3e Congrès de la société burkinabè de santé publique : Le « One Health » en débat lors d’une table ronde
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Dans le cadre du 3e Congrès de la Société burkinabè de santé publique, s’est tenue une table ronde sur le One Health. C’était ce vendredi 15 décembre 2023 à l’université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou.
Mis en œuvre depuis 2019 au Burkina Faso, le One Health ou « une seule santé » en français est, selon la définition quadripartite de l’OMS, de la FAO, du PNUE et de l’Organisation mondiale de santé animale (OMSA), une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Elle reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement, y compris des écosystèmes, est étroitement liée et indépendante. Trois départements ministériels sont concernés par le One Health. Il s’agit du ministère de la Santé, de celui en charge de l’Agriculture et des Ressources animales et halieutiques et du ministère en charge de l’Environnement.
Pour la mise en œuvre du One Health au Burkina, une plateforme électronique de surveillance des maladies a été mise en place. Cette plateforme, selon le secrétaire exécutif de la plateforme One Health Issaka Yaméogo, est un système de notification et de prise en charge rapide des épidémies alertant les acteurs clés de la surveillance, d’une suspicion ou de la confirmation d’une épidémie à travers une plateforme web. Il précise que cinq zoonoses prioritaires et douze événements inhabituels identifiés par le pays sont surveillés par la plateforme dans cinq régions du pays.
Cette plateforme électronique de surveillance a, à son actif, quelques résultats fort appréciables. M. Yaméogo souligne en effet que la triangulation des données de la plateforme a permis de détecter des cas de rage animale et humaine dans la commune de Sabou en 2022, et qui a entraîné le décès de deux personnes. Ce qui a permis aux autorités de riposter en organisant une campagne de vaccination contre la rage dans la localité. On peut noter également une investigation multisectorielle réalisée en février 2023 par le secrétariat technique du One Health et la direction générale des services vétérinaires pour comprendre et identifier les causes réelles de la mortalité des poissons dans le fleuve Mouhoun.
C’est entre autres ce qui est attendu du One Health, à en croire Dr Madi Savadogo, vétérinaire, chargé de recherche en santé publique et épidémiologie à l’IRSS et directeur de la santé animale au ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques et coordonnateur général de Rabies Free, une association de lutte contre la rage. Il souligne en effet que l’approche One Health doit permettre d’améliorer la préparation et les capacités de prévention des maladies, renforcer les capacités pour la détection rapide des menaces et développer des capacités pour la réponse.
Pour l’heure, la surveillance dans le cadre du One Health ne couvre pas l’ensemble du pays. À cela s’ajoute le fait que les différents acteurs concernés par le One Health ne soient pas au même niveau d’information, sans compter que le financement de la plateforme vient essentiellement des partenaires. Une situation que déplore Dr Pierre Yaméogo, secrétaire technique des réformes sur le financement de la santé.
De l’avis de Dr Pierre Yaméogo, de nombreux leviers sont à actionner pour une mise en œuvre optimale de la plateforme One Health. Il suggère ainsi de travailler à financer en grande partie la plateforme par des ressources locales, d’œuvrer à ce que l’ensemble des acteurs intervenant dans le One Health soient au même niveau d’information, car l’approche n’est pas encore comprise par tous.
En définitive, comme l’a souligné Dr Savadogo, en seulement quatre années de mise en œuvre, et bien que ne couvrant pas tout le pays, l’approche One Health a déjà démontré son importance, quand on sait que « de multiples secteurs jouent un rôle dans l’émergence et la propagation des menaces de santé publique ». C’est pourquoi, il exhorte les acteurs à l’avant-garde de la gestion des crises sanitaires à promouvoir « des approches transdisciplinaires dans les stratégies et les politiques en matière de santé publique ».
Justine Bonkoungou
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