La crise sécuritaire a accentué l’indigence des populations dans les zones de crise. Cette situation a engendré bien de problèmes socio-économiques et même nutritionnels. Le CICR, dans sa culture d’assistance aux populations vulnérables a formulé et financé un projet agricole afin de venir en aide aux populations hôtes et PDI de la province du Yatenga et notamment celles de la commune rurale de Oula.

Cet appui a consisté à mettre à la disposition de 150 ménages PDI et 1 000 ménages hôtes des vivres, des semences, des outils aratoires et du ciment. Cette assistance a permis l’aménagement de 43 hectares de terres dont 32 ha en zaï et 11 ha en demi-lunes et 50 fosses pour la fumure organique. A terme, 1150 ménages (PDI et résidents) ont été assistés en semences améliorées, en nouvelles technologies agricoles pour la campagne agricole écoulée.

Belem Yacouba, agronome au CICR

En effet, chaque bénéficiaire a reçu 6kg d’arachide, 4kg de mil, 4kg de sorgho, 3kg de niébé, 50g d’amarante et 10g d’oseille. Aussi, ont-ils reçu chacun une daba et une binette. Cependant, afin de sécuriser les semences pour leur première destination, chaque bénéficiaire a reçu 50kg de mil, 25kg de riz, 20kg de haricot et 10 litres d’huile.

Cette panoplie de biens et services offerte aux populations rurales a permis de réaliser une campagne agricole assez satisfaisante malgré la pluviométrie approximative enregistrée dans cette commune. A en croire M. Lega Boukary, un des bénéficiaires du village de Boursouma, l’apport du CICR lui a permis de réaliser une saison agricole satisfaisante.

M. Lega Boukary, bénéficiaire, village de Boursouma

Et il poursuit : « la terre sur laquelle j’ai réalisé ma production agricole cette année est une terre qui était inexploitable depuis notre naissance. C’est un sol aride. Mais grâce à l’appui technique et financier du CICR, nous avons pu exploiter cet espace cette année. Les productions agricoles que vous observez viennent de cette terre jadis impraticable ».

M. Lega estime que cette récolte est abondante comparativement à celle de l’année précédente sans l’intervention du CICR. Il soutient pae ailleurs que sa production pourrait lui permettre de nourrir sa famille nombreuse de 3 épouses et 21 enfants pendant les six prochains mois. Pour M. Lega, les techniques agricoles qui leurs ont été enseignées ont été assez prépondérantes et déterminantes dans la production agricole réalisée.

Zoromé Rakieta, bénéficiaire PDI

L’apport du CICR a été très décisif dans la production agricole des bénéficiaires de son projet, confirme Madame Zoromé Rakiéta, PDI de Tougou dans le village de Boursouma. Elle raconte : « Quand nous sommes arrivées, les habitants ne disposaient pas d’assez de terres arables. L’exploitation des terres non arables était donc la perspective qui s’offrait à nous malgré la certitude que nous n’y récolteront pas assez. Heureusement, dans cette situation préoccupante, le CICR nous a tendu une main salvatrice et nous tenons à exprimer toute notre gratitude à son endroit. Nous avons appris les méthodes de réalisation de demi-lunes, de zaï et de fosses de fumure organique. Ces techniques nous ont permis de réaliser une bonne saison en produisant du mil, du sorgho, du haricot, des arachides et bien d’autres. Cependant, les terres non arables sont toujours disponibles dans ce village et nous ne savons pas quand est-ce que retournerons chez nous. Nous formulons donc le vœu que ces genres d’appuis soient reconduits afin de nous permettre d’assurer notre autosuffisance alimentaire ». Par ailleurs, Madame Zoromé reconnaît que ces technologies agricoles pourront servir énormément à Tougou dans son village natal quand elle aura la chance d’y fouler les pieds.

M. Belem Yacouba, agronome au CICR, rappelle que Boursouma, Rèka, Kibtangaye et Tilli sont les villages bénéficiaires de la commune de Oula. Après des évaluations de besoins dans la commune de Oula, nous avons décidé de venir au secours des producteurs vulnérables, dit-il.

Le constat était que ces populations disposaient de terres cultivables mais assez dégradées et non exploitées. Avec l’arrivée des PDI dans ces villages, la question foncière est devenue un peu préoccupante. Alors, nous avons entamé des démarches auprès de la direction régionale de l’agriculture et ensemble nous avions engagé des négociations pour permettre l’exploitation des terres dégradées. Ainsi, nous avons donné des outils agricoles aux populations bénéficiaires et ensemble nous avons mis en œuvre les technologies agricoles dont elles ont fait cas. En plus de cet accompagnement, nous leur avons donné des vivres afin qu’elles puissent assurer convenablement les productions agricoles escomptées. Lors des suivis déjà, nous avions constaté que les bénéficiaires y ont mis toute l’application nécessaire et le résultat auquel nous sommes parvenus est assez satisfaisant eu égard à la fiable pluviométrie enregistrée. Mais au-delà des PDI et populations hôtes des villages cités, 30 ménages (15 PDI et 15 résidents) du village de Bilinga dans la même commune ont bénéficié d’un site maraîcher aménagé, des ouvrages hydroagricoles, des semences et des outils agricoles pour accroître leurs productions et générer des revenus, fait remarquer l’agronome du CICR. En somme, M. Belem soutient que le CICR intervient dans les communes de Ouahigouya, Kalsaka et Séguénéga avec divers appuis aux populations vulnérables.

En toute fin de matinée, la mission CICR, partie en visite dans les villages de la commune de Oula quelques heures plus tôt a regagné sa base à Ouahigouya sous le regard des populations bienveillantes, reconnaissantes et satisfaites de leurs productions agricoles.

Abdou Azize TAO
Ouahigouya
Lefaso.net