Fête de Noël au Burkina Faso : La grise mine des vendeurs d’articles
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Alors que les chrétiens du monde entier s’apprêtent à célébrer la naissance de Jésus-Christ, le 25 décembre 2023, des vendeurs de crèches, arbres de Noël et autres objets constatent que les ventes à l’approche de Noël sont moins bonnes cette année que l’année dernière. Ils crient à une morosité du marché. Nous avons fait la ronde de quelques lieux de vente le lundi 18 décembre 2023.
Cela fait maintenant cinq ans que Etienne Ouédraogo expose ses sapins, crèches et autres articles à l’occasion de la Noël devant la paroisse saint Jean Marie Vianney de Tampouy, dans l’arrondissement 3 de Ouagadougou. Contrairement aux années antérieures, l’engouement autour de ses articles est faible. Un pinceau en main, Etienne Ouédraogo continue de mettre de la peinture sur des crèches avec l’aide de son petit frère afin de les rendre plus attractives pour les clients. Pendant trente minutes d’échanges, aucun client ne s’est présenté à lui. C’est avec un air inquiet qu’il se confie à nous.
« L’année passée, en de pareil moment, la clientèle était au rendez-vous. Cela fait deux semaines que nous sommes ici, mais le marché ne marche pas comme les autres années passées » a-t-il désespérément laissé entendre, le regard inquiet, posé sur ses articles au bord de la voie. « On remarque une baisse des ventes, les gens achètent un peu moins » a-t-il ajouté, reprenant son pinceau pour parfaire les autres crèches dans l’espoir d’accueillir des clients. A une semaine de la fête, il garde l’espoir que le vent va favorablement tourner en sa faveur. « Peut-être les choses vont changer et le marché va donner » espère-t-il, indiquant que cette situation de morosité est due au contexte du pays, la crise sécuritaire.
Devant la cathédrale où nous sommes arrivés à 11 heures, la même inquiétude se lisait sur les visages des vendeurs d’articles de Noel. Ils ont choisi ce lieu de fréquentation par excellence des chrétiens pour exposer leurs articles. Sapins, crèches, objets de décoration et pratiquement tous les objets en lien avec la Nativité sont exposés. « Bibi la joie » puisque c’est ainsi qu’il se fait appeler, est un vendeur des objets de décoration, des jeux de lumière et des arbres de Noël. Mais pour l’homme en casquette noire, les affaires ne sont pas florissantes cette année. « Cette année-là, ça va mal. Beaucoup de gens parlent de la vie chère » a-t-il indiqué.
Il pointe du doigt l’épidémie de la dengue et la crise sécuritaire comme les principales causes de ce faible engouement. A l’entendre, il n’y a pas de la joie dans beaucoup de famille qui ont été endeuillées soit par la dengue ou la crise sécuritaire. Ce climat de tristesse, de son avis, n’est pas de nature à préparer les esprits des gens pour les fêtes. Tout en souhaitant une année 2024 meilleure que 2023, il garde l’espoir que la clientèle sera au rendez-vous.
A peine fini nos échanges, un client se présente à lui. Philippe Toé est un étudiant en troisième année en réseau informatique. Il est venu chercher des objets de décoration chez « Bibi la joie ». Même s’il juge les prix relativement chers, l’informaticien a pu s’acheter les objets de décoration pour la famille. « Je vis avec les parents en famille. Ce matin, je suis venu acheter des objets de décoration pour un meilleur accueil des visiteurs » a confié le Ouagavillois, originaire de Bounou dans la province du Nayala.
A sa suite, arrive Jean Paul Zoungrana, sur une moto de marque ‘’Sirius’’ blanche. Après avoir garé sa monture, il s’est aussi rendu sur le parvis de la cathédrale où sont exposés les articles. Le motocycliste a fait le déplacement pour acquérir quelques objets pour la décoration de sa maison et des cadeaux pour ses petits enfants en tant que ‘’papi’’. La fête de Noël, ce n’est pas la préoccupation première du vieil homme. Il appelle les populations à plus de prudence pendant ces moments de festivité et de réjouissance. « Mon vœu le plus cher en 2024, c’est la sécurité et la paix pour le Burkina Faso. On demande au bon Dieu de nous donner la sécurité et la paix » a conclu l’homme, le regard caché derrière ses lunettes noires, avec un habit traditionnel qu’il a fièrement arboré. Il enfourche sa moto, des objets de décoration en mains, pour disparaître dans un embouteillage.
Serge Ika Ki
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