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Transferts : Des faussaires véreux s’engraissent sur le dos des clubs burkinabè

Publié le lundi 20 février 2006 à 06h55min

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Le placement d’un joueur de football dans des championnats étrangers, notamment ceux huppés de l’Europe est, en principe, doublement positif. Ce type de transaction occasionne une entrée massive de devises dans les caisses désespérément vides des clubs sous nos tropiques.

Les transferts, en ce qu’ils offrent un environnement propice de biens meilleures conditions de travail, permettent au joueur de se bonifier rapidement. Vu sous cet angle, à chaque fois qu’un footballeur local fait ses valises pour l’extérieur, son club et son pays d’origine devraient se mettre à se frotter les mains.

Hélas, ici au Faso, les choses se présentent autrement pour ne pas dire sont tout le contraire. Le produit-joueur burkinabè n’est pas un spécimen très recherché. Nos professionnels ou plus exactement nos joueurs expatriés ne trouvent de point de chute que dans des sous clubs de championnats dits de seconde zone en Europe. Ce volet en lui seul pouvait faire l’objet d’une chronique.

Notre football manque-t-il tant de talents pour intéresser les grands de l’Europe ? Quelles conditions faudra-t-il remplir avant que notre football ne soit exportable comme on le souhaite ? Voilà autant de questions qui attendent des réponses. Mais passons car là n’est pas notre centre d’intérêt du jour. La nécessité de voir, « s’exiler » les footballeurs burkinabè vers d’autres cieux meilleurs est en train de s’ériger en règle d’or un nouveau phénomène plus négatif et inquiétant .

Non content de les convoyer vers des clubs de moindre réputation, on enlève assez fréquemment « nos garçons » sans proposer un dédommagement à leur club d’origine ! Moumouni Dagano, l’icône de notre sport-roi national, est parti sans que l’EFO n’encaisse un kopeck, avec en prime un faux et usage de faux et un faux en écriture. Après lui, quand Moussa Ouattara et Amadou Touré intégraient FC Tours (alors en D3 en France), l’ASFA-Y n’est pas passée à la caisse. Gaston Rouamba, précédemment sociétaire de l’AS-SONABEL et transféré dans le championnat Libyen, n’a pas occasionné, comme l’on était en droit de s’attendre, une entrée d’argent frais au profit des Electriciens.

A ce qu’il paraît, le club Libyen se serait fait excuser en disant qu’il n’a pas d’argent pour payer les droits de transfert. Ce refrain revient régulièrement dans les transferts des footballeurs burkinabè. Le dernier cas en date est ce transfert de Balla Moussa Traoré en Azerbaïdjan qui s’est achevé en queue de poisson et occasionnant une suspension de 5 ans de l’intéressé. L’ASFA-Y, son club d’origine, avait été littéralement ignorée. La manne financière liée aux transferts permet pourtant à nombre de clubs de vivre décemment. Nous citerons pour preuve le cas de l’ASEC d’Abidjan et celui du Centre de formation Salif Keïta au Mali. Pourquoi nos clubs n’en profitent pas ?

Dans certains milieux footballistiques burkinabè, on pense que tout transfert est bon à prendre. En effet, il est désormais établi que les équipes nationales les plus compétentes de nos jours sont celles qui puisent leur effectif dans un vaste vivier de joueurs professionnels. Or, notre pays, il est vrai, n’en compte pas beaucoup. Ainsi les clubs doivent-ils taire leurs intérêts personnels pour laisser partir massivement leurs éléments en ayant à l’esprit que plus tard, quand ces joueurs seront bonifiés, cela profitera aux Etalons ? Autrement dit, l’intérêt de la Nation passe-t-il devant celui des clubs. Ainsi emballée, la coulœuvre, car c’en est une, passe facilement. Mais à y voir de près, on est en droit de se demander si les différentes transactions se font véritablement sans qu’aucune somme ne soit préalablement versée.

La preuve est établie que dans le cas de Balla Moussa Traoré, un inconnu est passé à la caisse prendre le droit de transfert qui s’élève à 5 700$ en lieu et place de l’ASFA-Y. Un autre inconnu lors du transfert de Dagano avait, on se souvient, fait main basse sur le pactole de l’EFO. La même situation serait intervenue dans le transfert de Gaston Rouamba. Autant le dire, de sombres individus ont trouvé le filon dans le mouvement de nos footballeurs vers l’étranger pour s’engraisser sur le dos de nos clubs. Ces individus pour parvenir à leurs objectifs ne reculent devant rien.

La FBF a-t-elle refusé de délivrer le certificat international de transfert ou tout autres documents nécessaires à qualifier le joueur dans son nouveau club ? Ce n’est pas bien grave, on en fabriquera de faux. Et ça fait malheureusement que la situation dure, gangrenant le ballon rond national. La suspicion pollue le milieu de notre sport-roi qui voit sa réputation en souffrir hors de nos frontières. Il est vraiment temps que les faussaires soient démasqués.

Jérémie NION
Sidwaya

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