, elle compte rendre le 25 décembre, un jour spécial pour sa fille de six ans en lui offrant des cadeaux et en la rendant belle.

Rama Diallo
Lefaso.net