Cette activité visait à informer les autorités locales des difficultés que vivent les jeunes filles en rapport avec la gestion des menstrues dans les écoles et les engager pour une amélioration de la situation dans la province du Sanmatenga.

Pour contextualiser, il faut dire que selon une étude réalisée par l’UNICEF sur l’hygiène menstruelle dans les écoles du Burkina et du Niger en 2013, la période des menstruations affecte négativement la participation et la performance des filles à l’école. Une fille sur dix manque les cours parce qu’elle n’a pas tout le matériel et les connaissances nécessaires pour gérer ses menstrues.

Les élèves remettant leurs recommandations au haut-commissaire

La précarité des installations sanitaires dans certains établissements d’enseignement (manque d’espaces privés pour les filles ou de toilettes leur permettant de se débarrasser de leurs serviettes usagées ; absence d’un lieu sécurisé pour gérer l’hygiène menstruelle), le manque d’antalgiques pour soulager les douleurs menstruelles et le manque d’écoute attentive de l’entourage constituent, entre autres, des facteurs qui favorisent les absences, entraînent un faible rendement ou même des abandons scolaires pour les filles.

C’est fort de ce constat qu’il s’avère nécessaire d’impliquer les autorités afin qu’elles mènent des actions pour soulager les filles. Durant cette rencontre de plaidoyer, les élèves des lycées du Sanmatenga ont formulé des recommandations à l’autorité présente. Il s’agit de construire des latrines sécurisées et séparées des garçons ainsi que des points d’eau en nombre suffisant pour faciliter la gestion des menstrues à l’école.

Les élèves ont été accompagnés par leurs encadrants et leurs parents

Aussi, que les autorités communales allouent un budget pour le stockage des kits d’urgence et des médicaments pour les douleurs afin d’éviter aux filles de s’absenter lorsque les menstrues les surprennent à l’école. En outre, que le ministère en charge de l’Education nationale puisse inclure de manière systématique la GHM (Gestion hygiénique des menstrues) dans les curricula d’enseignement dès le primaire, pour que les jeunes filles et les garçons aient des connaissances sur le phénomène. Enfin, que les autorités et leurs partenaires de l’éducation initient et poursuivent la formation des filles à la confection de serviettes hygiéniques réutilisables.

« La gestion hygiénique des menstrues, qui désigne l’accès à des informations, une préparation et un soutien adaptés qui permettent aux jeunes filles de gérer leurs menstruations de manière hygiénique, avec dignité et en toute sécurité, est malheureusement une utopie pour beaucoup de filles des lycées de la province du Sanmatenga. En effet, dans les écoles, les adolescentes sont toujours confrontées à des défis tels que le manque de toilettes propres et séparées pour garçons et filles, l’inexistence de cabines de rechange adaptées avec le matériel nécessaire comme des seaux et du savon, le manque ou l’insuffisance de points d’eau dans les écoles, l’attitude inappropriée de certains camarades et enseignants, le manque de promotion de la GHM. Tout cela contribue à réduire la confiance en soi chez les filles, leurs performances, leurs rendements scolaires et favorise l’abandon scolaire », a déclaré, dans son allocution, la représentante des élèves, Michelle Ashley Nombré, qui est en classe de 1re D.

« Nous demandons aux autorités de s’intéresser à la problématique de la gestion hygiénique des menstrues dans les écoles », Michelle Ashley Nombré

L’autorité, une alliée

Des dires du haut-commissaire de la province du Sanmatenga, Abraham Sondo, le plaidoyer mené par les élèves n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. « Cette question est souvent considérée par de nombreuses personnes comme tabou. C’est une marque de confiance que ces enfants placent en nous. Avec l’accompagnement de ma hiérarchie, je me fais donc le porte-voix des jeunes filles qui, à cette étape, connaissent des difficultés dont celle de la confiance en soi, si elles ne traversent pas cette période avec dignité. Pour atteindre l’excellence, il faut que ces jeunes filles soient accompagnées durant le processus scolaire », a-t-il signifié.

Abraham Sondo a pris l’engagement d’être le porte-parole des élèves auprès des autorités de la région

En rappel, l’AZND et Save the Children International mettent en œuvre depuis 2019 le projet Adolescent transition in west africa (ATWA), en français « la transition des adolescents en Afrique de l’Ouest », dans les régions du Centre-Nord, du Nord et de la Boucle du Mouhoun, pour améliorer les connaissances, les intentions et les comportements des adolescents et adolescentes sur la santé sexuelle et reproductive. Trois pays de l’Afrique de l’Ouest que sont le Mali, le Niger et le Burkina Faso, bénéficient de ce projet qui a une durée de quatre ans.

Hassane Moctar Gansoré s’est dit satisfait de savoir que le haut-commissaire a eu une oreille attentive à cette cause

Selon le coordonnateur du projet ATWA dans le Centre-Nord, Hassane Moctar Gansonré, le projet a fait de la gestion des menstrues son cheval de bataille. Des latrines et des forages ont été construits ou réhabilités, des serviettes hygiéniques ont été distribuées et les adolescentes ont été formées en confection de serviettes hygiéniques lavables afin d’être autonomes. Il a confié que le coût du projet est estimé à environ quatre milliards de francs CFA. Il a été financé par les Pays-Bas. Save the Children est l’une des plus grandes ONG de défense des droits des enfants dans le monde.

S.B.
Lefaso.net