L’étude sur la prise en charge des enfants atteints de cancer, a débuté au mois de mai 2023, et s’est étalé sur trois mois. Elle a été réalisée avec l’appui technique de la Maison Yeelba, qui accueille en son sein des enfants atteints de cancer en traitement dans les unités d’oncologie, et leurs parents, tous venus de l’intérieur du pays. Deux médecins oncologues ont pris part à l’étude et au total 60 entretiens ont pu être réalisés, a fait savoir Dr Marie Thérèse Somé, qui précise que l’étude n’a concerné que les unités d’oncologie de l’hôpital Yalgado Ouédraogo et du centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles De Gaule.

Dr Marie Thérèse Somé, a conduit l’enquête en collaboration avec la Maison Yeelba

Dr Somé soutient que l’enquête a permis de noter, que les maladies non transmissibles comme le cancer, le diabète, l’hypertension, prennent le pas sur les maladies infectieuses. Et pour ce qui est particulièrement du cancer chez les enfants, on relève que la maladie touche toutes les couches sociales, avec plusieurs enfants malades venant des zones rurales et beaucoup de cas de décès enregistrés (les médecins situent à 25% le taux de succès des traitements). Et pour ceux qui arrivent dans les unités d’oncologie, le traitement est long et coûteux, et très souvent difficilement supportable par les parents aux revenus modestes.

Cette étude vise donc selon son instigatrice, Dr Marie Thérèse Somé, à mettre en lumière les cancers chez l’enfant, afin d’en faire saisir l’ampleur et d’attirer l’attention des personnes de bonne volonté pour aider les populations pauvres à soigner leurs enfants. "Pour les enfants de 0 à 5 ans ils sont pris gratuitement en charge dans les CHR mais qu’en est-il de ceux qui ont plus de 5 ans ?", s’interroge-t-elle.

Médecins, responsables d’ONG, chercheurs, ont pris part à l’atelier de restitution

L’enquête devrait également permettre, de "bousculer les agendas politiques, et inciter les décideurs politiques à se rendre compte que les maladies non transmissibles dont le cancer chez l’enfant, gagnent du terrain" et qu’il est important d’agir au plus vite. Et pour cela, une note de politique a été consignée dans un livret et sera distribuée aux décideurs, aux médias et aux ONG.

Dr Somé ajoute qu’il est donc important de communiquer autour de la prise en charge du cancer pédiatrique, afin de montrer l’importance d’apporter une assistance aux enfants malades. "Rien que dans la semaine, nous avons eu à travers l’association (Maison Yeelba), 5 cas d’enfants à opérer, avec un coût moyen de 300.000 FCFA par opération. Les populations rurales ne le peuvent pas. Nous cotisons entre nous pour pouvoir faire ces opérations", déplore-t-elle.

Dr Emmanuel Nanéma, délégué général du CNRST

Pour Dr Emmanuel Nanéma, délégué général du CNRST, il est important de mener la réflexion autour des cancers pédiatriques et leur prise en charge, au regard des impacts de la maladie sur les plans social, économique et sanitaire. "Il est nécessaire, au regard des difficultés actuelles, de mutualiser nos efforts pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de santé des enfants et par conséquent de leurs familles", a-t-il indiqué. Dr Nanéma a par ailleurs laissé entendre, que l’enquête allait se poursuivre, notamment avec l’unité d’oncologie qui a récemment ouvert ses portes à Bobo-Dioulasso.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net